Prologue

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Parce que bien souvent, les mots sont inutiles. Que même les gestes sont futiles. Parce que bien souvent, même se serrer dans les bras l'un l'autre et pleurer toutes les larmes de notre corps jusqu'à ce que l'on soit totalement desséché n'en vaut pas la peine. Cette impression de temps perdu, ce sentiment que l'on a raté quelque chose ou que l'on a fait quelque chose de mal sans pour autant se dire qu'on fait les choses mal. Ce sentiment que plus rien ne va dans notre vie, que l'on s'accroche à quelque chose futile et d'inespéré. C'est ce sentiment que j'ai ressenti lorsque j'ai serré pour la dernière fois le cercueil de mon père avant qu'il ne soit enfui pour toujours plusieurs mètres sous terre.

Ma vie n'était qu'une vaste panoplie d'échec et de rebondissement totalement raté. La seule chose que j'avais réussi à faire de bien, était de rendre mes parents, parents. Pourtant, du haut de mes vingts-cinq ans, j'avais le sentiment d'avoir même raté cette mission. Ma mère était morte, il y a maintenant cinq ans, tué dans un accident de voiture alors qu'elle revenait du travail. Mon père, quant à lui, venait de mourir d'un cancer du poumon alors qu'il n'avait jamais fumé de sa vie.

Pas de frère, ni soeur, plus de famille, plus d'épaules sur qui poser ma tête ruisselante de larmes. Seule Anna, ma meilleure amie était là, tenant en laisse ma fidèle chienne Meika. Plus fidèle qu'un homme, plus fidèle qu'une femme, elle me suivait partout où j'allais.

Anna posa délicatement sa main sur mon épaule et murmura à mon oreille :

- Il est temps Anjia, il faut le laisser partir maintenant.

Me relevant avec peine, les yeux gonflés par les larmes, la tête meurtri par le chagrin. Je regarda impuissante, le cercueil être couvert de terre.

Le curé prononça quelques mots totalement inaudible et s'éloigna. Fixant toujours l'emplacement de mon père, le monde disparu doucement autour de moi. Je senti une truffe humide venir se frotter contre ma main et un poil soyeux onduler sur mon mollet. Baissant le regard, je regarda Meika droit dans les yeux et y vu la compassion, la tristesse et dans ses iris, j'y vis la profondeur et le coeur pur d'un être vivant.

Une main attrapa la mienne et telle une enfant perdue, je suivi la silhouette. Je regarda vers le sol, et vis la queue battante de Meika au rythme de ses pas.

Sans même comprendre comment, j'étais assise sur la vieille balançoire de notre jardin, à regarder le fond du jardin. J'avais envie que le monde s'arrête, qu'il se stoppe pour pleurer avec moi la mort de mon père. C'était un homme bon, un homme de foi, juste et le coeur sur la main. Il ne méritait pas ce destin, il ne méritait pas de prendre la route que la vie lui a ordonnée d'emprunter.

" - Anjia, sois forte ma chérie. Dis toi que mon livre était écris ainsi, on ne peut faire autrement, c'est mon destin. Je vais rejoindre maman bientôt. "

- Tu lui diras que je l'aime ? Serres là très fort dans les bras quand tu seras là haut. Tu me le promets ? "

- Je te le promets ma chérie, sois forte. Je t'aime tellement. "

Ses dernières paroles avant de quitter ce monde. Ses dernières paroles qui résonnent encore en moi. Mon père tant aimé, mon père tant adoré.

Pardonne mes erreurs.

- Anjia ?

La voix d'Anna me sorti de mes pensées et je me tourna vers elle.

- Tu devrais rentrer, il fait noir et tu vas tomber malade.

Je regarda le ciel et vis qu'il était éclairé de milliers d'étoiles. Le nuit était tombé depuis un moment sans même que je ne m'en rendes compte. Je descendis de ma balançoire et retourna à l'intérieur. La maison était vide et si calme.

Sans un mot, ni un geste envers mon amie, je me dirigea vers le bureau de mon père et m'y enferma. La pièce paraissait sombre sans sa joie et sa présence. Dos contre la porte, je m'y laissa glisser et fondis en larmes. Puis sombra dans la pénombre.

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⏰ Last updated: Jul 28, 2019 ⏰

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