Le Temps D'une Nuit

Loki Léo posa son verre vide sur la table du buffet. L'espace d'un instant, il se demanda combien en avait-il déjà bu. Trois, cinq peut-être même une dizaine... Il n'avait pas vraiment fait attention. Mais peu importe puisqu'il n'était pas encore saoul. Il avait toujours très bien su tenir l'alcool et puis, ce n'était que du champagne, pas vrai ?

Le roux laissa son regard se perdre aux alentours. La fête battait son plein et la douce musique de l'orchestre adoucissait le bruit des quelques conversations qui fusaient ça et là. Sur la piste, au milieu d'autres danseurs, se trouvaient ses deux amis – et coéquipiers – en train de valser au rythme de la musique. Le roux soupira en remarquant les regards de merlan fris qu'ils s'échangeaient et, par pudeur, détourna le regard quand la jeune femme aux cheveux bleus pressa ses lèvres sur ceux de son amant. Loki se demanda ce qui l'empêchait de briser leur bulle et de les rappeler la réelle raison de leur venue à cette soirée.

Le roux passa une main sur son costume, effleurant à travers sa chemise la cicatrice qui déchirait sa côte gauche. Au-delà de la sensation, c'est le souvenir douloureux que provoqua cette blessure qui le fit grimacer. Il se revoyait, des mois en arrière, combattre un homme au corps à corps. Un homme dont il n'avait pu percevoir l'identité, son visage couvert par un masque. Ce jour-là, son adversaire avait fait bien plus que lui planter un poignard dans le corps. Il avait pointé un flingue sur sa mère et avait tiré, sans la moindre hésitation.

Loki travaillait dans une agence secrète chargée d'enquêter sur les affaires criminelles. Lors de sa formation, son mentor n'avait cessé de lui répéter qu'à partir du moment où il serait engagé, il ne devrait plus jamais avoir peur de la mort. Le roux l'avait accepté, il était prêt à mourir pour le bien de chaque mission. Mais ce soir là, il avait compris qu'il n'avait jamais été prêt pour la voir lui prendre celle qui lui avait tout appris et le seul parent qu'il n'ait jamais eu.

Des semaines durant, il avait remué ciel et terre pour retrouver l'assassin de sa mère. Il s'était juré de la venger, animé par une rage que même Grey, son meilleur ami, fut incapable d'apaiser. Mais ce matin, un homme venu à leur agence leur donna une mission. Il fallait préciser que même si leur organisation était liée à l'Etat et avait pour but de faire réduire la criminalité dans le pays, leur supérieur, Silver Fullbuster, un homme avide d'argent mais doté d'un fort capital sympathique, ne refusait pas quelques contrats, le plus souvent donnés par les personnalités les plus influentes. Cette fois-ci, il venait d'Igneel Dragneel, célèbre homme d'affaire dont le fils, Zeleph Dragneel, était un peintre reconnu. La tâche consistait à jouer les gardes du corps lors de la soirée qu'il organisait afin d'assurer sa protection et celle de ses convives. Et une telle demande s'expliquait de par les braquages et les sabotages qui se faisaient de plus en plus ces dernières semaines, une affaire sur laquelle l'agence enquêtait et qui pourrait être liée d'une manière ou d'une autre à cet individu qui avait pris la vie de sa mère. C'est ainsi que trois des meilleurs agents furent sélectionnés pour accomplir cette mission mais aussi réussir à attraper cette bande de criminels qui sévissaient depuis bien trop longtemps.

Un serveur passa devant Loki, un plateau de coupe de champagnes en main. Le Léo en attrapa un au vol et y plongea ses lèvres. Depuis quelques temps, c'était la bière qui l'aidait à faire son deuil et il devait avouer qu'à l'instant présent, c'était ce dont il avait le plus besoin.

Lorsqu'il délaissa son verre vide, il sentit une présence derrière lui. Sur ses gardes, il plongea une main dans sa veste, effleurant l'arme qui y était dissimulée. Prudemment, il jeta un œil par-dessus son épaule et l'espace d'un instant, il fut comme subjuguée par cette soudaine apparition.

Une femme, visiblement aussi jeune que lui, se tenait là, deux coupes de champagnes à la main. Ses cheveux blonds descendaient en cascade le long de son dos jusqu'au creux de ses reins et ses grands yeux noisettes, saupoudrés d'un maquillage d'expert, portaient en eux une candeur inestimable. Ses lèvres rouges, étirés à présent en un mince sourire, sublimaient ses traits fin et doux. Pudiquement, il baissa ses yeux vers son corps et découvrit sa robe bustier longue qui s'arrêtait à ses chevilles mais dont une feinte à sa gauche offrait une touche irrésistiblement sexy.