Par (in)exactitude

Chapitre 2

Si on m'avait dit que ce type m'inviterait à dîner au lieu de me poser un couteau sous la gorge, j'aurais haussé les sourcils en souriant. Le combat de ce soir prend une forme qui ne m'est pas familière. L'organisation ne défend ni les bonnes, ni les mauvaises causes. Nous nous contentons d'obéir aux ordres des hauts placés sans poser plus de questions en échange de milliards d'euros. Les missions peuvent aller du sabotage d'une robe pour une occasion au meurtre. Certains d'entre nous se battent tout simplement pour défendre les potentiels agresseurs de l'organisation, d'autres se chargent des missions en général et d'autre encore sont des espions très expérimentés qui agissent autant pour l'organisation que pour la clientèle. Pour ma part, je n'ai pas de poste fixe ; je fais partie d'une minorité qui excellent dans tous ces domaines. Mais je n'ai jamais été confronté à une guerre sans violence. 

La robe est magnifique. Pourpre, elle moule chaque partie de mon corps à la perfection et prend fin au dessus de mes genoux. Mes cheveux noirs tombent en cascade vers le bas de mon dos. Durant ma dernière mission, j'avais eu ordre de les laisser pousser. On m'a guidé les yeux bandés jusqu'à cette chambre. Seul les odeurs et la résonance des pas m'ont permis de comprendre que je passais d'un sous-sol au deuxième étage, vingt cinq mètres sur la gauche après deux virages à droite. L'endroit semble immense, c'est sûrement l'un de leur QG. 

Durant ma précédente mission, j'avais reçu l'ordre de séduire un homme du nom de Gus, trafiquant de drogue depuis l'adolescence et responsable de nombreux enlèvements pour le profit de son groupe de délinquant. Mon seul objectif était de libérer un fils de riche et de tuer l'homme. J'avais deux mois, j'ai respecté mes délais. 

- Mon nom est Gabriel, annonça le blondinet en entrant dans la pièce un bandeau noir à la main. Tu dois me suivre. 

J'obtempère et me retrouve de nouveau les yeux bandés, guidé par son imposante masse musculaire. Nous débouchons dans une pièce que je devine spacieuse et luxueuse. On me retire mon bandeau, Gabriel effectue une légère révérence avant de s'en aller et je me retrouve nez à nez avec... 

- Je suis Léandro. lance t-il en tirant ma chaise. 

Je me contente d'accepter son invitation sans dire un mot, les joues presque chaudes. Comme je le pensais, l'endroit est immense, le sol est fait de marbre blanc et les murs ornés de somptueux tableaux. La table fait plusieurs mètres de long et nous sommes assis à chacune de ses extrémités. 

- Bien, commençons par le commencement si vous le voulez bien, Mademoiselle Scarlet, chienne écarlate d'OLSE...