Progrès.

une vie.

Mes doigts filaient sur chaque touche de l'instrument, l'harmonie était là, la mélodie était là, en résultait l'émotion. Mais ce n'était pas parfait. Face à lui, je n'étais qu'un piètre joueur. Il était doté d'un talent inné, il n'avait nul besoin de le travailler tellement il était doué. Je devais me tuer à la tâche pour composer. C'était bien anormal. Lorsque mes mains se suspendirent au-dessus des touches, les applaudissements fusèrent. Je relevai la tête, fixant l'auditoire. Puis les rideaux se baissèrent.

Il m'avait donné une de ses compositions. Je la jouais pour une première fois ce soir. En ayant vu mon dépit, il m'en avait fait don. Je n'avais pas voulu de sa pitié. Il m'a donc convaincu que c'était un présent. Un simple présent.

Alors je l'ai joué. Je l'ai interprété. Ce fut un succès. Un véritable succès comme je n'en avais pas connu.

La réalité me frappa. J'étais incapable de connaître la gloire sans voler l'art d'un autre.