Magie complémentaire

Ruines antiques

Après des jours à être considéré comme un elfe de maison, Lucius relevait enfin la tête. Il gardait une attitude humble - ce qu'il n'avait jamais fait jusqu'à présent - et prenait son mal en patience.

Lorsqu'il fut appelé par Voldemort, il se crispa, persuadé que la disparition de Narcissa avait été remarquée depuis le temps. Mais personne ne fit la moindre réflexion sur son passage et il garda un air neutre, ne montrant à personne sa crainte.

Face à son maître, il se laissa tomber au sol, s'agenouillant en retenant une grimace face à la douleur qu'il ressentait dans cette position. Les tortures lui avaient laissé des séquelles, mais il s'estimait heureux d'être encore vivant et sain d'esprit. Plus ou moins sain d'esprit s'il prenait en compte ce qu'il s'apprêtait à faire.

- Luciusss. Mon fidèle Luciusssss.

L'aristocrate resta immobile, tête baissée, attendant le bon vouloir du serpent qui se délectait de son humiliation.

- Ssssi fidèle. Toujours... J'ai une missssion pour toi.

Lucius s'obligea à ne pas sursauter lorsqu'un doigt froid se posa sur sa joue, le forçant à lever la tête.

- Ne me déçssssois pas, Luciussss. Cette fois, tu ne dois pas échouer !

Pétrifié, Lucius hocha la tête, alors qu'intérieurement il pensait que sa dernière heure était venue. Voldemort ordonna à tout le monde de sortir, les laissant seuls. En tête à tête.

Un bref instant, Lucius se demanda s'il pouvait tuer son maître, comme ça, sur un coup de tête. Le tuer et épargner ainsi son fils et le jeune Potter d'avoir à vivre des moments pénibles.

Puis il estima qu'il y avait trop de risques. S'il échouait, il privait son fils de protection. Il privait le camp adverse d'informations. Si la victoire se jouait à peu de choses, il pouvait faire la différence, en se montrant patient.

Alors il courba la tête et attendit les ordres.

- Luciusss. Je vais te charger de récupérer un objet. Un objet très important pour moi. Vital.

- Je suis à votre service, Maître.

- Tu vas te rendre au Manoir familial des Gaunt. Près de la maison, il y a des ruines antiques. Dans ces ruines, tu y trouveras une ssssculpture de femme, au doigt de laquelle sssse trouve une bague.

- Oui Maître.

- Ramène moi csssette bague. Protège-la de ta vie ssssi nécessssaire.

- Cela sera fait selon vos désirs Maître.

Lucius ne perdit pas de temps. Dès que Voldemort eut terminé de donner ses instructions, il quitta son Manoir.

Autrefois, son Manoir était son refuge. L'endroit où il aimait passer du temps. Mais depuis qu'il était passé aux mains du Seigneur des ténèbres, son Manoir était devenu aussi accueillant qu'un tombeau.

Et après y avoir passé du temps enfermé, il était heureux et soulagé de pouvoir enfin s'en éloigner.

Lucius transplana sur le chemin de Traverse et profita d'un hibou postal pour envoyer un message. Il repartit rapidement, espérant ne pas avoir été remarqué.

Il attendit près du Manoir familial des Gaunt. Avec la disparition de la famille, l'endroit était à l'abandon. Lucius se demanda si son Manoir aurait cet aspect, après la guerre.

L'homme ne se faisait plus d'illusions : s'il réussissait à rester en vie, il finirait à Azkaban, pour tous les crimes qu'il avait commis. Il ne pouvait même pas se dire que c'était injuste, il savait que c'était tout ce qu'il méritait.

Un bruit de transplanage retentit, et il fixa un long moment le nouvel arrivant. Son vieil ami. Severus Rogue.

- Severus. Tu es venu.

- Que veux-tu, j'étais curieux de ce que tu pouvais avoir à me dire.

Ils se jaugèrent un long moment puis Lucius reprit la parole.

- Mon fils, Narcissa... Sont -ils en sécurité ?

- Ils le sont.

- Il m'a chargé d'une mission. Il a besoin que je lui ramène un objet.

Severus se tendit, et son regard sombre se fit perçant.

- Pourquoi me dis-tu ça, Lucius ?

- Parce qu'il est temps que je fasse en sorte que ma famille reste en sécurité et que je commence à expier mes fautes. Tu étais un espion, tu ne peux plus l'être. Je peux... aider. Tant que je le pourrais.

Le maître des potions resta muet sous la surprise et Lucius eut un rire amer.

- Est-ce si étonnant que ça que de me voir faire quelque chose de bien ?

- Je ne m'attendais pas à ... ce revirement de ta part. C'est tout.

- Suis-moi.

Ils cheminèrent en silence jusqu'aux ruines décrites à Lucius, et il trouva sans peine la statue de femme. C'était la seule encore intacte et les deux hommes la contemplèrent un long moment.

Severus finit par prendre la parole.

- Qui est-ce ?

- Je l'ignore, mon ami. Peu importe, ce n'est pas qui elle est qui importe. C'est ce qu'elle cache.

Quelques secondes plus tard, Lucius avait la bague dans la main et la tendit à Severus.

- Elle pue la magie noire.

Severus fronça les sourcils.

- Tu me la donnes ?

- Je dirais qu'il n'y avait plus rien. Je serais bon pour un nouveau passage dans mes cachots et probablement une séance de torture. Mais... S'il la voulait autant, alors c'est important.

Le maître des potions hésita avant de soupirer.

- Il a créé des horcruxes. Des réceptacles pour des fragments d'âmes. Son âme.

Le teint de Lucius vira au gris et il regarda l'objet avec répugnance.

- Pourquoi ?

- Pour un peu d'immortalité. Tant que ces objets existent, il ne peut être tué.

Lucius laissa éclater un rire nerveux.

- Et dire que j'ai envisagé l'idée de tenter ma chance alors que je me suis retrouvé seul avec lui.

- Évite mon ami, si tu veux rester un peu plus longtemps en vie.

Severus empocha la bague et marqua un temps d'arrêt.

- Que veux-tu Lucius, pour ton aide ?

- L'assurance que ma famille sera protégée et que Drago ne sera pas inquiété, même s'il porte la marque.

- Narcissa est près de sa sœur. Ton fils est protégé. Il... Je doute que qui que ce soit ne puisse l'atteindre, si les choses tournent en notre faveur.

- Ce vieux fou de Dumbledore a-t-il changé d'avis ?

- Je ne sers plus Dumbledore, Lucius. Mon allégeance, comme celle de ton fils, va à Harry Potter.