Beautiful Lie /K.Thg. [FINI]

VI

Je tenais dans mes mains le petit coquillage violet aux reflets nacrés.

Oui, je l'avais gardé.

Je regardais depuis la fenêtre de ma chambre les étoiles qui brillaient.

Pourquoi je ne vois pas la lune ?

Peut être parce que je suis restée aveugle malgré tout.

Ma meilleure amie entra dans la chambre, faisant résonner le bruit désagréable de ses pas sur le parquet froid.

Comment s'appelle t-elle déjà ?

Comment ai-je pu oublier son nom ?

Est-ce la seule chose que j'ai oublié ?

"Haya, il faut qu'on parle."

Je n'en avais pas envie,
je préférais largement penser à Taehyung.

Mais je suppose que finalement on ne peut pas simplement faire ce dont on a envie.

Nous sommes le 20 mars 2020 aujourd'hui.

Ce soir Taehyung et moi avons rendez-vous sur ce pont à nouveau.

Pour fêter nos deux ans.

"Haya tu m'écoute ?"

Je fronçais les sourcils.
Je l'ai toujours écoutée.

Mais aujourd'hui je veux juste penser à moi, et à Taehyung.
À notre merveilleux couple.

Où peut-être que je ne pouvais pas lui répondre car j'étais restée muette à nouveau.

"Haya !"

Elle avait presque hurlé, perturbant ce silence enchanteur.

J'aimerais qu'elle s'en aille,
qu'elle me laisse me préparer.

"Quoi ?"

J'avais répondu pour ne pas qu'elle s'énerve encore plus.
Je ne voulais pas que mes oreilles saignent.

Elle soupira, et posa lentement ses mains sur mes épaules.

Ses mains étaient différentes de celles de Taehyung.
Elles étaient froides, petites et fragiles.

Elles tremblaient.

"J'ai parlé à Na-Eun ce matin."

Na-Eun ?
Alors c'était le nom de cette fille que je n'aimais pas ?

"Pourquoi tu ne lui a pas parlé de l'accident ?"

Je ne répondis rien, bien trop occupée à tenter de comprendre de quoi elle me parlait.

Peut être que je ne voulais pas comprendre, au fond.

Peut être que j'avais trop peur pour le vouloir.

Je voyais dans ses yeux tout ce que je ne voulais pas voir.
J'y voyais de l'empathie,
j'y voyais de la tristesse.

J'y voyais mes efforts vains,
j'y voyais mes mensonges enfouis.

J'y voyais la cruelle mais incontournable réalité.

Et puis cette phrase,
Cette phrase qui sonnait comme une cloche d'église,
Celle dont on n'a pas le contrôle,
Celle qui retentit dans une ville entière.

"Haya, pourquoi tu ne lui a pas dit qu'il était mort ?"

Le monde entier semble s'arrêter de tourner.
Se figer comme une montre cassée.

Mais le temps, lui, n'attends pas.

C'est fou comme un monde entier,
peut s'écrouler en quelques mots.

J'aurais aimé que notre monde survive à ça.

Que nous soyons différents.

Mais,

tu as lâché ma main.

"Parce que je voulais y croire encore un peu."

Et je suis tombée.

Parce qu'un mensonge finit toujours par être dévoilé.
Et qu'un rêve finit toujours par se terminer.

Parce qu'une larme ne suffit pas à contenir le désespoir d'une âme qui pleure.

Mais qu'une histoire, elle, permettait de l'oublier, certes pas éternellement, mais de l'oublier un moment.

Et ça fait du bien,
de croire en une idylle quelque part sur Terre.

Je tenais dans mes mains le petit coquillage violet aux reflets nacrés, celui que tu m'avais donné.

Oui, je l'avais gardé.

Je regardais depuis la fenêtre de ma chambre les étoiles parmi lesquelles tu brillais.

Et j'ai pleuré.

•◇•

Fin

Eommarie