Prologue

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Je talonne une voiture noire depuis trente minutes. Chaque seconde me semble durer des heures. Ma respiration est saccadée et mon coeur bat la chamade. La vitesse qu'affiche le compteur de ma voiture grimpe à une allure folle. Cent kilomètres heure. Cent-vingt kilomètres heure. Cent-quarante kilomètres heure. Cent-cinquante kilomètres heure. Malgré ma vélocité excessive et croissante, je reste attentive et ma berline est stable. Je n'oublie pas mon objectif: appréhender l'homme que je poursuis et faire justice aux propriétaires de la maison qu'il a cambriolée.

Dans un virage particulièrement serré, je ralentis. Le voleur, lui, tente le tout pour le tout et maintient une vitesse deux fois plus grande que la limite permise. Dans le premier quart de la courbe, l'automobiliste imprudent parvient à garder un certain contrôle de son véhicule. Malheureusement pour lui, une voiture arrive dans l'autre sens et le déconcentre, le faisant dévier vers la gauche avant de faire un tonneau par-dessus le garde-fou et rouler jusqu'au fond du fossé. Aïe.

Je me range sur la voie de service et je sors mon pistolet à impulsion électrique. Je ne m'en suis jamais servie, mais le chef du poste où je prévois travailler plus tard a insisté pour que j'en aie un avec moi au cas où j'aurais besoin de me défendre. Les stagiaires n'ont pas le droit de porter des armes à feu comme les policiers diplômés. Or, mes missions sont périlleuses, car je suis la meilleure de mon année. C'est pourquoi l'Académie a réussi à trouver un compromis: ce taser que j'ai toujours avec moi mais que je n'utilise pas.

Je m'approche de la voiture en espérant que le truand que je viens de pourchasser est toujours en vie. Comme le véhicule est à l'envers, j'ai peur que l'homme ne soit grièvement blessé.



« Êtes-vous toujours conscient?

- Faites-moi sortir!

- Gardez les deux mains sur le volant. »


Le larron s'exécute et j'arrive à ouvrir la portière de son côté.


« Vous êtes en état d'arrestation. Sortez du véhicule et couchez-vous au sol, les deux mains derrière la tête. »


Il obéit, et je lui passe les menottes. Son regard à la fois frustré et amusé me perturbe. Pourquoi sourit-it? Je viens de mettre un terme à ses activités illégales!


« Ne me dites pas que je me suis fait choper par une gamine, en plus...

- Montez dans la voiture avant de recevoir un coup de taser dans l'estomac. »


Voilà pourquoi il souriait. Il a décidé d'être casse-pieds jusqu'à la fin.

Je l'enferme à l'arrière de mon véhicule, puis j'appelle une équipe de nettoyage.


« Bonjour, c'est Émilie.

- Salut Émilie, qu'est-ce qu'on peut faire pour toi?

- Je vous partage ma position, vous verrez l'emplacement exact. J'ai besoin que vous envoyiez quelqu'un pour récupérer tout ce qui a été volé lors du cambriolage. La voiture que vous cherchez est noire et complètement retournée.

- On est là-dessus.

- Merci. »


Je retourne à ma voiture de police.


« Je vous emmène au poste.

- Alors, petite? On joue les grandes filles?

- Vous savez que c'est illégal d'emmerder les policiers?

- Tu n'es pas une policière. T'es quoi, la fille du chef de ton poste de quartier?

- Non. Une étudiante à l'Académie de Police qui achève sa dernière année d'études policières.

- Tu as l'air bien jeune, pour une étudiante de niveau universitaire.

- J'étais une surdouée, j'ai sauté cinq ans. J'ai dix-huit ans. Maintenant laissez-moi me concentrer sur la route si vous ne voulez pas qu'on finisse comme la voiture que vous conduisiez tout à l'heure. »


Je fais usage d'un ton froid et distant tandis que je réponds à ses questions. Il finit par abandonner, à ma grande satisfaction.

Nous arrivons au poste au bout d'une heure. Le malfrat qui se trouve derrière moi nous a beaucoup éloignés de la ville dans sa vaine tentative d'évasion. Lorsqu'il m'aperçoit et qu'il constate que le cambrioleur est à l'arrière de mon véhicule, il sourit.


« Émilie, tu ne cesseras jamais de m'impressionner. Je t'ai confié cette mission en me disant qu'elle était peut-être trop dangereuse pour une stagiaire, mais tu as une fois de plus prouvé que tu es destinée à être une grande policière.

- Merci, Chef.

- Pour le reste, je m'en occupe. Tu peux aller à ton cours de l'après-midi.

- Bien, Chef. »


Je m'apprête à disposer quand le chef pose sa main sur mon épaule.

Il sait pourtant que je déteste les contacts physiques inutiles...


« Ah, et... Émilie?

- Oui?

- Passe dans mon bureau demain matin, avant tes cours, s'il te plaît.

- J'y serai. »


Je quitte le poste pour aller à l'école, la tête pleine de questions.

Pourquoi m'a-t-il convoquée dans son bureau?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 08, 2019 ⏰

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