Microcosmos

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Le lendemain, Komugi était plus reposée. Elle passa plus de 3 cours sans dormir, un record. Mathilde, qu'elle avait rebaptisée "la mouche", avait répandu dans tout le lycée la rumeur sur Komugi.
"Elle est lesbienne!", "C'est une salle gouine!" Ces mots volaient dans les couloirs et entre les cours puis parvenaient aux oreilles de Komugi. Son cœur se brisa. Elle savait à quel point sa vie serai dure a cause de son identité mais elle voulait garder la tête haute. " Moi au moins, ma vie ne sera pas dure à cause de choix, mais à cause de qui je suis  réellement. Donc si je dérange tant que ça, au moins je sais que je peux me dire que ce n'est pas de ma faute." Se dit-elle pour se rassurer.

Le Mercredi soir, Komugi se rendit à son premier cours de danse. Il avait lieu dans une sorte d'académie qui proposait des cours de danse classique et moderne ainsi que des cours de musiques.
Son cours commençait à 18h, elle s'y rendit en avance pour découvrir cette nouvelle école de danse. C'était une très grande académie,avec un décors luxueux et chargé de grands tableaux représentant des danseuses élégantes. Le sol était luisant et chaque pas résonnaient dans le grand couloir. Komugi marchait d'un pas vagabond en exagérant le bruit de ses chaussures contre le sol pour se donner l'allure d'un général d'armée. Il n'y avait encore presque personne mais en tendant l'oreille, elle parvenait à distinguer de la musique venant d'une salle à l'autre bout du couloir.

De nature curieuse, Komugi s'avança en suivant les notes de piano qui la conduisirent à côté d'une salle de répétition de danse. La jeune fille se mit à la porte et observa le cours.
De jeunes danseuses en tenue de répétition travaillaient au son d'une mélodie de piano. La professeur récitait comme une comptine de pas.
-"Première, 1,2,3 croisé et levé, 4,5,6..."

Komugi observa les danseuses s'exercer puis son regard se tourna vers la personne qui jouait du piano.

C'était une jeune fille, du même âge qu'elle à première vue. Vêtue d'une chemise à lavallière, un pull rose pastel parfaitement ajusté, une jupe plissée bordeaux et des bottines de cuir discrètes.
Ses cheveux blonds, courts, tombaient et luisaient au reflet du grand lustre qui illuminait la grande salle. L'apparence soignée de la jeune fille lui apportait malgré tout une allure désinvolte. Ses jambes tendues, ses longs doigts se promenant sur les touches de piano, apportaient à sa personne une touche de mélancolie. Komugi la regardait jouer du piano sans rien dire, guidant les danseuses qui au contraire de la jeune pianiste, portaient la tête haute et dégageaient une assurance presque effrayante.

Komugi tenta de se rapprocher pour apercevoir le visage de la pianiste.
Elle avait le visage fin, doux et délicat.Un maquillage discret parfaitement appliqué embellissait la beauté de son désarroi.
Komugi aperçut un hématome sur la nuque de cette jeune fille. Le col de sa chemise et ses cheveux le dissimulaient mais pas entièrement. Komugi se demanda comment une personne aussi soignée avait pu se faire une telle chose.

La professeur de danse annonça la fin du cours. Le piano s'arrêta et les danseuses partirent de la salle en courant à petits pas tel de petites sauterelles. La professeur prit son sac et lança à la jeune fille du piano:
-" Tu penseras à éteindre la lumière en repartant!"
-" Oui." Répondit-elle doucement.
Celle ci se retrouva alors seule dans l'immense salle avec Komugi qui se tenait toujours derrière la porte. La jeune fille au cheveux de blé tourna doucement les pages de son cahier de partitions et commença a jouer un morceau que Komugi connaissait bien.

"Rivers flows in you de Yurima" pensa t-elle. Elle sourit en entendant pour la première fois depuis son retour en France un morceau japonais. Elle décida d'attendre la fin du morceau puis de jouer la sociable en allant vers la fille, les bras croisés avec une fausse assurance dans le regard pour donner l'impression qu'elle avait l'habitude d'aller vers les gens.
-" Salut!" Lançât-elle. " Tu prends des cours de piano ici ?"