Quand cette peste d'Emma m'a craché au visage, comme on arrache vulgairement un pansement, que j'étais une enfant adoptée, je l'ai gifler; car à ce moment précis j'étais certaine, non, j'étais convaincue qu'elle mentait. Cette gifle me value d'un côté les félicitations des élèves et d'un autre côté un voyage direct dans le bureau du proviseur. Je ne prononça aucun mot du moment où je me trouvais assise devant le proviseur jusqu'au retour à la maison accompagnée par mes parents, puisque j'avais été exclue pendant deux jours. Arrivée à la maison, mes parents m'ont passer un savon parce que j'avais gifler cette enflure d'Emma. Je n'écoutais pas vraiment ce qu'ils me disaient car une seule question résonnait sans cesse dans ma tête: Emma disait-elle la vérité ? Pendant tout le trajet j'ai essayé de trouver des similitudes physiques entre mes parents et moi, mais rien, je n'ai rien trouvé. Alors je me suis dis que tous les enfants ne ressemblaient pas forcément à leurs parents. Mais alors pourquoi j'y pense encore et alors que mes parents finissaient de me faire la morale, sans m'en rendre compte j'ouvris la bouche et leur demanda: Ai-je été adoptée ? Je vis leurs visages devenir de plus en plus pâles, se décomposer, mes parents se liquéfiait carrément sous mes yeux. Je fixais leurs yeux espérant trouver quelque chose comme de la surprise ou le choc d'une question aussi absurde, mais je ne vis que de la peur. Et alors j'ai compris, en voyant cette peur dans leur yeux que cette affreuse prétentieuse avait dit vrai. Je suis une enfant adoptée. Je resta figer sur place. Je ne pouvais ni parler ni bouger, j'étais comme paralysée devant cette soudaine vérité. C'est comme si on m'avait lancé un coup de poing dans les tripes. Je n'arrivais pas encaisser le coup, je me mis à chanceler, je ne pouvais plus les regarder en face. Ma vue commença à devenir floue et je sentis un liquide rouler sur mes joues; en passant mes mains sur mon visage je compris qu'il s'agissait de larmes, de mes larmes. Je pleurais parce que je venais de découvrir le plus grand secret que mes parents n'ont jamais su m'avouer, de la plus horrible des manières. Non seulement je l'avais appris de la personne la plus détestable au monde, mais en plus de ça je l'avais reçu comme une insulte. Alors savoir que cette insulte était maintenant une réalité, c'était trop, trop pour mon cerveau,trop pour mon corps, trop pour ma fierté et trop pour mon coeur. Je regardais ces gens qui m'avais élevée comme des étrangers, ils me faisaient horreur et je ne pouvais rester là à les regarder, non, je devais fuir, je voulais fuir. C'est alors que mon corps se mit à bouger, je pouvais enfin bouger, c'est comme si mon corps avait de lui-même compris que je devais m'en aller. Je ne resta pas une minute de plus dans le salon, je me précipita dans ma chambre, comme si ma vie en dépendait, et m'enferma à double tour. Je resta, assise, derrière la porte un moment. J'entendais mes parents m'appeler "Michelle" avec désespoir, je les entendaient répéter "Michelle, ouvre la porte", "laisse nous t'expliquer", "Je t'en prie, je t'en supplie, ouvre la porte Michelle", mais je ne bougea pas d'un pouce en fait je respirais à peine, je ne fis aucun bruit, je pleurais en silence. Quand je fus sûre qu'ils étaient partit, je me leva doucement, me dirigea vers mon lit, souleva ma couverture et me glissa à l'intérieur. Je m'enveloppa aussi fort que possible dans celle-ci pour trouver un semblant de réconfort et de sécurité. Ce réconfort et cette sécurité qu'avant aujourd'hui je trouvais dans les bras de ceux qui je croyais était mes parents. Ma gorge se serra, je pleurais sans m'arrêter, je voulais crier, crier fort, je voulais tout envoyer balader, tout déchirer, tout casser, mais je me contentais de rester dans mon lit. Puis je me mis à penser à mes 15 années sur cette terre, à cet instant je me dis que toute ma vie n'est qu'un mensonge, un bon gros mensonge. Comment en 15 ans, ils n'ont pas trouver un moment pour me dire qu'ils m'avaient adopté ? 15 ans! Ce n'est pas rien. Puis je réalisa quelque chose qui me fit affreusement mal; je réalisa que non seulement j'avais été trahie par mes parents adoptifs mais aussi que j'avais été abandonné par mes parents biologiques. Et à ce moment mon monde qui était déjà fissuré par la trahison, s'écroula totalement. Je ressentis une vive douleur dans la poitrine, comme si on me serrait le coeur encore et toujours un peu plus jusqu'à ce qu'il cesse de battre. Mon corps me fit atrocement mal comme si on m'avait roué de coups jusqu'à me laisser pour morte. Je me tortillait dans mon lit en pleurant, "j'ai mal, tellement mal, la douleur est insupportable". En une fraction de seconde toute ma vie s'est effondrée, je me sens perdre pied et j'ai l'impression de tomber dans un vide sans fin. C'est alors que dans mon coeur je me mis à crier aussi fort que ma voix intérieur pouvait le faire "faites que ça s'arrête, par pitié faites que ça s'arrête, je n'en peu plus, aidez-moi je vous en prie, je vous en supplie faites que cette douleur et cette sensation de chuter sans fin s'arrête ". Mais rien à faire, je pleurais et j'avais mal au coeur, mal au corps. Je voulais appeler quelqu'un car je ne voulais pas rester seule, mais je n'avais personne vers qui me tourner parce que je n'avais aucun ami. Je suis solitaire de nature, seul mes parents me suffisait, mais à présent que je les ai perdus, il ne me restait plus personne, je suis seule, je suis toute seule. "Qu'est-ce que je vais faire, qu'est-ce qui va m'arriver ? Maintenant que je sais la vérité vont-ils me jeter dehors comme une vieille chaussette ? Où irais-je ? Je n'ai personne, je ne connais personne. Je ne peux même pas me tourner vers mes parents biologiques puisqu'ils ne voulaient pas de moi au départ, alors ce n'est maintenant qu'ils changeront d'avis. Je suis finie, tout simplement finie, autant me suicider. Non mais qu'est-ce que je raconte, je vais me suicider, c'est hors de question. Ok Michelle, calme toi, respire et réfléchis. Bon même si dans le meilleur des cas mes parents me gardent, il reste quand même cette question qui tourne dans ma tête depuis que je connais la vérité : Bon sang, mais qui suis-je ?".
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Michelle, La Solitaire
Aktuelle LiteraturConcours de cocogbl Épreuve n°1 Thème : douleur/tristesse Michelle est une fille de 15 ans. De nature solitaire, elle n'a aucun ami ni au lycée ni en dehors du lycée. Elle est très proche de ses parents jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle a été adop...