Les dernières paroles de Paradis

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Ce personnage-là est un chat de l'univers LGDC (la guerre des clans). C'est une chatte noire et blanche, aux yeux bleus, se nommant Paradis, qui s'est battue pour conserver la paix, et qui est même allée jusqu'à ériger un groupe, obéissant aux ordres de son ancien professeur de combat et de chasse, Cendre.
Voici ses dernières paroles, avant qu'elle ne quitte tout ce pour quoi elle existait.

Voilà des lunes que des rêves m'assaillaient, et que des désirs inavouables me prenaient. Comme j'en avais fait part à Leak, mon frère, je ne me sentais plus à ma place au Groupe du Soleil. Certes, j'étais l'astre, certes je les avais élevé après la disparition de Cloud's et j'avais accompli jusqu'à la dernière volonté de Cendre, mais mon destin...me semblait ailleurs désormais. J'avais toujours eu une volonté de leader, j'avais toujours aimé donner les ordres et avoir une clique aux basques, et j'avais sû que régner était pour moi. J'avais eu tout ce dont on pouvait rêver, passant de l'idylle amoureuse à la mise au monde de chatons. J'avais pu laisser libre cours à mes pensées, mes idées, en faire part à tout plein de monde. Et j'avais été respectée et admirée.

Mais le temps a une épreuve pour chacun de nous, un moment de gloire pour tous. Et je savais que Leak était le nouveau meneur, comme si mes ancêtres me chuchotaient aux oreilles, à moi aussi.
C'est donc avec un cœur lourd que je pénètre l'antre de mon herbiste préféré. Il est debout devant ses herbes, comme toujours, et semble occupé à les compter. Je le dévisage l'espace d'un instant, songe au moment frère-soeur que nous avons partagé, et à quel point j'aurais aimé partager les mêmes avec le reste de notre fratrie. Nous avons simplement discuté, simplement ri, mais c'est cette simplicité qui m'a donné envie d'apprécier le fait que le sang nous reliait.

Je m'approche de lui et l'apostrophe d'une petite pichenette sur l'oreille. Il me regarde et il sourit.
Je comprends alors qu'il est temps de lui faire mes adieux, mais d'abord de choisir mes mots avec soin.


"Mon frère, j'ai des choses tristes à t'avouer. Je me ris de ce lieu et le quitte à jamais, parce que je préfère le voyage à ces contrées sordides. Ne le dis jamais, surtout, que je vais là où le soleil ne se couche jamais. Seulement à Acerbe, si l'envie lui prend de me suivre à moi. Je pars pour longtemps et jamais, et je dis adieu à tout ce qui ressemble de près à un félin de clan, de groupe, pour être une humble solitaire. La vie...les guerres...ce n'est qu'outrance et je souhaite la paix, chose que même avec des efforts on ne peut obtenir d'un lieu aussi pourri de l'intérieur. Du moins, moi, je ne peux plus. Mais toi, je suis sûre que tu feras ce qu'il y a de mieux pour le groupe, Leak. En même temps, tu es le nouvel astre...je sais, que voilà une bien étrange manière de te l'annoncer mais...les mots et moi, nous n'avons jamais été doués pour les étincelles au fond, en tout cas lorsqu'il s'agissait d'annoncer les choses...c'est si dur..."

Il ne prononça pas un mot, l'espace d'un instant, et j'en eus le cœur serré. M'empêcherait-il de partir ?
C'est alors que l'émotion vrilla son regard et que je ne pus seulement qu'y déceler de la tristesse. Il me souhaite bon voyage, tout comme chance, et me congédia ensuite. Je le laissais alors dans ses songes, probablement en train de songer à ce que sa vie serait, maintenant que je le bouleversais. Mais c'était pour le mieux, je le savais.

Alors que j'allais sortir, après toutes ces émotions, mes yeux se tournent d'eux-mêmes vers ma tanière, où repose mon seul amour. Acerbe. Ne pas lui dire au revoir me semble tout à coup absurde et je trottine jusque mon ancienne antre, sans jamais pouvoir m'en empêcher.
Mon beau est là, étalé sur sa couche comme un vers luisant, les poils en pagaille. Ce que j'aimerais pouvoir y plonger ma tête et ne jamais me relever...mais je ne peux pas, je dois partir pour que Leak soit le nouveau chef.
Je m'approche alors de lui et, les larmes aux yeux, viens l'asséner de légers coups de langues. Je le contemple comme si je le voyais pour la première fois, encore et encore. Ses yeux clôs, son museau, son visage doux et rêveur pendant même qu'il dort. Je lui souris sans qu'il puisse le voir. Il va me manquer, et j'espère tant qu'il me rejoindra...

Mais le temps je n'ai pas. Je me relève, après un dernier regard, et m'en vais, souhaitant à mes enfants restants de bien vivre leur vie. Souhaitant à Eden de trouver son chemin parmi les étoiles.

Et je pars, je quitte ma si belle grotte bleue, sa poussière bleue extraordinaire qu'on ne trouve qu'ici, ses courants d'airs, le cri irrégulier de ses proies appétissantes. Je quitte ma grotte bleue phosphorescente, à jamais.

Recueil de passage émotions.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant