chapitre 1

48 14 4
                                    

Qu'est-ce que l'amour ? Vous avez trois heures. Enfin... je pense qu'il en faudra bien plus. Je ne m'étais moi-même jamais posée la question avant maintenant. Il y a sûrement des millier de définitions chacune propre à chacun. "L'Amour est comme une drogue qui se partage à deux, elle est une force inépuisable qui plonge chaque être dans un état d'euphorie intense et irréel. Que cela peut être niais... Je ne crois pas en ces conneries, enfin c'est plutôt qu'on a brisé mes croyances dans ce domaine en tellement de petits morceau qu'il est impossible pour moi d'avoir une pensée cohérente à ce sujet. Mais bon, je m'emballe un peu. Commençons pas le principal, je suis Elison Parks et ma vie est officiellement fichue.

J'habitais une maison ordinaire dans un petit quartier de Broadstairs, et, en cette période de vacances, je vis une vie assez paisible. Ma maison se trouvant à quelques minutes de la mer, de la fenêtre de ma chambre je pouvais apercevoir une mer grise et agitée qui se confondais avec le ciel menaçant et orageux. Ce temps s'alliait à merveille avec mon humeur. Ma chambre étant mansardée, j'allumais les guirlandes lumineuses qui parcouraient mon bureau, mon lit et mon miroir afin d'illuminer la pièce. Contrairement à beaucoup de personne, j'adorais ces rafales discordantes, cette pluie diluvienne et cet oppressant ciel. Cela me donnait l'impression d'être minuscule face à un océan naturel déchainé et ça me rassurait. M'arrachant à la contemplation de ce sombre univers je décidais de sortir mes cahiers afin de commencer à réviser quelques cours. Il ne me restait plus que deux semaines de vacances avant ma rentrée en première et je n'avais pas ouvert un seul cours. D'habitude assez discrète, je comptais sur cette année pour me démarquer et me faire de véritables amis. J'ai toujours été la nouvelle réservée mais qui savait se défendre. Toujours première de la classe, j'avais appris à me faire aimer des élèves et des professeurs mais cela avait mis du temps. En effet, la vie ne m'avait jamais fait de cadeaux et j'ai dû passer par de nombreuses phases sombres. Je ne m'étais jamais sentie à ma place nul part et certains évènements ne m'avaient pas aidé à me sentir mieux. 

Ouvrant mon cahier de physique, j'essayais de me rappeler des formules apprises l'année précédente quand des bruits à l'extérieur attirèrent mon intention.  Je me levais et, tout en enlevant la buée sur ma fenêtre, je plissais les yeux pour tenter d'apercevoir la cause du raffut. Un camion de déménagement ainsi qu'un imposant 4x4 noir étaient garés devant la demeure en face de chez moi. Je réprimais un cri de surprise. En effet, cette maison, qui était nommée Billie House par tous les habitants du quartier, avait une histoire un peu particulière. Dans les années vingt, un homme vivant seul et sans aucune famille encore en vie fut découvert mort dans d'étranges circonstances. Il avait les yeux grands ouverts et les visage exprimant une terreur à nous glacer le sang. Quelques années plus tard, un couple avec deux enfants s'installa à Billie House. Ils étaient étrangers à la ville mais n'y restèrent pas longtemps. Effectivement, les parents furent retrouvés dans la même condition glaçante que l'ancien propriétaire tandis que les enfants avaient disparus. Au souvenir des photographies que j'avais aperçues, un frisson me parcourait. Je me souvenais de l'expression profondément terrifiée de ses personnes. Et puis... je me souvenais aussi d'autre chose, une sorte de désespoir qui emplissait les yeux de la femme. Cette vision m'avait perturbée un bon moment après avoir vu ses images. Ainsi, au fil du temps, de nombreuses familles avaient occupées les lieux mais aucunes n'étaient restées plus d'un mois. Elles étaient soit découvertes mortes ou disparaissaient mystérieusement et brutalement. Les enfants n'étaient jamais retrouvés. Or, depuis une dizaine d'années, elle n'avait pas été habitée. Du moins jusqu'à aujourd'hui... Cela faisait seulement deux ans que j'habitais le quartier, Billie House était donc déjà moitié en ruine quand j'étais arrivée. Je me mis sur la pointe des pieds et observais avec plus d'attention la bâtisse qui s'étendais devant mes yeux. C'était une sorte de manoir de l'époque victorienne. Une grille en fer forgé légèrement rouillée entourait la propriété. Derrière cette grille, on apercevait une cour pavée longée par de nombreux arbres morts dont les sombres branches se détachaient  du brouillard matinal. Au loin, derrière le manoir, on observait un vaste parc qui s'enroulait autour d'un triste loch qui semblait avaler la lumière afin de répandre tout autour de lui une atmosphère pesante digne d'un film d'horreur. Enfin, Billie House, légèrement surélevée, surplombait le loch, non... en fait, surplombait le quartier telle une maléfique égérie surveillant les moindres faits et gestes des habitants. Deux escaliers se rejoignaient en un pour mener à un porche sous lequel une imposante double porte en ébène formait la frontière en l'œil des curieux et la mystérieuse intimité que cachait le manoir. De nombreuses tours d'élevaient de part et d'autre de la demeure mais la plus grande, située en plein milieu, était si grande, si menaçante qu'elle semblait déchirer le ciel en deux. De nombreuses vitres étaient cassées mais la plupart empêchaient de voir l'intérieur de la bâtisse car elle étaient comblées de l'intérieur par des planches en bois difformes comme si elles avaient été posées le plus vite possible. 

Un crissement de pneus me sorti de ma contemplation quand je vis le 4x4 s'arrêter dans l'allée. Quatre ombres en descendirent. J'essayais vainement de les observer mais ces personnages étaient tous de dos, tournés vers la maison. Une grande femme dont de longues mèches brunes et soyeuses descendaient en cascade le long de sa fine silhouette ainsi qu'une jeune fille, faisant certainement ma taille et possédant la même chevelure éblouissante que sa mère, partirent explorer leur vaste propriété. De l'autre côté de la voiture, un homme aux cheveux blonds et sagement coiffés parti s'entretenir avec les déménageurs. Il les dépassait d'une bonne demi-tête. J'allais retourner à mes devoirs quand l'impression d'être observée me poussa à me retourner vers la fenêtre. Mes yeux se posèrent alors presque instantanément sur les iris fulgurants de la quatrième silhouette.

HéritageWhere stories live. Discover now