Sophie

Chapitre 1

—Plus que 5 minutes Sephora ! crie-t-elle

—Fais attention à ta voix, maman.

Je m'avance vers mon père qui prend tranquillement son café et lui fait un petit bisou sur la joue en guise d'au-revoir.

— Et toi...

— Oui papa, je ferai aussi attention.

Pour le rassurer, je lui fais mon plus beau sourire.

Cette cuisine va énormément me manquer... en fait, tout dans cette maison et peut-être même cette ville va me manquer.

Après un dernier coup-d'œil, je me sens enfin prête à me séparer d'elle.

— Prête jeune fille ?

Ça c'est maman, manipulatrice, perfectionniste, éternelle insatisfaite, sans cœur, ... Et j'en passe. Elle est si froide que je me demande de fois si elle m'aime aussi.

— Oui maman.

Je n'ai même pas le temps d'attacher ma ceinture, qu'elle démarre à toute vitesse. Ça se voit qu'elle a vraiment hâte de se débarrasser de moi. Tant mieux, je serai enfin dans une vraie maison et loin de ses reproches.

Après environ deux heures de route, elle m'adresse enfin la parole.

—Sephora, tu as maintenant quoi, dix-sept... dix-huit ans ?

—Dix-sept ans, maman.

— Peu important, l'essentiel est que tu es assez mature pour t'adapter à certaines situations ...

Elle fait une petite pause pour ajouter :

—... jusque là tu t'es montrée sage et j'en suis fière ...

Elle commence à me faire peur.

Elle fait une autre pause.

—... Comme tu le sais déjà, le travail que nous avons, ton père et moi, ne nous permet pas de rester longtemps au même endroit, nous pensons qu'il est peut-être temps pour toi de faire une pause, ces déménagements ne sont pas bien pour ton ... mental ... et je compte sur toi pour continuer d'être sage comme promis.

Depuis ce fameux jour, nous ne faisons que déménager. Nous ne restons jamais au même endroit pendant plus de deux mois. De fois, nous faisons juste deux semaines avant de changer de ville. Même si j'ai eu la chance de découvrir de nombreux endroits depuis la fenêtre de ma chambre, je regrette quand même de ne plus avoir eu une vie de lycéenne normale, plus avoir eu d'amis.

Lorsque je réalise qu'elle attend une réponse de ma part, Je la lui donne poliment :

— Oui, maman.

— je pense que ma sœur doit avoir une fille de ton âge, vous pourriez même être amie !

Amie !? je... je vais avoir une amie !?

Savoir que je vais avoir une amie, même si c'est ma cousine me donne des frissons dans tout le corps. C'est un rêve qui devient réalité. Pendant quatre longues années, j'étais privée de sortie, je ne pouvais même pas aller saluer nos voisins lorsque nous arrivions dans une nouvelle ville et mes cours en ligne ne m'étaient pas non plus utiles pour me faire des amis. En avoir enfin, me réjouis et m'effraie en même temps.

— ...Phora, Sephora ! ma chérie réveilles-toi !...

Hein? Quand me suis-je endormie ?... nous sommes déjà arrivées ? quelle heure est-il ?

—... dépêches-toi ! Demain, je travaille.

Je sors de la voiture et regarde le paysage qui nous entoure.

Wouah ! C'est magnifique.

Le ciel orangé parsemé de nuages rose qui me rappelle le Barbapapa, la légère brise qui me chatouille les oreilles et fait virevolter mes cheveux, les chants harmonieux des oiseaux, et tout ces champs verdoyant qui s'étandent à perte de vue me donne l'étrange impression d'être loin de tout mes problèmes, d'être au paradis.

— le paysage sera encore là demain, mais mon temps ne restera pas intact jeune fille.

— Désolée, maman.

Je prends ma valise et suis maman vers la jolie maison toute simple en briques rouges qui à première vue semble être bien entretenue avec des fleurs sur le rebord de chaque fenêtres.

À trois pas de la porte, celle-ci s'ouvre sur une copie conforme de ma mère en jean large et pull noir avec des chaussons
multicolores.

— Ça fait un bail !