L'orang-outan menacé d'extinction totale d'ici 10 ans

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Par un matin d'août à Bornéo dans le parc national de Tanjung Puting, le photographe Jayaprakash Joghee Bojan retire ses chaussures, tient son appareil photo à bout de bras et entre dans l'eau froide colorée par la boue et les racines des arbres

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Par un matin d'août à Bornéo dans le parc national de Tanjung Puting, le photographe Jayaprakash Joghee Bojan retire ses chaussures, tient son appareil photo à bout de bras et entre dans l'eau froide colorée par la boue et les racines des arbres.

Il compte sur les rangers pour le prévenir si un crocodile approche et avance doucement dans l'eau pour ne pas affoler l'orang-outan mâle qui lui fait face. 

« Dans ce genre de situations, vous êtes comme hypnotisé. Vous ne ressentez pas la peur, ou les piqûres de moustiques, ni même le froid. Votre esprit est entièrement sur ce qu'il est en train de se passer. »

Bojan sait qu'il est en train de capturer une scène rare. Les orangs-outans sont connus pour ne pas beaucoup aimer l'eau - leurs longs bras sont davantage adaptés pour se balancer dans les arbres que pour nager. Pourquoi alors cet orang-outan se risque-t-il à une si dangereuse traversée ?

Il est possible que la déforestation de plus en plus importante pour la culture de l'huile de palme ait forcé ce primate menacé d'extinction à s'aventurer dans des endroits qu'il aurait naturellement évités. Que les plantations d'huile de palme soient ou non la cause de ce comportement atypique, son expression grave et sa vulnérabilité obligent le spectateur à imaginer les menaces pesant sur lui.

C'est ce rare aperçu de la vulnérabilité animale qui a conduit les jurés du Prix de la Photographie naturaliste de l'année 2017 à retenir la photo de Bojan. 

L'huile de palme : Une menace directe pour la faune

Déforester pour installer des plantations d'huile de palme décime les habitats des orangs-outans et les force à rentrer en contact plus souvent avec les Hommes. Privés des ressources naturelles en fruits, feuilles et pousses, les orangs-outans affamés se replient sur les jeunes pousses de palmiers à huile, ce qui les met en danger direct, les agriculteurs gardant jalousement ces plantations. D'autres orangs-outans, les plus jeunes en particulier, rendus orphelins par les chasseurs ou par les agriculteurs, sont également chassés pour êtres vendus sur le marché noir.

Ces diverses menaces pèsent tout particulièrement sur une espèce animale par nature timide, qui met plusieurs années à arriver à maturité et dont les femelles ne mettent bas qu'une fois tous les huit ans. L'Union internationale pour la conservation de la nature projette que d'ici 2025, les populations d'orangs-outans auront décliné de 82 % en 75 ans. Pour un orang-outan, c'est seulement trois générations.

Bojan est particulièrement sensible à cet état de fait. « Quand vous survolez la région, vous ne pouvez littéralement rien voir d'autre que des plantations d'huile de palme » dit-il. Et bien qu'il reconnaisse la complexité de la situation - les plantations fournissent du travail et ont permis à la région de connaître une croissance économique sans précédent - il insiste sur le besoin de sauver les orangs-outans. 

« Il est facile de s'identifier à eux, ils sont si humains. Leur façon de vous regarder, d'interagir... Ils ont des visages si doux. »

Si des mesures internationales devraient être mises en place pour lutter efficacement contre ce problème, des petits groupes comme celui des guides éco-touristiques ont déjà commencé à sensibiliser les cultivateurs sur l'importance de conserver l'habitat naturel de la faune sauvage. Les groupes utilisent même une partie de leurs ressources pour acheter des terrains, s'assurant ainsi qu'ils ne seront pas transformés en plantations.

Bojan prévoit de donner une partie de la somme qu'il a reçu pour cette photo à ce groupe pour soutenir le travail de conservation. « Je suis très heureux d'avoir remporté ce prix, particulièrement avec cette image, parce que je pense que les orangs-outans méritent plus d'attention. »

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