Avant-propos

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Bonjour je m'appelle Elle. Et je vais vous raconter mon histoire. Il y a quelques années, j'ai rencontré l'amour. Sans m'y attendre, sans m'en rendre compte, par hasard. Malheureusement pour moi, le hasard ne fait pas toujours bien les choses. J'étais jeune. Il était bien décidé à faire de moi sa propriété, sa chose. Et sans le savoir. J'étais prête à l'accepter. Il m'a détruite. Il m'a brisé. Je ne suis plus vraiment sur Terre car pour moi le temps s'est arrêté.

Pendant cinq ou six années, j'ai été la victime de manipulation perverse, de perversion narcissique ou appelez-ça comme vous le souhaitez. Il a volé mon cœur. J'ai été son amoureuse, comme un syndrome de Stockholm j'ai aimé mon bourreau, et je crois que c'est le plus dur. J'ai dû apprendre à mes dépends qu'il y a des blessures que le temps n'efface pas, elles s'incrustent en nous comme les symptômes d'une maladie incurable.

Naïvement , j'ai longtemps cru qu'il fallait que j'essaye de continuer à évoluer dans un ordre, que je reste à ma place, le cœur serré, la mâchoire bloquée, souriante, mais bel et bien brisée. La réalité? Chaque jour est un jour de survie, bercé de nuits d'angoisse. Si mon cœur se tait la nuit, ce n'est qu'un mirage, qu'une illusion car j'ai encore mal dormi, tout est flou dans mon esprit, entre questions et larmes. Je tiens bon car il le faut mais chaque fois que je m'endors la nuit, j'entends des voix, des mots, des sanglots, je vois des mains, du sang, des cris. Ainsi, la douleur, la souffrance, la tristesse, les larmes deviennent comme une drogue à laquelle je m'accoutume avec ce temps qui passe. Il faut que je m'éloigne, que j'oublie ma tristesse. Mais la vérité c'est que je ne sais pas toujours ce qui ne va pas, est-ce que je vais mal à cause du choc, à cause de ce que j'ai vécu ou est-ce que c'est parce que je l'aime et qu'il me manque...
Je suis un peu perdue mais je crois que c'est tout à la fois. Je me déteste de l'aimer, je me déteste plus que je ne l'aime. Le cœur déchiré, j'avance avec chaque jour des envies de vide, je me sens si proche du bord que j'aperçois le fond, je perds pied, j'ai l'impression que c'est la fin.. J'ai du mal à me reconnaître: je ne trouve plus la force de lutter, je ne trouve plus la force de résister. Je ne ferai pas un pas de plus, je dois tenir bon.

Soudain, je réalise enfin que ma situation n'est plus possible, que j'ai besoin d'un exutoire, d'un échappatoire et les mots m'apparaissent comme une évidence. Il fallait apaiser mes blessures, alors j'ai pris le peu de force qu'il me restait, les quelques armes encore présente dans mon âme et j'ai écrit... j'ai créé ce monde à moi, mon jardin secret, mon petit coin personnel à mi-chemin entre le paradis et l'enfer. Parce que c'est tout ce que j'ai, mes mots, c'est la seule chose qu'il ne m'a pas prise, j'ai écris. C'est tout ce j'ai: écrire, dire en dehors de mes écrits, je ne sais plus très bien qui je suis. Si désormais, je ne veux plus vivre dans le passé, je ferais n'importe quoi pour laisser la trace de mes mots sur nous, de mes maux sur toi. Car la vérité c'est que tout. Tout. Tout me ramène à lui, j'ai l'impression de me perdre.

Les blessures cicatrisent mais ne disparaissent pas, j'avais toujours peur, toujours honte et j'essaye de rester forte mais je réalise que les mots ne suffisent pas. Je me questionne si j'étais plus forte sans lui, ma vie prendrait-elle enfin un sens? Il faut que mon cœur réapprenne à fonctionner.

Pour recommencer à vivre j'ai décidé de faire face à ma plus grande angoisse, partager. J'ai rassemblé mes mots, utilisé mon encre remplaçant ma salive, j'ai déversé mes mots pour ne plus versé mes larmes et remplir ces pages sur lui, afin d'en faire un seul et unique témoignage, puis enfin effacer cette histoire de ma mémoire comme on supprimerait un fichier sur son ordinateur. C'est bien plus facile pour moi d'écrire que de parler.
L'écriture est le lieu où je renferme les peines que je n'ai pas la force d'exprimer, je vous écris ma peine pour mieux l'oublier. J'ai ainsi décidé que je raconterai mon histoire pour ceux qui veulent bien l'écouter, vous le demandant comme une faveur, lisez-moi mais ne me jugez pas.

Il faut que je répare tout ce que tu as détruit
en moi, dans ma vie, dans mon esprit. Alors, aussi loin que ma voix peut porter, je crierai ma souffrance. Tu as transpercé mon âme, fait saigné mon corps et brisé mon cœur mais j'ai conservé ma voix et j'ai réussi à enfouir mes mots pour que tu ne puisses pas me déposséder d'eux aussi. Je m'accroche pour ne pas craquer, tout en essayant de te faire peu à peu disparaitre. Pour peu à peu t'effacer. Pour que tu sortes enfin de ma tête. Que je te laisse t'en aller. Je n'ai jamais eu le courage de le dire de vive voix, je n'ai jamais eu le courage d'en parler. J'ai essayé, j'ai tenté mais j'étais toujours trop faible, trop fragile, trop honteuse pour me confier. Car je suis faible, faible face à lui.

Je ne peux ni contrôler mon amour ni ma haine, je ne peux pas lui résister, je suis figée, impuissante, incapable, moins que rien face à lui, alors je capitule et j'abats ma dernière carte pour remplacer les océans de larmes que j'ai dû verser par une main tendue envers ceux qui vivraient ce que j'ai traversé. J'ai compris qu'il était temps que j'utilise mon histoire pour aider les âmes qui se sont perdues comme je l'ai été. Une page s'est tournée, un chapitre de ma vie s'est terminé, mais l'histoire d'Elle ne fait que commencer.

Elle ou Lui? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant