Mon feu

35 6 4
                                    

"Ne touche pas le feu",
"Le feu est dangereux",
"Ce n'est pas un jeu",
"C'est chaud, ça brûle, c'est périlleux",
Pourquoi je devrai les écouter ?
C'est beau, c'est chaud, c'est excitant !
Sentir ce liquide ou ce gaz qui va s'emflammer,
Voir ce brasier enchanté s'exciter sous l'effet du vent,
Ressentir cette chaleur intense nous enivrer !
C'est intéressant et si émouvant,
Comme si il voulait nous parler,
C'est si euphorisant pour moi, si attirant !
Et cette odeur si caractéristique que j'ai toujours aimé,
Mais aussi ce bruit tel une mélodie écrite pour moi faite de crépitement !

Je commence jeune avec nos allumettes colorées,
Je m'amuse avec la gazinière et sa ridicule flamme
Et brûle de multiples et industriel bâtonnets.
Tout cela facinait et séduisait mon âme.
Plus je grandissait,
Plus cela devenait dangereux,
Plus je grandissait,
Plus cela ne devenait qu'un simple jeu,
Un jeu dont j'étais le maître,
Un jeu dont le feu, lui, n'était un traître.
Ni traître ni allié,
Simplement mon jouet,
Et jamais il ne s'en plaignait,
Jamais il ne se rebellait et me brûlait.

À l'adolescence, je m'arrête et ne joue plus,
Je fis l'erreur qui ne m'a rien appris,
Cet erreur étant voulu,
Jamais je me dis que cela était fini,
Il ne s'était rebellé,
Mais n'a fait qu'écouter.
Cette erreur que je refis de nombreuses fois,
Je l'aimais, elle me donnait une courte joie.
Une joie ? Non,
En réalité elle me rendit accro,
Elle devint peut a peu de ma vie le patron,
Pas besoin de feu, juste d'un couteau.
Le feu fut remplacé,
Et ne m'a pas vraiment manqué.

Puis je l'ai redécouvert,
Sous une grotte, au milieu de symboles.
Je devin une personne folle,
Je me suis mis à de nouveau en faire,
À plus grande échelle, en forêt ou dans les plaines,
Ni sécurité, ni autorisations, juste mon essence,
Je brûlait leurs envies, leurs paroles, leurs haines,
Quand je dis "le feu n'est qu'un jeu", je le pense.
Je finis ma vie en compagnie d'Octane,
De Butadiène et de Méthane,
Mon univers fini par devenir ces mèches,
Toujours plus polluant,
Toujours moins, pour l'obscurité, de brèches,
Toujours moins d'argent de ma poche,
Toujours plus de bonheur dans mon esprit,
Mais pourtant... un jour le pétrole s'épuisit.

Ne restant que les belles forêts,
Je me mit, pour satisfaire ma soif, à les brûler.
Puis ne resta plus que mon corp,
Une étincelle et je fini par folie à brûler.
Ne reste plus qu'un petit feu, qui ne tenait plus, qui n'était plus aussi fort,
Ma vie s'eteignit, ni lame, ni flamme intérieure à consommer.
Dans un hôpital, âgé et plus accompagné,
Ma flamme résistait inutilement,
Il était temps pour celle-ci d'arrêter.
Il était temps, et finalement,
Le beau feu de ma vie, fut celui d'un amour envolé,
Le feu magnifique qui m'avait ranimé,
Ce même feu, qui finit par vieillesse à m'achever.

J'ai ainsi une question futile,
Avant que mon feu s'anéantisse,
Avant que ma vie ne finisse.
Qu'est ce qui rend le plus fragile,
Plus vulnérable encore que cette dernière flamme immobile ;
Les sentiments indélébile,
La confiance facile
Ou l'espoir infinie et inutile ?

[Attention]
Ceci n'est pas une incitation à "jouer" avec le feu, je vous le déconseille et n'est en aucun cas responsable. Je parle ici de la force de vivre à travers le feu. (Ne jouez pas avec le feu et ne vous faites pas de mal volontairement)

Poèmes en vracOù les histoires vivent. Découvrez maintenant