C'est ainsi Malfoy

Au bord du Gouffre

Hermione Granger, 21 ans, amie du Grand Harry Potter; femme qui s'est battue contre les mangemorts... Vous vous souvenez ? 

C'est cette même personne qui est là, sur le pont, prête à sauter
. Cette même femme qui a perdu espoir, qui ne voit plus la vie qu'à travers un voile noir. Oui, Hermione Granger, l'idole de bon nombre d'adolescentes, en a marre. Marre de cette vie, marre de faire face, marre de tout. Alors elle se prépare à faire ce qu'elle a toujours de "lâche". Elle se prépare à se suicider..

Le grand saut. Et après plus rien. Plouf et l'histoire est finie. Après tout, qu'est ce qui la retient ici ? Harry et Ginny ont leur famille et malgré leurs invitations à manger chez eux, qu'elle refuse toujours, Hermione a l'impression d'être un poids mort. Car morte elle l'est. Et puis.. Si elle sautait elle rejoindrai Ron et ses parents ! Oui c'était la bonne décision.

La jeune femme posa un pied sur le rebord du pont. Glacé et dur. Comme l'hiver qui régnait en maître sur son cœur depuis la mort de Ron. 

Elle s'assit et regarda en bas. L'eau, froide et gelée. Profonde. La mort serait rapide. Il ne lui reste plus qu'à lâcher le pont et tendre la jambe. Elle se ravisa et repassa du coté de la route. Harry et Ginny. Elle ne pouvait les laisser ainsi. Alors elle transplana à son domicile. 

L'odeur familière l'assaillit. Tout ici lui dictait de rester, de ne pas le faire. Mais son choix était fait. Irrémédiablement fait. Elle se dirigea vers la cuisine de son petit appartement. La vaisselle de la veille traînait. Hermione regarda autour d'elle. La table ronde où Ron et elle prenaient leurs repas. La chaise bleu, celle où elle était tombée quand Ron lui avait dit pour la première fois je t'aime. Cet endroit qui avait connu tant de disputes et de réconciliations. Les larmes aux yeux Hermione posa vite la lettre en évidence sur la table et quitta la pièce. Elle se retrouva alors dans le salon. La jeune femme se revoyait alors, le jour de l'an, en train de danser avec Ron, puis d'échanger un baiser. Elle ne voulait même pas penser à la chambre. Hermione regarda une dernière fois l'appartement avec tristesse et transplana. La nuit accourait à grand pas et il n'y avait pas âme qui vive sur le pont. 

"Tant mieux." se dit Hermione.

Quand vinrent les derniers instants de son existence, la jeune femme entendit des bruits de pas. Malgré ça Hermione ne bougea pas et se contenta de fermer les yeux attendant la suite. 

"Je savais que j'allais te trouver là Granger. Mais pas dans cette position." 

Bon sang ! Mais qu'est ce qu'elle avait fait au bon dieu pour mériter de voir cet imbécile ? En y repensant c'est vrai qu'elle venait sur ce pont tous les soirs (ou presque) pour se donner la mort sans jamais trouver le courage de le faire. 

"Mais où est donc passée l'intrépide lionne qui volait au secours des plus faibles et qui défendait les plus nobles causes ? 

Étrangement il n'y avait pas de moqueries dans sa voix, juste une question. Hermione le sentit s'approcher d'elle.  D'une voix douce, il demanda:  

"Tu es si désespérée que ça ?"

Il savait. Elle en était sûre. Il savait  ce qu'elle voulait faire. Ne recevant pas de réponse, Malfoy prit le visage de la jeune femme et le tourna vers lui. Les yeux vides d'Hermione parlèrent pour elle. Oui elle l'était. Il se pencha pour regarder la rivière plus bas. 

"L'eau est froide en cette saison." 

Une phrase à l'apparence et au ton badin, comme on parle de la météo.

"Oui."

Elle lui avait répondu. Un mot, un seul. 

"Ecoute Granger, je sais, mon avis est .. Comment dire ? Inexistant pour toi mais crois moi ça ne vaut pas le coup de te tuer. Tu peux essayer de te remettre et de..."

Il s'arrêta de parler en voyant Hermione se retourner vers lui avec des yeux, non pas remplis de colère comme il l'espérait, mais remplis de tristesse et de lassitude. 

"Malfoy, ne crois tu pas que j'ai essayé ? Cela fait trois ans que Ron est.. elle avala sa salive. A disparu. Et pourtant, regarde moi ! Je survis depuis trois ans. Trois ans Malfoy ! Sais tu ce que ça représente trois années à faire semblant que tout va bien, que je suis heureuse, que j'ai remonté la pente dans laquelle je suis tombée depuis la mort de Ron et de mes parents ? Pour noyer mon chagrin, je me suis réfugiée dans l'alcool. J'ai tellement honte de moi à présent. Je suis un boulet pour tout le monde, Harry et Ginny ont leur propre famille, (je ne les en blâme pas c'est très bien) je suis une héroïne aux yeux du monde mais ils ne savent pas grand-chose de moi, j'ai pris des médicaments. Beaucoup de médicaments. Résultat: je me suis retrouvée à Sainte Mangouste ! Je ne suis même pas capable de mettre fin à mes jours..." 

Malfoy avait écouté sa tirade jusqu'au bout. Il regarda Hermione.

"Je ne peux rien faire pour toi ?

-Tu sais Malfoy, la vie est ainsi, injuste et cruelle. Elle enlève des personnes et laisse les autres pleurer le sort des défunts. Parfois certains arrivent à se redresser et à revivre. Mais le reste de ce petit monde n'a pas cette chance. Toi comme moi on sait où je me place. C'est comme ça on ne peut rien y faire, mais toi tu as la vie devant toi et je ne veux que tu aies ma mort sur la conscience. Alors vas t'en, laisse moi seule...

-Mais.."

Hermione le regarda avec un sourire triste et désolé sur les lèvres.

"Adieu Malfoy."

Et elle sauta. On entendit qu'un plouf. Puis soudain un cri.

"NOOooooooooooooon !"

Un murmure.

"Non... Non Granger tu n'est pas un boulet..."

Des pleurs. Une silhouette dans la nuit tombante agitée de soubresauts. 

"Non, Hermione, non... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Un cri de rage, un cri de désespoir. Drago Malfoy se leva, fit apparaître une couronne de roses blanches et la jeta dans la rivière. 

"Je t'aime Hermione."

Le jeune homme détacha lentement son regard de l'eau. Et s'en alla vers la ville, le cœur à jamais brisé...