Hôpital

64 3 0
                                    

Début avril 2013


Maman est hospitalisée durant les 2 semaines des vacances de Pâques. Tous les jours, je prends le bus pour aller la voir et je passe l'après-midi avec elle. Ma grand mère vient avec moi, et le soir papa prend le relais. De cette façon, elle n'est jamais vraiment seule, sauf le matin.

Je prends mes cours à côté d'elle, je révise déjà un peu, je fais des travaux en avance. Je m'investi à fond dans les études. Premièrement elles me permettent de ne pas penser à la maladie, deuxièmement je veux que maman soit fière de moi. Si elle peut se battre contre la maladie, je peux réussir mes examens et obtenir des prix ! Je veux voir dans ses yeux la même fierté que j'ai envers elle.


Pendant que mes amis sont en voyage rhéto, j'oscille entre maman à l'hôpital, les cours que j'étudie et synthétise pour les examens, et mon copain. Il n'habite pas loin de l'hôpital où maman se trouve, à Jolimont. Alors à la fin de la visite du soir parfois je rentre manger chez lui.  Ca me change un peu les idées, mais maman occupe toutes mes pensées.


La nuit, dans mon lit, je tremble. Maman me manque. Je ressens tellement de choses, que les coucher sur papier m'est difficile. Chaque nuit, les larmes coulent. Désormais, même la lune et les étoiles n'apaisent pas mes maux comme lorsque j'étais enfant. Seule ta guérison pourrait me faire oublier cette douleur.


Les jours se suivent et se ressemblent. Chaque jour nous empruntons ces couloirs. Ce couloir. Cette aile douloureuse pour tant de personnes. Nous connaissons désormais l'hôpital par coeur. Ou prendre un café pour papa, ou prendre quelque chose à manger pour maman... Mais tant que nous sommes ici, c'est que tu te bats pour guérir, et qu'il y a de l'espoir. Je crois toujours en nous, je crois en toi et en ta force. Tu vas vivre maman. Un jour, tout ça ne sera qu'un mauvais souvenir.


Je ne pensais pas à l'époque, que six années après ces journées à l'hôpital, je les regretterais. Je ne pensais pas que j'écrirais ton histoire. Je ne pensais pas, à ce moment précis, que tu perdrais cette lutte. Maman, j'aurais tout donné pour que tu gagnes ton combat pour la vie.


Ce qui me fait le plus de mal, c'est que ces médicaments, ces traitements qu'ils te font pour te soigner, te détruises. Tu subis tellement cette maladie, ça me tord l'estomac. Les aphtes vont jusque dans ta gorge. Tu ne peux plus manger. Tu bois à la paille, et les larmes coulent lentement le long de tes joues sans que tu ne puisses les retenir tellement tu souffres.

Malgré tout ça, nous sommes-là. Nous avons peur, mais nous sommes unis, à tes côtés, pour te soutenir au mieux. Nous pouvons au moins faire ça ! La famille est tellement soudée. Je sais que pour toi c'est important. Pas de dispute inutile, pas de soucis, juste les liens du sang toujours plus forts pour que tu vives maman ! Lorsque l'un de nous faiblis, tous se mobilisent pour le relever. Dans cet enfer, nous n'avons jamais été seuls.


Mi avril 2013


Je reprends les cours, maman pourra bientôt rentrer à la maison. Le soir, nous mangeons chez ma grand-mère maternelle. Je sais que ça fait du bien à maman.

Aujourd'hui, je ne comprends que trop bien à quel point une maman peut apaiser. A quel point elles sont importantes dans nos vies.

Les résultats de maman sont très bons ! Cela nous rassure avec papa, les métastases s'arrêtent, ils sont désormais en pause. Présents en elle, mais la plupart sont endormis dans son foie. C'est une bouffée d'oxygène pour papa et moi, et pour toute la famille. C'est une victoire que maman vient de remporter. Elle ne va pas s'arrêter là ! Les médecins disent à maman que c'est presque miraculeux que son foie soit aussi dégonflé tant le traitement a fonctionné !

Tu vas pouvoir te reposer un peu. Enfin, tu l'as bien mérité je pense. Il est temps pour nous de te chouchouter à la maison. Nous prenons soin de toi. Et tu rayonnes malgré tout ça. Tu nous laisse toujours un "ça va aller" qui nous rassure.


C'est peut-être cette naïveté, et cette foi que j'ai eu en toi, qui fait qu'aujourd'hui, je ne me suis pas encore remise de l'issue fatale de ton combat.

SurvieWhere stories live. Discover now