Chapitre 1

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Il était exactement 16h03 quand la télévision s'est allumée sur les images d'une alerte mondiale. Après quelques secondes, notre Président était à l'antenne. Josh et moi nous sommes installés dans le canapé et Josh a augmenté le volume de la télévision.
« Ce message est diffusé à échelle mondiale et en direct. Tous les gouvernements de tous les pays on prit une grande décision concernant l'humanité, pour sauver notre espèce. Désormais, plus personnes ne devra engendrer d'enfants. Plus aucune femme ne devra mettre au monde un bébé et plus aucun homme ne devra mettre enceinte une femme. Sous peine d'exécution de la femme, de l'homme et de l'enfant. Ne prenez pas ceci à la légère, les exécutions ont déjà commencé. »
Puis, des images d'une extrême violence sont apparues à l'écran, une femme se faisant enlever son enfant d'une manière horrible, du sang partout et... Josh avait éteint la télé. Je suppose que cette pauvre femme était maintenant morte et que son mari le serait également bientôt.
Josh faisait les cent pas dans notre salon, les mains croisées derrière le dos.
« - Arrête un peu, tu me donnes le tournis.
- Non mais tu te rends compte ?! Des femmes et des hommes vont être tués pour avoir osé donner la vie ! C'est inconcevable, impensable !
- Oui, je sais... Mais nous ne pouvons rien faire contre le gouvernement.
- ''Sauver l'humanité'' qu'ils disent, ils vont plutôt la détruire ! Je suis désolée ma chérie mais je vais devoir annuler notre dîné de ce soir, ces abrutis et leurs idées vont certainement faire tuer Monica et Henry, je dois essayer d'empêcher ça ! »
Un bisou furtif et le voilà déjà parti. Monica c'est sa sœur et Henry son mari, ils attendent un enfant. Je ne vois pas ce que Josh pourrait faire contre tout ça, même si je suis d'accord avec lui, le gouvernement va détruire notre espèce, quant à l'humanité, je pense qu'elle l'est déjà avec toutes ces cruautés.
Ce soir nous devions dîner avec Josh, j'avais une grande nouvelle à lui annoncer. Je suis enceinte. Et terrifiée.

                Plusieurs jours se sont écoulés et j'ai décidé de ne pas annoncer ma grossesse à Josh, il paniquerait comme il l'a fait avec sa sœur. Il n'a rien fait pour les sauver tous les trois, et maintenant ils ont été enlevés par les hommes du gouvernement, on ignore s'ils sont encore en vie ou non, on ne peut que l'espérer. Je n'arrive plus à dormir, un tas d'images se bousculent dans ma tête ; celles de la femme à la télé, celles de ma belle-sœur subissant le même sort, celles de moi à leur place... Mais je ne perds pas espoir, tant que je le cache tout ira bien, je suis certaine qu'il existe d'autres femmes enceintes qui, comme moi, le dissimule ainsi que des groupes militants, s'il n'en existe pas, j'en créerais un. Mais sans Josh. Il est trop instable et fragile ces derniers temps, cette histoire l'a changé, ce n'est plus mon Josh, il est devenu très distant avec moi, ne me parle que pour les choses importantes du style « il faut payer la facture » ou bien « il faut faire les courses nous n'avons plus rien dans le frigo ». Il est rarement là aussi, il s'en va souvent tôt le matin et rentre tard le soir, d'un côté je suis soulagée car mes nausées sont de plus en plus difficiles à contrôler et mon ventre de plus en plus difficile à cacher. Par chance, nous sommes en hiver et je suis une adepte des gros pulls énormes qui tiennent bien chaud, de ce fait Josh ne se doute de rien. La nuit il ne peut pas non plus sentir que j'ai grossis puisqu'il ne me touche plus du tout.
C'est quand même étrange et moralement dur de ne pas pouvoir suivre sa grossesse normalement comme on pouvait le faire avant, je ne sais pas à combien de mois je suis, je ne saurais pas si c'est un garçon ou une fille ni si il ou elle est en bonne santé. Je ne peux pas non plus le partager ou en parler avec quelqu'un, je suis seule avec toutes mes angoisses et je ne peux rien contre ça.

Ce soir, Josh est rentré plus tôt que d'habitude et, pour la première fois depuis des semaines, il souriait.
« - Salut ma chérie, et si on passait la soirée ensemble qu'est-ce que tu en dis ? Ça fait longtemps et j'aimerais me faire pardonner de ne pas avoir été à tes côtés en ces moments difficiles. »
Sur ces paroles il s'est approché de moi et a déposé un léger baiser sur mes lèvres. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu d'attention et de baiser de sa part. J'aime cuisiner et quelques minutes plus tôt mon couscous maison avait fini de cuir. J'avais pris l'habitude de manger sans Josh et de lui laisser une part au frigo, mais ce soir nous allons partager ce repas à deux et je ne pouvais qu'en être heureuse.
J'installais un deuxième couvert et lui fit signe de s'asseoir en face de moi.
« - ça sent vraiment très bon, que nous as-tu préparé ? avait-il demandé en s'asseyant.
- Un couscous, je sais que tu adore ça !
- Tu es un vrai cordon bleu, mon amour. »
Puis le dîner se poursuivit sans échanges particuliers et c'était très bien comme ça. La soirée s'est ensuite enchaînée avec un film romantique, comme on les aimait tant autrefois. J'étais remplie d'ondes positives et pour la première fois depuis longtemps, je ne pensais plus à rien, à part à nous et ça faisait un bien fou. Mais ça n'a pas duré très longtemps, mes angoisses ont vite repris le dessus quand nous sommes montés nous coucher. Ça faisait très longtemps que Josh ne m'avait pas touché et ce soir, il en avait envie. Mon sourire s'est vite évaporé quand j'ai pensé à notre enfant. Qu'allait-il dire en voyant mon ventre déjà pas mal rond ? Mais qu'allais-je inventer comme excuse si je le repoussais ? Il faut que je lui dise, j'ai tellement besoin de son soutien et de sentir son corps contre le miens, comme avant. Il allait retirer mon gros pull quand je me suis reculée.
« - J'ai... hum... quelque chose à te dire.
- Qu'est-ce qu'il y a ? tu es sûre que ça va ? Tu n'as pas l'air bien. Avait-il dit inquiet.
- Promet-moi que tu ne te mettras pas en colère et que ça ne changera rien entre nous.
- Euh, oui je te le promets, Line tu me fais peur dis-moi ce qu'il se passe ! »
Ce n'était clairement pas facile, je voyais sa détresse dans ses yeux et mon cœur battait beaucoup trop vite, je chassais les images des femmes torturées et tuées et prit une grande inspiration avant d'enlever mon pull qui dissimulait plutôt bien mon ventre rebondit.
« - Je suis enceinte. »

EMBRYONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant