Friday 13

Avant gouts

Bon sang, Camila. Où est ce que tu es, encore? me hurle ma mère »
« Je ne suis plus très loin, maman. Je suis désolée, j'étais à la bibliothèque, et je n'ai pas vu le temps passer. »
 
La bibliothèque. tss. Foutaise. J'étais surtout trop occupée à rire dans un bar de la ville avec mes amis.
 
« Vraiment? »
« Vraiment, oui. Je suis bientôt là, promis. Et je vais devoir te laisser, mon portable n'a plus de batterie. »
« Le portable au volant, Camila! me hurle-t-elle à nouveau »
« JE T'AIME. »
 
Je raccroche avant de verrouiller mon portable pour le reposer sur le tableau de bord et sortir des voies rapides pour rejoindre le centre ville.

Ce soir, on est vendredi soir, et au lieu de sortir avec mes amis, je me retrouve bloquée chez ma mère pour un dîner. Et tout ça pour quoi? Pour que celle-ci me présente à son nouveau petit-ami. Est-ce que c'est trop demandé d'avoir une mère normale qui invite ses enfants à déjeuner ou dîner un dimanche? Le vendredi est sacré pour un étudiant. Parce que c'est le début du week-end. Le jour où on a réellement le droit de décompresser avant de penser d'abord à dormir.
 
Je soupire, blasée, et monte un peu plus le son de la radio, hurlant les paroles de la chanson du moment. Je viens tapoter mon volant avec mes doigts, patientant devant le feu rouge. Et quand celui-ci, daigne enfin à passer au vert – après deux bonnes minutes, c'est ma voiture qui refuse d'avancer. Merde. Est-ce que je suis réellement en train de me tromper de pédale? Je baisse les yeux et me trouve bien le pied appuyé sur l'accélérateur. Je grogne et baisse le son pour trouver ma voiture, le moteur éteint. Je grogne à nouveau et viens tourner la clé, laissant ma voiture grogner elle aussi avant de refuser de redémarrer. Génial, en plus de ne plus avoir de batterie, ma voiture refuse de démarrer. Ma vie est définitivement parfaite.
 
Je me penche alors jusqu'à la boite à gant pour trouver de quoi charger mon portable – soit une batterie externe qui je l'espère est encore là dedans, quand une petite feuille jaune tombe de celle-ci. Je fronce les sourcils et le ramasse, lisant le petit mot qu'il y a d'écrit dessus.

-

-
« J'ai pris la voiture avec Liam hier, et on n'a pas eu le temps d'aller faire le plein. Fais attention. On est dans la réserve. xx »

-
-
Je sursaute et ouvre grand les yeux quand je trouve la jauge de mon essence au plus bas. Merde, Zachary, tu fais chier! Je viens taper sur mon volant, énervée avant de sortir de celle-ci et claquer la portière. Je soupire encore et encore, appuyée sur ma voiture, à la recherche d'une idée. Il doit bien y avoir une pompe à essence pas loin d'ici. Non? Je vais demander à quelqu'un. Il faut absolument que je demande à quelqu'un. Et qu'est ce que ce bordel? Pourquoi les rues d'habitude bondées sont-elles absolument vides ce soir alors qu'il n'est que vingt heures? Je viens taper du pied, énervée et m'approche de l'immeuble en face de ma voiture. Je viens sonner à plusieurs sonnettes et personne ne daigne à me répondre.

Évidemment. Une merde ne vient pas seule.
 
« ...Oui? »
« Alléluia! je lève les bras au ciel, bonsoir. Excusez-moi de vous déranger mais... je viens de tomber en panne d'essence et, hm... vous sauriez si il y a une pompe à essence pas très loin d'ici? »
« La seule station proche d'ici est en rénovation. Mais j'ai peut-être quelques litres d'essence à vous dépanner dans le coffre de ma voiture. »
« Vraiment? Ce serait super, oui! Merci. »
« Je descend tout de suite, ne bougez pas. »
 
Je remercie une nouvelle fois mon interlocuteur avant que celui-ci ne raccroche nous laissant à nouveau seule ma vie merdique et moi.
 
La lumière du couloir s'allume et des bruits de pas se font entendre dans la cage d'escaliers. Et ce n'est pas une silhouette qui apparaît, mais deux. La porte s'ouvre alors sur la personne aimable qui s'est proposée de m'aider quand...
 
« oh seigneur, je dis dans un souffle, les yeux soudainement grands ouverts. »
« Camila. »
« Monsieur Mendes. »
« hm... il se racle la gorge ...tu viens de sonner chez moi? »
« Ou- oui c'est moi, en effet. »
« Très bien. Alors, hm... suis-moi. Ma voiture est dans le parking juste à côté. »
« Je- d'accord. »
 
Je viens suivre mon très cher professeur, accompagné d'un petit garçon qui lui ressemble étrangement. Petit garçon qui soit dit en passant, ne me lâche pas du regard depuis notre rencontre.
 
Génial. Ce n'est pas du tout intimidant.
 
« C'est qui? demande le petit »
« Une élève à moi. »
« Salut! le petit dit en secouant la main. Moi c'est Porter et ça, c'est mon papa, Shawn. »
 
Papa. Il a dit papa. Ce gamin a appelé Monsieur Sexy, papa. À l'aide. L'homme de mes rêves a un enfant.
 
« Porter, s'il te plaît. »
« Mais- »
« chhhhhht. »
« mh... je commence doucement enchantée, Porter. Je suis Camila. »

-