When the danger roams

CHAPITRE 1.

Le méchant garçon poussa la porte du bar.

Cela faisait des années que je l'attendais. Depuis qu'une de mes amies avait commencé à sortir avec un de ces congénères, deux ans plus tôt, j'espérais bien que l'un d'entre eux vienne faire un tour sur mon lieu de travail. Londres étant réputée pour ses nombreux gangs. Tous ceux qui venaient au bar racontaient qu'il suffisait de passer devant une petite ruelle pour en croiser un.

Ce qui n'est pas prudent d'ailleurs.

Mais moi j'attendais mon badboy, le mien. Le problème, c'est que mis à part pour rejoindre mon lieu de travail, je ne sors pas beaucoup. N'allez pas en déduire que je ne suis pas jolie. Je suis jolie. Du haut de mes vingtaines d'années j'ai les cheveux bruns, les yeux bleus, de fines jambes, la poitrine généreuse et une taille de guêpe. Avec l'uniforme que mon patron Jack nous a choisi pour les beaux jours - short noir, tee-shirt blanc et baskets Nike noires - je suis même carrément sexy.

Quoi qu'il en soit, le badboy tatoué s'est assit à une table parmis celles que je dois servir. J'ai attrapé mon plateau et mon bloc-note, et je me suis dirigée vers la table qu'il occupait. J'espérais que mon rouge à lèvres tenait encore et que ma queue de cheval n'était pas en bataille. Généralement je suis un peu tendue comme fille mais là, je sentais un sourire lutter pour s'afficher sur mes lèvres. Lui, en revanche, paraissait perdu dans ses pensées, ce qui m'a laissé le temps de le détailler avant qu'il ne lève les yeux. Un mètre quatre-vingt environ, des cheveux bruns bouclés épais, rejetés en arrière et caressant sa nuque, le visage encadré par quelques mèches ondulées. Sa peau était légèrement bronzée. Il avait des lèvres magnifiques au modelé sensuel, des sourcils fins mais légèrement froncés et un nez proportionnel à l'envergure de son visage. Quand il a levé les yeux vers moi, j'ai vu qu'ils étaient verts/gris.

Je lui ai demandé dans un état proche de l'euphorie :

_ 《 Et pour monsieur ce sera ?

Il a haussé les sourcils.

_ Vous avez de la bière à la pression ?

_ Non je suis vraiment désolée.

_ Alors un verre de Vodka pure s'il vous plaît. 》

Son ton était légèrement dur mais sa voix n'en était pas moins fraîche et limpide comme l'eau d'un torrent glissant sur des galets. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

_ 《 Faites pas attention à Kate monsieur ! Il lui manque une case.》dit une voix familière dans mon dos.

Aussitôt mon bonheur s'est évanoui. J'ai essayé de garder le sourire malgré tout. Le badboy me fixait, observant la vie s'effacer de mon visage.

_ 《 Veuillez m'excuser. Je vous apporte votre commande tout de suite. 》

Je me suis éclipsée sans un regard pour le visage satisfait de mon patron. Il remplit un verre de Vodka, sans quitter mon client des yeux, et le posa sur mon plateau. En croisant son regard j'y vis une pointe de méfiance. Les yeux de Jack sont d'un bleu Elijah Wood. Ses cheveux ont un aspect rêche et leur couleur est semblable à de l'or en fusion. Bien qu'il ait l'air plutôt mince tout habillé, je l'ai déjà vu décharger des camions torse nu et il faut bien admettre qu'il ne manque pas de force de ce côté-là.

J'ai vérifié le verre de Vodka pour être sûre qu'il était impeccable et j'ai apporté sa consommation au méchant garçon.

_ 《 Votre commande monsieur, ai-je déclaré d'un ton cérémonieux en posant le verre bien en face de lui.

Il m'a regardée de nouveau et j'ai plongé dans ses magnifiques iris vert/gris sans perdre une seconde.

_  À votre santé ! ai-je fièrement lancé

_ Oh m'dame ! Ça fait un quart d'heure que j'attends pour commander ! a hurlé un client mécontent derrière moi.》

En soupirant je me suis dirigée vers la table de ce dernier pour y prendre sa commande. Quelques instants plus tard j'ai été consternée de remarquer que mon rouspéteur avait rejoint le badboy à sa table. Il lui parlait. Je voyais bien qu'il ne réagissait pas beaucoup, il semblait quelque peu agacé mais il ne partait pas non plus. Et il ne lui demanda pas non plus de s'en aller.

_ 《 Non mais regarde-moi ça ! ai-je dit écoeurée à Angy, ma collègue de travail. 》 Angy est rousse et a quinze ans de plus que moi. Elle a deux gamins et de temps en temps j'ai l'impression qu'elle me considère comme son troisième.

_ 《 Tiens un nouveau ! a-t-elle dit d'un air blasé.

_ Et un méchant garçon membre d'un gang en plus ! 》

Il fallait absolument que je partage mon enchantement avec quelqu'un.

_ 《 Ah oui ? Ici ? a-t-elle répondu en souriant légèrement pour me montrer qu'elle me comprenait. Eh bien beaucoup de filles lui font de l'oeil dans la salle, chérie. 》

Je ne l'ai remarqué que parce que Angy me l'a clairement montré. Elle est bien plus douée pour percevoir les situations d'ordre sexuel : elle a de l'expérience mais moi pas vraiment. C'est à ce moment là que mon frère, William, est entré dans le bar. Après avoir traversé la salle avec nonchalance il est venu me serrer dans ses bras. Il sait que les femmes sont sensibles au charme des hommes qui s'occupent bien de leur famille. Non qu'il ait besoin de telles ruses : mon frère est beau.

_ 《 Salut petite soeur. Comment va Grand-Mère ?

_ Plutôt bien. Passe nous voir un de ces jours !

_ Promis. 》

Après ces brèves paroles échangées avec mon frère, je me suis remise au travail. Quand j'ai pu de nouveau jeter un coup d'oeil à mon badboy je l'ai trouvé en grande conversation avec mon rouspéteur. En voyant le méchant garçon partir vers les toilettes, j'ai fait quelques pas vers leur table où se trouvait encore le rouspéteur pour écouter sa conversation téléphonique.

_ 《 Oui je suis bien avec lui ... Je l'emmène dehors et je lui règle son compte. 》

Profondément bouleversée je me suis dirigée malgré tout, comme un automate, vers une table de quatre individus pour leur apporter une bouteille de vin. En me retournant j'ai vu mon badboy et mon rouspéteur partir. Ce dernier me lança un regard noir par-dessus son épaule. Que devais-je faire ? Le méchant garçon m'écouterait-il si je me précipitais pour le mettre en garde ? En général personne ne me croit. Je me perdais donc dans l'indécision, troublée, effrayée et en colère.

Le rouspéteur allait piéger mon badboy.