Épilogue

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Une odeur à réveiller les morts flottait dans la pièce, et son nez sentait cela en premier. Le parfum nauséabond que l'on ne trouvait qu'en un endroit au monde, qu'importe que vous soyez à Poudlard, au beau milieu de l'Australie ou au Pérou : celui d'un hôpital. La seconde chose fut la douleur. Elle envahissait chacun de ses membres avec la puissance de feu d'un dragon norvégien. Bien entendu, une plainte quittait donc rapidement ses lèvres et il entendit enfin... le bruit régulier d'un bip provoqué par les sorts surveillant ses fonctions vitales, une chaise vivement repoussée par quelqu'un qui se lève, une main qui se referme sur la sienne avec une douceur infinie.

— Godric? Godric, tu m'entends?

Cette voix... il la connaissait mais elle lui semblait presque étrangère. Celle d'un homme qui sentait l'eau de toilette que l'on ne trouvait que dans les boutiques de luxe du Londres moldu ou du Chemin de Traverse.

— Je vais chercher un médicomage, je reviens, soufflait une nouvelle fois la voix, avant que sa main ne soit lâchée.

Un instant, la sensation de peur le gagnait et il pouvait entendre le bip du sortilège indiquer les battements plus rapides de son cœur, jusqu'à de nouveau sentir cette présence familière et familiale. Il se souvenait. Ce parfum, cette voix, ce toucher... son père. Son père se trouvait à ses côtés. Mais... son père était mort, au département des mystères, non? Ou trop jeune pour avoir déjà cette voix. Comme s'il lisait son esprit, quelques mots furent soufflés à son oreille, tandis qu'un médecin l'examinait.

— Tu es rentré à la maison, tu es enfin chez nous, dans ta famille... ta mère et moi sommes très fiers de toi. Ton oncle Remus, James et ta tante Lily aussi...

Oncles. Tante. Maman. Tous ces mots tournaient jusqu'à ce qu'il parvienne à ouvrir les yeux, trouvant le visage souriant de Sirius à quelques centimètres du sien. Le sorcier avait bel et bien quelques années de plus, des rides ici et là, quelques cheveux blancs, mais ce qui prédominait tenait en une chose : son sourire. Le sourire d'un parent soulagé de retrouver son garçon. Doucement, l'ancien Gryffondor passait une main dans la tignasse ébène du plus jeune avant de demander au docteur son verdict. Il allait s'en remettre et bientôt retrouver une vie normale.

* * *

Quelques jours plus tard, 17 pour être précis, Godric rentrait chez lui. La demeure était belle et bien celle de ses souvenirs, si ce n'est que cette fois, sa mère n'était pas morte. Au contraire même, Sonny se trouvait dans leur salon, parmi les gens qui hurlèrent "SURPRISE" à son arrivée.

Durant son séjour à l'hôpital, son esprit s'était mis à trier les souvenirs de sa vie originelle et ceux de cette version de lui-même. Il reconnaissait ainsi le fils et la fille de Remus, tous deux métamorphomages grâce à cette chère Nymphadora. Harry, ses parents, le jeune frère de Harry qui venait de commencer sa scolarité à Poudlard et... son cousin Isidore qui vivait avec eux depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne dans cette vie. À peine entré, sa mère le tirait dans une étreinte d'ours, riant de le voir râler pour la forme avant de laisser tout le monde l'accueillir. Ici, Godric Black était tombé de son balais lors d'un match de Quidditch en quatrième année, ce qui lui cause de multiples fractures et un coma dont les médecins pensèrent qu'il ne sortirait jamais. Les seuls à faire le lien furent ceux présent lors de la bataille de Godric's Hollow et ils attendirent longtemps. Parfois, l'espoir leur manqua mais finalement, le plus jeune s'était éveillé et avec lui, le retour à une vie normale.

Voldemort ne revint jamais, il vivait quelque part dans le monde moldu, surveillé de près par la nouvelle personnification de la Mort. Mort qui trouva ironique de voir Tom devenir bénévole pour servir des repas aux sans-abris, en compagnie de la croix rouge. Il finissait par se marier, fonder une famille, sans jamais se souvenir de ce qu'il fut autrefois... jusqu'à ce que vienne pour lui l'heure de la mort et du jugement.

Les mangemorts furent pour la plupart emprisonné cinq ans à Azkaban, avant d'être relâchés dans divers pays - pour qu'ils ne puissent se réunir - et la haine entacha longuement leur lignée, qui dût attendre des générations avant de voir son premier sorcier naître après des siècles de moldus. Ainsi, Draco Malfoy ne vint jamais au monde, pas plus que Crabbe, Goyle et tant d'autres.

À l'âge de trente ans, Godric et Harry décidèrent de pousser la quasi perfection de cette ère de tolérance à un autre niveau. Tous les deux, ils commencèrent à ouvrir dans tout le pays des écoles de magie qui prépareraient les sorciers nés-moldus à comprendre leur monde avant leur entrée à Poudlard. Les inégalités finirent donc par disparaître peu et à peu et, surtout... une légende aida à cela. Génération après génération, même en l'an 2050, on parlait encore de cette époque sombre qui força la Mort à prendre corps. Tous les enfants connaissaient cette histoire où, si un sorcier venait à faire preuve de malice, de malveillance, envers un sorcier né de parents moldus, de sang-mêlé etc... alors sa propre magie lui serait confisquée à jamais. Moins d'un siècle plus tard, le statut de sang n'existait plus.

Tout allait bien.

Un secret de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant