A la mémoire d'hier

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En ce chaleureux jour d'été, Ryoko Sakaki Ibusaki avait décidé de consacrer toute sa journée au tri de son grand et poussiéreux grenier. Cela faisait maintenant presqu'une heure qu'elle était là, à essayer de décider définitivement ce qu'elle gardait ou ne gardait pas, mais malheureusement, les choix qu'elle devait faire étaient soudainement devenus plus difficiles que ce qu'elle avait, au départ, imaginé. Le rangement et le ménage était pourtant quelque chose qu'elle savait le mieux faire, détestant le bordel et la poussière, mais aujourd'hui, elle avait juste beaucoup de mal avec ça. Il fallait dire aussi qu'il y avait beaucoup trop de chose à faire, et même elle, Ryoko Ibusaki, avait voulu plusieurs fois abandonner. Mais c'était avec une tristesse évidente qu'elle se rendait compte que si elle ne le faisait pas aujourd'hui, elle ne le ferait jamais tellement ce grenier était en bazar. De haut de sa maison, elle pouvait encore entendre les cris de ses enfants s'amusant dans le jardin ainsi que les aboiements du chien qu'ils avaient adopté il y a près de cinq ans à présent. Son nom retentit dans la maison avant  qu'elle n'entende des pas se rapprocher de plus en plus elle. Lorsque la trappe s'ouvrit, elle se retourna vers celle-ci, dos à elle jusqu'ici, et sourit tendrement au nouveau visiteur. Celui-ci s'avança jusqu'à elle avant de placer son bras sur ses épaules et de s'asseoir à ses côtés, silencieusement.

« Je savais pas que regarder de vieille photo signifiait faire le ménage, lui dit-il avec amusement.
-Arrête un peu de te moquer veux-tu, elle enchaîna tout aussi amusée. Mais regarde... On était tellement jeune à cette époque...
-Tu es toujours aussi belle. Avec quelques rides en plus, certes, mais toujours belle. »

Pour toute réponse, il reçu un léger coup de poing sur le torse qui le fit plus sourire qu'autre chose. Le livre qu'elle tenait entre ses mains était poussiéreux et en mauvais état. Ryoko l'avait retrouvé quelques minutes plus tôt, dans un de ces cartons plein de poussière. Elle ne pensait pas retrouver ce cahier de mémoire dans un tel état. Le bord des pages blanches avaient jauni, quelques unes étaient déchirées ou froissées. Néanmoins, les photos qui y résidaient n'avaient reçu aucun signe de dégât ce qui avait soulagé l'adulte profondément. Elle avait feuilleté quelques pages avant l'arrivée de Shun Ibusaki, son bien-aimé mari. Les images qui avaient défilé devant ses yeux étaient quelques uns de leur passage à Totsuki, les compétitions sérieuses ou encore les duels amicaux... Toutes ces fois où ils avaient vécu des choses intenses. Les souvenirs de ces précieux moments défilèrent rapidement dans la tête de la rosé, laissant plané un sourire nostalgique sur son visage. Puis lorsque son mari était arrivé, la page avait été tourné pour montrer les photos de la cérémonie de leur diplôme, au printemps. Elle et Shun était sur le côté, souriants à la caméra avec leur diplôme à la main. A leur droite, Yuki Yoshino et les trois autres garçons du dortoir, Aoki Daigo, Sato Shoji et Marui Zenji, ainsi qu'Isshiki-senpai, à leur gauche Alice Nakiri et Ryo Kurokiba. Erina Nakiri et Soma Yukihira se trouvait en plein milieu de la photo, Hisako Arato et Mito Ikumi à la droite de la blonde, et à côté du rouquin, sa meilleure amie, Megumi Tadokoro, les frères Aldini, Takumi et Isami, et enfin Akira Ayama.

Cette journée avait été un mélange de pur bonheur, de peur et de drame. Ils avaient ri, pleuré, crié, leurs rêves n'étant évidemment pas les mêmes. Mais ceux qui avaient vécu le pire étaient bien Megumi et Takumi. La bleue souhaitait à tout pris rester au Japon aider sa famille alors que Takumi avait toujours cuisiné dans le but de reprendre l'affaire familiale, la Trattoria Aldini, qui faisait la fierté de leur famille. Ils en étaient venus à se séparer, les frère Aldini retournant en Italie tandis que Megumi retournait dans son petit restaurant pour aider sa famille. Cette séparation les avait tous les deux déchirés. Tadokoro n'était plus vraiment aussi joyeuse qu'avant et avait manqué de sommeil les premiers jours chez elle. Ryoko avait souvent pris des nouvelles de son amie, un peu inquiète pour elle, et avait plus d'une fois entendu ce ton brisé dans sa voix.

A la mémoire d'hierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant