Intro

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Je ne sais plus exactement depuis combien de temps je marche. Une demi-heure ? Une heure ? Un quart d'heure ?...Je suis incapable de répondre objectivement à cette question. A quoi bon d'ailleurs ? Il y a plus urgent. Il est deux heures du matin passées. Des frissons me parcourent le corps jusqu'à présent. Une légère brise vient me caresser la joue. Les chiens aboient à ma vue. Je ne sais pas où je vais. L'adage selon lequel lorsque l'on ne sait pas où l'on va, il faut se souvenir de là où l'on vient prend tout son sens. Pourtant il y a quelques minutes de cela, ma vie suivait son train-train habituel. Il a suffi d'un coup de fil, un simple !et me voilà à la rue à la recherche d'un abri. Avant de pouvoir vous révéler les dessous de cette sinistre marche nocturne, laissez-moi le temps de me mettre à l'abri pour la nuit. Demain, lorsque je retrouverai mes esprits, je lèverai le rideau sur une partie de mon existence. Vous serez au courant de non seulement de mes agissements mais aussi de ceux de mes proches. Ne soyez pas trop durs avec nous. Votre vie n'est pas parfaite non plus. La nuit, tout le monde ne s'endort pas de la même façon...

Hélas pas de toit à perte de vue. Comment vais-je faire bon sang ? Pas de famille non plus à squatter. Bof.... A quoi bon d'ailleurs ? Personne n'oserait m'ouvrir la porte. Soudain j'aperçois une lueur...C'est drôle pas vrai ? C'est au moment où l'on s'attend le moins à une chose qu'elle se produit. J'espère uniquement que cela se déroulera comme dans les films hollywoodiens, avec une fin heureuse, bien entendu. C'est un cercueil roulant qui s'approche de moi. Le conducteur à l'air épuisé, alors je lui fais signe de la main. Il ne semble pas se soucier de ma personne. Mais je persiste. Je lève les bras et fais carrément de grands gestes et soudain l'envie me prend de me placer au bon milieu de la chaussée. De cette façon, il ne pourrait pas me rater. C'est ma seule chance de m'en sortir. Faut que je la saisisse à tout prix. Je remarque qu'il rétrograde et me manque de justesse avant de freiner juste à côté. Il n'est pas très âgé, mais il est doté d'un physique hors norme par la nature.

-Bonsoir Monsieur ai-je dit. Pas de réponse. Il s'approche tout lentement vers moi en ne prenant pas le soin de refermer sa portière.

-C'est pas un endroit pour les nerds. A-t-il commencé par dire. Qu'est-ce que le grand Monsieur (tout en faisant la courbette) ZAFIMOR cherche ici à cette heure tardive ?

-Ma voiture a eu une petite panne alors j'ai décidé de poursuivre la route sans elle, ai-je menti...
Sans me laisser le temps de lui demander de me rendre service, il me planta une balle en plein milieu du crâne.

Ma montre indiquait 03h07mn09s et c'est à cet instant précis que je venais de prendre définitivement rendez-vous avec mon destin.




                                    Chapitre 1

Mon nom est Hitars ZAFIMOR (vous l'avez sûrement remarqué ou fait la liaison) et le Monsieur qui s'est fait éliminer le 6 Juin est bel et bien mon père, enfin je crois. Où peut-être moi-même.
Né en 1956, Clayfe avait toutes les cartes en main pour mener une vie loin des strass et paillettes. Fils unique, il vit le jour à Dakar. Mulâtre, il vivait les préjugés au quotidien sans broncher. Son physique ne lui permettait pas non plus de riposter. Souvent, un courage soudain lui permettait de tenir tête aux gosses qui lui rabâchaient les oreilles avec leurs « le petit blanc » ; mais lorsque cela se produisait, on lui refaisait promptement le portrait. Son père était agent de sécurité au port. Sa mère quant à elle, le voile ne sera levé sur son identité que lorsqu'il franchira sa majorité.

Nous sommes en pleine saison pluvieuse de l'an 1955. Ibris vient de finir sa garde. Depuis quelques temps, il passe du temps au domicile de Madame Yvonne MAISONS. Le poste d'agent de sécurité lui conférait le titre de majordome au service des différents agents du gouvernorat. Mme MAISONS n'était pas particulièrement ce qu'on appellerait une beauté divine mais disons qu'elle avait son charme propre à elle. La bonne blague... Son mari ne ménageait aucun effort afin de profiter de la soumission qu'il exerçait sur sa femme pour pouvoir flirter en toute liberté et sans arrière-pensée avec tout ce qui bougeait. Certains lui octroyaient des nuits en compagnie d'une poignée de filles. Il faut croire qu'il n'y allait pas avec le dos de la cuillère. Sacré veinard !

Et si c'était Apaté? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant