*point de vue de Lunard
Cette femme m'intriguait; sa beauté me coupait le souffle, même si ses lèvres pleines, craquelées, bleutées étaient tombantes, malheureuses. Sa chevelure dorée, couleur miel, me donnait envie de plonger mon museau dedans, où je pourrais respirer leur odeur enivrante et sucrée. Son nez recourbée, ses joues pleines, ses cernes violettes, ses longs cils ourlées, ses grands yeux, m'attiraient.
Comment suis-je tombé sur une telle beauté?
La pluie battante se regorgeait en flaques profondes sur le gazon irrégulier, dans la terre humide, rendant difficile mon avancée, déambulant au hasard, je décide alors d'escalader les branches des arbres. Je vis une petite ville, des toits élégants, de grandes façades en béton, un réseau électrique, marquant la fin de ce désert marécageux et campagnard. Une clôture en bois clairsemé de lierres, de mauvaises herbes, de fleurs sauvages pourrait m'aider à parcourir les lieux sans plonger mes petites pattes dans de la gadoue.
***
Jenny, pendant ce temps, alors qu'elle se brossait lentement les cheveux, croisa ses yeux dans le miroir à pied bancal. Elle pleura: elle se détestait, était laide, repoussante, immonde. Elle balança sa brosse d'un bruit mat contre le mur carrelé, immaculé. Ses cheveux ternes et jaunâtres, fourchus la narguaient, pour lui cracher tel du venin qu'elle devrait se cacher, comme le répète tel une incantation sa mère, au contraire éblouissante et magnifique.
Des bouts graisseux de son épiderme d'albinos sortaient au niveau de ses hanches, de son nombril, de l'intérieur de ses cuisses. Ses lèvres trop pleines, son nez si énorme et inesthétique, sa mâchoire si ronde et pendante. Les yeux larmoyants, le nez coulant, elle tourna les talons pour fuir son reflet.
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histoires douces
Paranormalreprise de mythes grecs. petites nouvelles fantastiques poésies...