LE DROIT A LA VIE...

Chapitre 1: La rencontre

Chapitre 1............La rencontre

Mathieu se frotta les yeux et regarda autour de lui. C'était la sonnerie du téléphone qui l'avait réveillé. Il tâtonna autour de lui pour chercher l'objet du délit, il n'avait pas l'habitude de laisser son téléphone allumé pendant la nuit. Les gens vous appelaient à des heures indues et impossibles pour vous annoncer des nouvelles qui auraient pu attendre le matin ou encore juste pour un brin de causette quand ils se sentaient seuls.

Sa tante Mary pouvait gagner la médaille d'or dans cette discipline. Deux semaines encore auparavant, profitant de son oubli de laisser son téléphone ouvert, elle avait appelé à minuit quinze ! Incroyable, l'heure était restée gravée dans la mémoire de Mathieu.

<<- Bonsoir Mathy, excuse-moi de te déranger, avait-elle commencé, mais seras-tu à la maison ce samedi ? Je voudrais te parler.

- Tati, il est plus de minuit, ça ne pouvait pas attendre le matin ?>>

Elle s'était confondue en excuses en sanglotant, Mathieu, se sentant coupable l'avait en plus consolée. Il avait pris la résolution de ne pas oublier d'éteindre son téléphone avant d'aller au lit. Finalement, il ne l'avait pas fait la veille et devait déjà en payer les conséquences.

Il pensa ignorer l'appel mais ce n'était pas son habitude. Il préférait toujours dire ce qu'il pense et agir droitement

- Qui que vous soyez commença t-il d'une voix ensommeillée, j'ai besoin de sommeil et vous ne m'aidez pas beaucoup.

- Mathy, s'il te plaît arrête ton cinéma et lève toi
- Alex, as-tu vu l'heure ?
- Il est sept heures ici, à moins que tu n'aies un fuseau horaire personnel, ça devrait être la même chose chez toi.

Mathieu se cogna le front de la main. Sept heures ? Comment était- ce possible ? Il venait de se coucher.

Alex était son meilleur ami et l'un de ses associés. Ils dirigeaient à trois une société d'informatique qui faisait ses premiers pas. Ce n'était pas encore le succès mais ils se battaient tous pour que ça fonctionne. Ils s'étaient rencontrés sur les bancs de l'Université quelques dix ans plus tôt. Rien ne les préparait à devenir des amis inséparables, mais ils avaient pu préserver cette amitié au delà du temps. Jacques était apparu après, ça faisait cinq ans quand ils recherchaient quelqu'un pour les aider à monter leur société.

Alex s'était marié trois ans plus tôt et Mathieu était son témoin bien évidemment. Les trois hommes entretenaient de bonnes relations mais Mathieu avait toujours été plus proche d'Alex.

- Supposons, je dis bien Supposons qu'il soit sept heures du matin déjà, ce dont je doute fortement, si je ne me trompe pas, nous sommes dimanche et tu es censé être sous la couette avec ta femme entrain de jouer à papa et à maman. Pourquoi cherches-tu à m'adopter comme témoin de vos ébats?

- Mathy, je n'ai pas le temps pour tes délires, si Jacques t'a entraîné hier dans ses virées nocturnes, ce n'est pas mon problème. Justement c'est Pauline qui m'oblige à t'appeler, tu es attendu ici pour le dîner à dix-huit heures, ne sois pas en retard, ne manque pas, habille toi surtout.

- Oui papa, c'est tout ? Pourquoi ne me demandes-tu pas de me brosser les dents avant d'arriver pendant que tu y es ?

- N'oublie pas de te brosser les dents Mathy.

Mathieu sourit malgré lui. Pauline, la femme d'Alex était une jeune femme très sympathique et joviale. Elle l'aimait beaucoup et ne cherchait pas à s'immiscer dans la relation particulière que son mari entretenait avec Mathieu. C'est pourquoi il avait une grande estime pour elle. Elle préférait se concentrer à sa vie de couple et à leur gamin de deux ans dont Mathieu était le parrain. Elle avait dès le départ compris que Mathieu ne constituait pas un danger mais un allié. Son souci majeur restait à le caser maintenant et elle ne cessait de lui présenter une panoplie de jeunes filles, allant de ses cousines aux amies de ses amies.

<<- Pourquoi a-t-il fallu que la seule femme digne d'être épousée tombe sur un homme qui adore les problèmes comme Alex, tu aurais dû m'épouser Pauline, je t'aurai acheté la lune et ses voisins, les étoiles.

- Mathy, si tu dragues ma femme, je te rendrai en chair à pâtée, disait Alex
- C'est l'amour, répondait Pauline, il m'a emprisonnée dans son regard noir. >>

C'était la blague entre eux, régulièrement. Mathieu avait sa place dans leur famille et s'arrangeait juste à ne pas être trop encombrant.

Un énième dîner probablement pour lui présenter une énième femme se dit Mathieu. Quand Pauline comprendra-t-elle que tout le monde n'était pas appelé à vivre en couple ? Même si c'était le cas, on ne pouvait rien forcer. Il était de ceux qui croyaient ferme que tout vient à point à qui sait attendre. Il ne cessait de le lui répéter.

<<- Pauline, je me marierai un jour ou pas, l'essentiel n'est-il pas que je sois heureux ?
- Heureux ? Non, tu ne l'es pas. Tu penses toujours à cette femme qui t'a détruit la vie. Julia n'en valait pas la peine Mathy, tu dois avancer et fonder une vraie famille. >>

L'épisode Julia était encore très douloureux pour lui et il n'aimait pas y revenir, Pauline était la seule autorisée à y faire allusion. L'une des raisons pour lesquelles il s'était résolu au célibat était la mesquinerie des femmes, leur inconstance, du moins parlait- il pour l'échantillon qui avait croisé sa route.

Maintenant, Mathieu devait prendre le temps de réfléchir, d'adopter les stratégies pour éconduire poliment la jeune femme prévue au dîner de ce soir. Ce n'était pas qu'il fuyait la gente féminine, mais non, il n'était pas un moine et ne voulait pas le devenir. Il avait juste compris que la meilleure relation qu'il entretenait avec les femmes était celle qui impliquait au moins vingt kilomètres de distance ! Oui, il n'était pas masochiste pour commettre les mêmes erreurs chaque jour. Les relations où chacun savait ce qu'il voulait, oui ! Et après, chacun devait regagner ses quartiers.

La vie qu'il menait n'était pas celle qu'il avait désirée et choisie. Quand il y repensait, il se dit que ses amis avaient déjà un foyer, une femme, des enfants. Sa maman ne cessait de lui en faire la remarque chaque fois qu'elle le voyait. Elle lui rabattait les oreilles avec les :

« Mathieu, quand me présenteras-tu ma bru ?»

ou encore ceci :

« -Mathieu, le fils de mon amie Colette vient d'avoir son troisième enfant cette semaine. »

Il ne comprenait pas ce harcèlement, elle avait déjà pourtant une ribambelle de petits-fils et petites filles donnés par ses cinq frères et sœurs. Pourquoi s'acharnait-elle à vouloir lui pourrir la vie ? Ce n'était pas sûrement demain la veille que ce problème allait se résoudre !

Mathieu revint à sa préoccupation présente

-Dis-lui que je serai là, à l'heure pile, sans faute ! Il n'y a rien que je ne puisse faire pour Pauline, c'est elle qui me fait supporter ta grosse tête, dis-lui merci.

- Mathy, répondit Alex, c'est elle qui me fait supporter ta face de moineau, alors dit-lui merci !

-Une face de moineau moi ? Je suis le plus beau mec qui existe à quinze kilomètres à la ronde. La semaine dernière encore, une agence voulait faire de moi son mannequin vedette.

- Vraiment, rappelle-moi de t'offrir un miroir, peut-être y verras-tu ta tronche !

- Alex, Mathy, arrêtez vos gamineries, cria Pauline qui était probablement à coté, je me demande quelle femme peut vous supporter !

- Pauline, tu le supportes bien pourtant, c'est ton mari qui a commencé, je suis innocent !

- Je ne veux pas savoir qui a commencé, même Enzo qui a deux ans a plus de jugeote que vous. Entre un père bébé et un parrain nourrisson, mon fils sera traumatisé à vie!....

Mathieu se demanda s'il allait survivre à la soirée sans étriper Alex...

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