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« We make a living by what we get, but we make a life by what we give. » - Winston Churchill

« LYSEA ? »
Je sursaute, faisant par la même occasion tomber mes lunettes de soleil. Adriano s'avance vers moi, un grand sourire aux lèvres, et un sceau d'eau remplit. Je me lève précipitamment en riant, avant de m'éloigner.
« C'est mort. Arrête ça tout de suite ! » Ris-je.
Il sourit mais ne dit rien, toujours en avançant dans ma direction. 3... 2... 1... Il s'élance soudainement et projette l'eau sur moi, tandis que je me protège du mieux que je le peux. Mes vêtements se collent immédiatement à mon corps, devenant transparents par la même occasion. Je lance un regard outré mais hilare à Adriano, tandis qu'il se tord de rire.
« Tu as bousillé mon cocktail, tu es content ? Dis-je.
- Ça va, tu en auras d'autres. Alors que des occasions pour t'arroser... je n'en avais qu'une ! »
Il me fait un clin d'œil, avant d'enlever son haut et d'aller plonger dans l'eau. Je soupire avant de me défaire de mes vêtements trempés, puis de m'allonger de nouveau sur mon transat, remettant mes lunettes de soleil en place. J'admire le coucher de soleil, le dernier au calme, paisible, avant que les cours ne reprennent.
Nous sommes à la fin août. L'été est sur le point de toucher à sa fin, et avec, le retour des cours. Adriano et moi débutons les cours demain, et je dois bien avouer que j'appréhende énormément ce retour dans un établissement scolaire. Après tout, cela va être ma première reprise en cours depuis notre départ de Seattle et notre emménagement à Séoul, en Corée du Sud. Et j'ai peur. Après un an à ne rien faire, profiter de la vie, il est temps pour moi, ainsi que pour Adriano et Priya, mon frère jumeau et ma sœur jumelle, de reprendre un court de vie normale, et surtout, de reprendre des études. (Voir média)

Je m'appelle Lysea. Lysea Faith. Et comme mon frère et ma sœur, je n'ai pas un prénom commun. Et ce qui n'arrange rien, ce sont mes cheveux. Ils sont violets. Je n'ai pas fait de couleur, ils le sont de naissance. Comment est-ce possible ? Il existe une rare maladie qui s'attaque à la pigmentation des cheveux, et suivant les gènes, les cheveux peuvent prendre une couleur peu naturelle. Et ce fut mon cas, pour ma plus grande joie.
Petite, lorsque j'étais insouciante, je n'avais pas conscience des problèmes que cela pourraient m'apporter. En grandissant, j'ai finalement compris qu'être différente, ce n'était parfois pas un cadeau. On me hua, m'humilia, et je subis une masse incroyable de moqueries dû à mon prénom, mais également à ma couleur de cheveux.
En parallèle, nos parents ne cessaient de se disputer, jusqu'à arriver au divorce. Âgés alors de 26 ans, on parti, Adriano, Priya et moi, décidant de prendre nos vies en main. C'est ainsi que je restais proche d'Adriano, mais que ma relation conflictuelle avec Priya prit fin lorsque l'on coupa définitivement contact.

« Tu penses à Priya ?
Je sursaute de nouveau et assassine sauvagement mon frère du regard. Ce dernier se tient debout devant moi et m'observe, le regard compatissant. Je ne l'ai pas entendu revenir, trop perdue dans mes pensées.
- Comment tu le sais ?
- Je lis dans les pensées.
- Et moi je suis la reine d'Angleterre.
- Eh beh les anglais ont bien du souci à se faire alors.
Je lève les yeux au ciel et Adriano rit, avant de s'asseoir à côté de moi.
- Je suis ton jumeau, espèce d'imbécile. Et c'est ma jumelle. Donc on est semblable. Donc je sais que tu y penses car j'y penses aussi. »
Il regarde au loin, et moi je le regarde, les sourcils froncés. Son raisonnement sur le fait que l'on soit jumeau, ok. Par contre, la suite est juste totalement incompréhensible. Je hausse néanmoins les épaule, et regarde au loin à mon tour.
« Tu promets de tenir notre promesse ? Demandais-je au bout d'un moment.
- Bien sûr. Si tu promets de la tenir toi aussi. »
Adriano se tourne vers moi. Je hoche la tête doucement, avant de poser ma tête sur son épaule. Il me prend dans ses bras et je lâche un long et profond soupir. À Seattle, Adriano était le seul qui me restait, et en déménageant dans un autre pays, et en nous installant dans la ville de Séoul, nous nous étions fait la promesse de rester toujours aussi proche l'un de l'autre. Promesse que jusqu'à présent, nous tenions sans problème.
Et si les cours nous séparent ?
Vilaines pensées. Je secoue la tête, avant de me redresser. Le soleil allait bientôt disparaître totalement, au loin, englouti par la mer. Rien ne nous séparerait, pas même les cours. Adriano et moi avions toujours été proches, et cela le resterait.
« Bon. Demain commence notre nouvelle vie. Tu te sens prête ? Demande mon frère.
Je ne répond pas immédiatement. J'hésite. Je ne sais pas. J'ai peur de la réaction des autres. Pensivement et instinctivement, je triture mes cheveux, leur couleur violet brillant face aux deniers rayons du soleil. Adriano reprend, et sa voix me tire de mes pensées : « N'aie pas peur Lysea. Je suis sûr que tout ira bien. Après tout, l'université c'est autre chose, une autre mentalité.
- Je le sais bien. Mais néanmoins cela m'inquiète. Espérons que tu aies raison. »
Je soupire. On reste encore quelques minutes assit au sol, jusqu'à ce que le soleil ai totalement disparu, avant de nous lever et de rentrer dans notre maison, et que je m'attèle aux fourneaux, tandis qu'Adriano décroche son téléphone, recevant un appel de Priya. Tiens donc. Les deux sont donc encore en contact. Je fais comme si de rien n'était, mais au fond, je ressens un pincement au cœur. Je n'ai jamais détesté Priya. Elle est ma sœur. Malheureusement elle, a cessé de m'aimer il y a de cela bien longtemps.

* Salut Adri. Ça va ? *

En plus de savoir que ma fratrie arrive à entretenir une bonne relation, je dois endurer le fait que Adriano, sans forcément réfléchir, a mis le haut parleur. Entendre la voix de ma sœur me serre douloureusement le cœur. Moi aussi, j'aurais aimé lui parler, comme ça, sans haine. Adriano se met à discuter et rire avec elle, et je m'enferme automatiquement dans ma bulle.

* Lysea est là ? *

Je reviens à la réalité en l'entendant prononcer mon nom, comme si elle avait pris une épingle pour percer cette bulle dans laquelle je m'enferme à chaque fois que je souffre.

* Elle est là oui. Tu veux lui parler ? *

Adriano me regarde. J'attends sa réponse avec impatience.

* Non. T'as cru que je voulais lui parler à ce monstre ? Hé Lysea ! Demain à l'université, essaye de ne pas pleurer quand les gens se ficheront de ta gueule. *

Comme un poignard qui se plante dans mon cœur. Encore et encore. Je lâche ma cuillère et essuie une larme. Je n'ai plus faim. Tant pis, Adriano se débrouillera bien sans moi. Avant qu'il n'ai le temps de me retenir, je monte m'enfermer dans ma chambre.
Nous habitons dans une belle maison sur deux étages, dans les hauteurs de la ville. Ma chambre contient un dressing, un balcon avec une vue magnifique sur l'horizon et la ville éclairée. Je fonce directement justement sur ce balcon, et sors une cigarette que je plaque entre mes lèvres pulpeuses. Une fois allumée, je me rends compte que mes grands yeux de biche, d'un marron clair séduisant, se sont remplis de larmes. Priya a raison. Je vais encore passer pour un monstre. Elle a réussi, comme toujours. Ses mots ont réussi à me faire mal. Elle sait où appuyer pour que je souffre. Après tout, elle reste malgré tout ma sœur jumelle.
« Lys, ouvre-moi s'il te plaît.
- Non.
- Aller. C'est Priya. Tu sais comment elle est.
- Oui justement. Et c'est également ma sœur. Comment peut-elle dire des atrocités pareilles !?
- Lys... ouvre-moi...
- Je fume. »
Je l'entends soupirer de l'autre côté de la porte avant que celle-ci ne s'ouvre. Adriano apparaît sur le seuil, et me fixe, désapprobateur.
La nuit est tombée, et le froid a envahi le ciel, qui brille de mille feu. Les étoiles parsèment cette étendue sans fin, et je l'admire, encore et encore, comme j'aime le faire à chaque fois que je ressens le besoin de m'évader. Je reconnais la Grande Ourse, ou encore la petite. Étrangement, je trouve le ciel coréen bien plus agréable et splendide que le ciel américain.
« Aller. Viens. On va regarder un film, et ensuite, go dormir. Demain, notre nouvelle vie commence ! »
Il a raison. Tu as changé. Grandit. Ne laisse plus les moqueries du passé t'atteindre.
J'éteins ma cigarette et le suis. Par pitié, il me laisse choisir le film, et je décide de regarder « À tous les garçons que j'ai aimé ». Bien entendu, Adriano râle, mais sourit en même temps. Je sais qu'il aime ce film, même s'il ne l'avouera jamais.
La soirée se déroule dans une ambiance parfaite, fajitas, et vin rouge. Mon passé me semble loin. Mes parents. Et même Priya désormais. Il n'y a que Adriano et moi.

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Et voilà le premier chapitre de Lysea Faith, une vie tourmentée !
J'espère que cela plaira, j'attend vos avis ! ♥️

Lysea Faith, une vie tourmentée [TOME 1 - Un cœur, deux inconnus]Where stories live. Discover now