Devant le fait

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Il fallait le voir pour le croire, elle était la devant nos yeux, aussi brillante et clinquante que promis. Son loueur, un homme à la cinquante, bedonne naissante, tournait autour comme un papa gâteux devant son jeune prodige indifférent.  

Il fallait la photographier, laisser des traces de son passage avant notre utilisation devenue presque cavalière. Un chef d'oeuvre de mécanique, de rouage et d'ingénierie masculine pour notre bon plaisir. Sans compter ses accessoires, cette voiture était un délice sur la route. 

Le vent chaud de l'été, le soleil couchant, les nationales, ses ronds points et les accidents que l'on peut éviter si le Klaxon fonctionne correctement. 

Son dernier propriétaire était un jardinier. Il venait tailler les haies chez les particuliers. Avec sa scie il avait perdu sa main droite, impossible de la conduire à nouveau nous disait le loueur. Il devait bizarrement en avoir sous sa casquette de ces histoires sordides à raconter. Nous, ça nous faisait ni chaud ni froid. Le soleil tapait sur la carrosserie et nous renvoyait son éclat dans les yeux, nous étions aveuglés.

A nouveau seuls car à deux nous pouvions rire et imaginer la tête des passants, lui et sa casquette turquoise Ralph Lauren, moi et mon bob vintage. On devait pas avoir l'air de dealer, ni de voleur de voiture, ni de flambeurs. On pouvait pas se la payer cette caisse mais on pouvait au moins l'emprunter et vivre dans la peur d'une éraflure. On avait pas pris d'assurance. On était confiant. 

Il fallait redescendre chez moi. Comme d'habitude il me força à conduire. Les cheveux n'ont pas été prévu pour la décapotable. Ils se collent et deviennent vos propres ennemis. Mes cheveux ont voulu ma mort. Je vais les punir et les raser, comme les condamnés. Lui et son crâne bouclé noir devant moi m'obligent à l'amour, je roule.

A un feu rouge qui faisait l'angle des hommes se sont comportés comme des singes excités. Devant la pizzeria verte et rouge, mi kebab, au crépuscule, ils attendaient à zoner. Ce feu rouge était pour eux une aubaine, puisqu'ils leurs donnait une activité rythmée faite de matage et d'insulte. Heureusement à peine arrêtée le vert repartait et sous leurs cris, la tête droite je repartais.

Tu étais d'ailleurs pleins de courroux et comme d'habitude tu voulais descendre leurs casser la gueule. Que se passerait il si un jour je t encourageais à le faire vraiment? Serais tu un couard? De toute façon cela ne m'intéressait pas. La dernière fois qu'un homme c'était battu pour moi le pauvre avait perdu toutes ses dents et dans un cinéma en plus . La femme du légionnaire en question était une vraie coach en boxe. Elle lui donnait des ordres, le validait, aimait le sang. Je ne suis pas comme ça. 

   

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⏰ Last updated: Jul 12, 2019 ⏰

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Le loueur de décapotableWhere stories live. Discover now