OS OrelxGringe - Paradis.

Guillaume entra dans l'appartement et se dirigea directement vers la cuisine pour y déposer ses sacs de courses. Il se contenta de ranger les aliments à la va-vite à leurs emplacements avant de mettre les sacs en plastique en boule dans un sac en osier au sol, puis s'autorisa enfin à souffler. Il s'assit sur une des chaises de la cuisine et poussa un long soupire de soulagement. Ce n'était pas tous les jours qu'il allait faire les courses, et heureusement vu le temps et l'énergie que ça lui prenait à chaque fois, mais au moins pour une fois il y était allé à la place de son colocataire. Aurélien serait content de voir qu'il avait rempli le frigo pendant qu'il dormait encore et qu'il n'avait pas à y aller lui. Pour une fois. C'est vrai que Guillaume se laissait un peu aller, se reposant volontiers sur le plus jeune. Mais il se sentait de plus en plus coupable de mener ce train de vie et avait décidé de se reprendre un peu en main. Alors ce matin, il s'était levé de bonne heure (neuf heures), avait avalé un petit-déjeuner rapide, et était sorti pour aller faire des courses et remplir le frigo de bonnes choses pour la semaine à venir. Il avait même décidé d'apprendre à faire de nouvelles recettes. Après tout, il avait tout son temps de libre, et il ferait mieux d'augmenter ses connaissances dans différents domaines au lieu de flemmarder toute la journée devant la télé.

Il se leva alors, se demandant si son colocataire était réveillé, maintenant qu'il était quand même onze heures. Aurélien n'était pas le plus lève-tard des deux et il fut étonné de ne pas le voir avachi sur le canapé en train de lire, écrire, prendre son petit-déjeuner, ou encore en train de regarder un documentaire animalier. Il jeta un coup d'œil dans la salle de bain et, la voyant vide, se dirigea vers la chambre du plus jeune. Il n'était pas encore en train de dormir, non ? De sa part, ce serait étonnant. Quoiqu'il était encore peut-être fatigué ? En tout cas, s'il était réveillé il ne serait sûrement pas dans sa chambre, vu qu'il n'y allait absolument que pour dormir. Il s'approcha de la porte et allait toquer en appelant son prénom lorsqu'il entendit quelques notes de musique sortir de sous la porte. Il regarda celle-ci d'un air confus comme si elle allait lui expliquer ce qu'il se passait de l'autre côté. C'était des notes au piano. Il savait qu'Aurélien avait un piano, oui. Enfin, c'était plus une sorte de clavier électronique. Mais ce qu'il comprenait pas, c'était pourquoi il en jouait dans sa chambre. D'habitude, quand il en jouait, c'était strictement dans le salon afin qu'il puisse l'entendre jouer.

Guillaume enclencha la poignée de la porte doucement, afin de ne pas faire de bruits, et entra dans la chambre de son ami. Celui-ci était de dos, à droite de sa fenêtre, et semblait chercher des accords sur son clavier. Guillaume se demanda brièvement s'il avait commencé à écrire une nouvelle chanson et avait déjà envie d'en trouver l'instru, avant d'entendre le plus jeune chanter à voix basse :

« Qu'est-ce que j'irais faire au paradis ?
Quand tu t'endors près de moi.
Qu'ils le donnent à d'autres le paradis,
Je n'en voudrais pas. »

Guillaume esquissa un fin sourire en entendant les paroles d'Aurélien, si différentes de son registre habituel. Est-ce que c'était vraiment une chanson d'amour ? Une vraie cette fois-ci et non pas une parodie pour une fête débile et commerciale ? Il se demandait à qui elle se destinait. Pourtant, il l'aurait su si son ami avait eu un crush sur une fille ces derniers jours, non ? Ils s'étaient à peine quitter de la semaine de plus, restant à l'appart ensemble la journée et voyant leurs potes le soir à l'Embuscade. Il fut tiré de ses pensées par la voix de son ami, à peine plus forte qu'avant, qui récitait le texte au brouillon qu'il semblait avoir devant les yeux sur son pupitre :

« Ils disent que pour tenir un couple, faut l'entretenir tous les jours,
Ces connards n'y connaissent rien en amour.
Comme si j'devais faire un effort pour t'écouter,
Comme si j'avais déjà douté.
J'aimerais tes défauts si jamais j'arrive à en trouver.
Rien n'a bougé depuis nos premiers Je t'aime,
Ça fait 7 ans qu'on sort ensemble depuis deux semaines. »