A Agathe

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a Agathe
le soleil qui faisait trembler la pluie

Agathe, je l'aimais pour sa folie. Elle avait toujours le sourire, même quand les gens se fichaient de sa gueule à cause de son homosexualité. Les gens disaient qu'elle avait rien à faire sur terre, qu'un jour ils iraient la tuer. Et j'ai ri, parce que personne ne pouvait tuer cet ange. C'était la plus belle, en plus d'être précieuse, son cœur faisait chuter le mien. Je lui avais donné ma vie un soir d'été, sauf qu'elle l'avait refusé. Elle riait souvent et mon cœur tremblait.

Cette fille avait le don de faire vivre la joie quand elle semblait crever au bord des larmes des rejetés. Aujourd'hui, on jouait dans la cour à la marelle. Les gens lui tournaient autour, cherchant à la faire tomber. Et puis un gars, Nathan, a ouvert sa bouche :

-Oh la gouine !

Agathe a fait semblant de ne pas entendre mais Dieu savait, que les battements de son cœur se sont mit à pleurer. Elle avait mal, et j'avais mal pour elle. Cet ange ne méritait pas la haine et la stupidité de nos camarades. Nathan l'a poussé sous le ricanement de la foule avant d'ajouter :

-T'as perdu ta langue ?

Comme si sa méchanceté ne suffisait pas, il a frappé ses côtes avec son pied. Il menaçait de faire craquer ses os, et impuissante, j'ai appelé les enseignantes. Mais elles m'ont tournés le dos en éclatant de rire. C'est là que j'ai compris, qu'on allait être seules et qu'on le resterait.

J'ai regardé Nathan se défouler sur Agathe qui gémissait de douleur, les yeux humides. Les deux colosses de notre classe me tenaient fermement les bras en souriant. Et mon cœur s'est brisé lorsque mes larmes ont rencontrés les siennes. On était foutrement mal, même le bon Dieu n'auraient pas pu nous réparer.

Le ciel brillait, les humains aussi, sauf nous. On était l'horizon qui disparaissait.

Le soir, à la tombée de la nuit, on est montés sur son toit. C'était son habitat, parce qu'Agathe, elle avait pas vraiment de famille. Personne ne voulait de la perle qu'elle était, pas même ses parents. Ils lui donnaient seulement  un morceau de pain et un verre d'eau, pour ça qu'elle ressemblait à une brindille et que les gens se moquaient de cette dernière. Malgré ses galères, elle me souriait en me disant que tout irait bien alors que tout allait mal.

Un jour, vivre me ferait mal. Agathe me parlait des étoiles, et je l'écoutais comme si on allait crever demain.


La nuit noire me rappelait la sombre époque dans laquelle on vivait. Les constellations complétaient les cieux pendants que les morts faisaient vivre les étoiles. Brisée comme elle était, j'aurais donné mon âme pour la réparer. Mais c'était le genre de fille qui voulait exister de cette façon, bien amochée et tristement mélancolique.

Comme tous les jours, on s'est endormi à la belle étoile, enlacés l'une dans l'autre. Au réveil, la fraîcheur m'a enveloppé et ses bras n'étaient plus là pour me réchauffer. Elle faisait partie de ces oiseaux qu'on ne pouvait pas garder pour l'éternité, mais seulement pour quelques jours.

elle était l'oiseau qui volait pour mourir.


Sauf qu'elle est pas venu à l'école, ni aujourd'hui, ni les jours d'après. Les gens riaient, jouaient et continuaient de se moquer d'elle. J'ai pleurée pour elle, pour nous, pour nos souvenirs.

Quand j'ai sonné à sa porte, sa mère m'a ouverte, un nourrisson dans les bras. Il était beau mais il n'était pas Agathe, ma Agathe. Je l'aimais, tellement fort. Sa génitrice ne pleurait pas, et semblait la plus heureuse du monde. Alors, j'ai souri.

-Où est votre fille ? Ai-je demandé, impatiente.

-En train de brûler en Enfer.

Au début, j'ai pas compris. Mais la fumée dans le jardin m'a alerté et j'ai couru. Trop tard, il ne restait que ses cendres et les éclats de rire de son père. J'en ai voulu au ciel d'être aussi radieux alors qu'elle venait de mourir.

le feu était tellement beau qu'on aurait pu croire que c'était la fête du village.

Mes larmes ont changés la météo. Il a plu, sur mes joues, sur le sol, partout où j'étais. Ils n'avaient pas le droit, personne n'avait le droit d'enlever la vie de quelqu'un.

Une voix à l'intérieur de moi m'a dit "fuis, si tu tiens à ta vie" et j'ai couru. J'ai couru à en faire baver mes poumons pendant qu'un groupe de garçons me pourchassaient. J'ai trébuché en chemin et ils m'ont tabassé avec des multiples objets dangereux. Mon visage devait être affreux quand ils m'ont portés pour m'amener vers un précipice.

J'étais encore vivante, encore présente mais terriblement mal. Mon sang tachait mes habits, et mes larmes avaient du mal à couler. Agathe, si tu savais, comment ils m'ont tué, tu ferais pleurer toutes les étoiles du ciel.

parle-moi une dernière fois des étoiles, dis-moi que tout va bien
dis-moi qu'on s'aime

J'ai regardé le monde une dernière fois, et je lui ai dit adieu dans un sourire plus que forcé.

L'homme m'a brutalement jeté dans le vide. On était destinés à mourir parce qu'on s'aimait.

Dis-moi Agathe,
où est-ce que les anges vivent ?

J'ai vu un oiseau voler. Était-ce toi qui me faisait signe de me rejoindre ? Malheureusement, j'ai pas réussi à voler alors je suis morte.

Ils nous ont eu.
Je voulais vivre Agathe, je voulais vivre.

on s'aimait, ils s'en souviendront.

Fin.

voilà, cette œuvre est achevée !
elle m'a brisé le cœur
mais je devais l'écrire

elles méritaient de vivre.

et je veux vraiment qu'elles soient lu par beaucoup de gens.

ET SI AGATHE MEURT Où les histoires vivent. Découvrez maintenant