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Mon amour,

Je viens d'avoir Karan au téléphone. Il pleurait.

Je ne sais pas pourquoi c'est tombé sur lui, mais dès qu'il a commencé à sangloter, j'ai fondu en larmes.

J'ai fondu en larmes, non pas parce que j'acceptais ce qui est train de se passer.

J'ai fondu en larmes, non pas parce que tu allais terriblement me manquer.

Je n'ai pas non plus fondu en larmes parce qu'entendre ton meilleur ami pleurer me brisait le cœur.

Non.

J'ai fondu en larmes car pour la première fois depuis l'appel de ta sœur, ce matin alors que je venais juste de me réveiller, je réalisais.

J'ai essayé de me voiler la face le plus longtemps possible, me disant que tout ça ne pouvait être réel, que tu étais beaucoup trop jeune et que c'était injuste (je le pense encore — c'est injuste, tu n'avais que vingt ans), mais à quoi bon, finalement ?

Ce n'est pas ça qui te ferait revenir.

C'est la vie, Dieu est en contrôle. Il a voulu t'arracher à moi et je ne peux même pas lui en vouloir pour cela.

Pleurer ne me fait pas vraiment du bien, tu sais. Il n'y a que les films et les romans à l'eau de rose qui essaient de te faire croire cela, parce qu'en réalité, ça me libère seulement d'une atroce douleur dans la gorge, mais aucunement de celle dans mon cœur.

J'ai vomi. Trois fois. Ce sont des détails que tu n'avais pas forcément envie d'entendre, je sais, mais plus je réalisais ce qui était en train de se passer, plus j'en tombais malade.

C'était comme si à chaque pensée de toi que j'avais, je recevais un énorme coup de poignard dans le ventre et tout remontait.

Heureusement que Maya a décidé de passer la journée avec moi. Elle est avec moi, en ce moment.

Elle aussi souffre, mais elle essaie de ne pas me le montrer. Elle prend soin de moi, ce que je trouve injuste, étant donné qu'elle aussi t'aime.

Mais elle dit que l'amour que l'on te porte toutes les deux et différent. Je ne sais pas exactement ce qu'elle veut dire par là, mais je ne pose plus de questions.

À part elle (et toi, bien évidement), je ne veux voir personne. Tout le monde me tape sur les nerfs.

J'ai éteint mon portable. Les messages, les commentaires, les appels... tous ces gens me demandant de rester forte, je n'en peux juste plus.

Ils ne savent pas ce qu'était ma vie avant toi, ce qu'elle était avec toi et ce qu'elle sera après toi.

Ils ne comprennent pas qu'il n'y a qu'avec toi que je peux rester forte.

Tu m'as redressée, je me suis reconstruite à tes côtés et maintenant que tu es parti, je dois tout recommencer... sans toi.

Et très honnêtement, je ne pense pas que j'y arriverai, Cameron.

Et sans ta sœur avec moi, je ne sais pas ce que je serais en train de faire en ce moment.

Peut-être me laisser mourir.

Car je n'ai plus envie de vivre. Pas sans toi.

CAMERONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant