Selon Frédéric Beigbeder, l'amour dure trois ans. Soit, 1 095 jours, ou 26 280 heures. Rien que ça. Trois ans déjà, je trouve ça long. Peut-être est-ce vrai pour un couple de base, un couple calme, un de ces couples "phares" que tout le monde idéalise et de qui ont parlé toujours en se posant la question fatidique : "mais ils sont toujours ensemble ?" Oui, ils le sont. Ils le sont, parce qu'on peut passer beaucoup plus de trois ans avec la même personne si on ne la contredis jamais. On peut passer une vie entière avec cette personne, ça ne voudra pas dire qu'on en est encore follement amoureuse. Ça ne voudra pas dire qu'on est lui-même encore heureux. Cela voudra simplement dire qu'on sait habituer à ce petit train-train quotidien. Que l'on a appris à aimer la monotonie et qu'on est fait pour cette constance et ce sentiment de sécurité. Seulement pour moi, l'amour ? L'amour, c'est l'insécurité. C'est l'inconstance. Ou bien alors, ça n'a absolument aucun sens. Pour moi, l'amour a duré deux mois. Enfin, officiellement du moins.
Adosser contre un muret, les fesses contre le goudron réchauffé par l'après-midi ensoleillée, Lysa et moi étions en train d'observer un couple se bécotant de l'autre côté de la rivière qui traversait notre petit village natal. Ils se roulaient des pelles comme les ados titiller par leurs hormones qu'ils étaient. "Baah, j'espère que je ne tomberais jamais amoureuse." Lâchais-je avant d'enfiler un nouveau schtroumpf en gélatine dans ma bouche. Nous avions passé la journée à jouer au village, rentrant à la maison à midi et s'empressant d'enfiler de nouveau nos baskets pour retourner sur notre terrain de jeu favori, le cours de récré. Le cours de récré pendant le week-end, bien sûr. Sinon, ce ne serait pas si amusant. Nous ne jouions pas vraiment, par littéralement du moins. Nous devions avoir dans les neuf ou dix ans et nous voulions jouer les grandes. Alors, nous avions décidé de traîner seule dans les rues et supplier nos parents de nous refiler quelques pièces de monnaie pour pouvoir courir à la petite épicerie et s'acheter ce qu'on appelait à l'époque "des livres de stars" et ce qui était appeler en réalité "des magazines people". Le reste de notre argent finissait dans le rayon confiserie de la boulangerie, les bonbons en détails que nous pouvions acheter par dizaines avec un simple euro. Puis, nous nous asseyons en bas de la colline qui bordait l'école et nous parlions en essayant de se la jouer adolescentes de base. "Et bien moi, il me tarde de tomber amoureuse." Lyssa avait toujours été comme ça. Depuis son plus jeune âge, elle était la reine de la famille. Du moins, de sa famille. La petite dernière, la petite princesse que personne n'avait le droit d'embêter. Chouchouter, on lui racontait à longueur de journée qu'elle était la plus belle, une vraie reine de beauté. Alors au fil du temps, elle avait fini par y croire. Tout lui arrivait dans le bec tout prêt, les garçons, malgré notre jeune âge, étaient déjà l'un de ses sujets de conversations préférées. Lyssa était plus âgée de deux ans et c'était elle qui avait insisté pour que l'on arrête de jouer comme des enfants et que nous nous mettions à agir comme des ados. Elle avait décrété qu'elle était "grande" après avoir commencé à "sortir" avec un garçon de sa nouvelle école. Moi, j'étais toujours une gamine dans ma tête, mais j'essayais de jouer la grande pour ne pas tâcher le décor. Enfin bref, elle avait commencé à avoir des copains vers l'âge de sept ans et n'avait jamais vraiment cessé depuis. Moi, tout ça, c'était loin de m'intéresser. Pour le moment du moins.
- Il n'arrête pas de te regarder, on dirait qu'il va venir te parler.
- Arrêtes-toi, je lui parle pas de toute façon? Vaudrait mieux pour lui qu'il n'essaie pas.
- Non mais si, si, regarde il vient ! Il vient parler !
- Et m*rde !
Melanie se tournait pour lui faire face, tandis que je tournais dans l'autre sens pour moi, lui tourner le dos. Je n'avais aucune intention ni envie de lui accorder ne serait-ce qu'une seule de mes paroles. J'avais coupé tout contact avec lui, je lui avais fait clairement comprendre que je ne voulais plus jamais avoir à lui adresser la parole, mais visiblement, c'était un acharné ce garçon.
VOUS LISEZ
always care.
Teen Fiction- Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ça ? - Hey, ça va aller. Viens là, tout va s'arranger je te le promets. Elle essayait, mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas me promettre sincèrement que tout allait bien aller. Qu...