Guillaume avait menacé son frère de ne plus toucher au plus jeune et lui avait dit qu'il n'avait pas intérêt à parler de lui à son père. Jules lui avait seulement répondu d'un sourire mauvais et Guillaume s'était retenu de lui envoyer son poing en pleine face. La dernière fois aussi c'était lui qui l'avait balancé. Et ça s'était fini de manière désastreuse. Son père était entré dans une colère noire, avait menacé les parents de l'autre garçon et ce dernier avait arrêté de lui parler, bien trop apeuré des conséquences. Il n'avait que douze ans. Et il ne s'était absolument rien passé. Un seul petit baiser sans grande importance. Alors Guillaume en allant dans sa chambre ce soir-là, après s'être engueulé avec son frère, avait laissé exploser sa rage en frappant son oreiller jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'énergie et ne s'endorme, épuisé. Il n'était pas violent. Mais des fois, il était bien obligé de le constater, laisser sa rage sortir de son corps d'une manière ou d'une autre était bien agréable.
***Dès le lendemain, il avait revu Aurélien. Celui-ci l'attendait à la bibliothèque comme d'habitude et il avait vu son regard soulagé quand il l'avait aperçu. Il pensa rapidement que le plus jeune avait dû pensé qu'il ne viendrait pas malgré ce qu'il lui avait dit la veille et Guillaume lui sourit de manière chaleureuse comme pour lui dire Je t'avais dit que je viendrai. Tous les jours, il avait du mal à se retenir, en le sentant si proche de lui. Il avait envie de poser sa main sur sa cuisse, de dégager une mèche de devant ses yeux alors qu'il lisait, d'embrasser chastement sa joue... Tous les jours, il voyait le plus jeune lui lancer des regards en coin d'un air intimidé et il se demandait alors ce à quoi il pouvait bien penser quand il lui lançait ces petits regards. Mais le pire, c'est quand Aurélien venait se mordre la lèvre quand il réfléchissait particulièrement à un exercice ou quand il était concentré en train de lire. Alors dans ces moments-là, Guillaume devait détourner le regard, de peur de lui sauter littéralement dessus. En voyant les petits regards interrogateurs que lui lançaient Aurélien quand il osait le regarder à nouveau après ces moments-là, il comprenait qu'il ne s'en rendait même pas compte. Alors Guillaume forçait un sourire sur son visage et se penchait sur son cahier pour voir où il en était et leurs séances reprenaient comme si de rien n'était. Mais il était persuadé qu'Aurélien se doutait de quelque chose. De plus, ils avaient commencé à discuter de temps en temps par textos et, même s'il gardait tout cela secret, dès qu'il entendait le vibreur de son portable et voyait qu'il avait un message du plus jeune, il sentait son cœur se serrer d'impatience dans sa poitrine. Il avait peur de ce qu'il commençait à ressentir et de ce que peut-être il ressentait depuis longtemps déjà sans oser se l'avouer. Il avait tellement peur de la réaction de son père et de blesser le plus jeune.
***
« C'est faux, putain ! »
Guillaume était en train de s'engueuler avec son frère et son père au sujet du plus jeune. Quand il était arrivé à la maison, celle-ci avait été vide et il était monté dans sa chambre, n'ayant pas faim. Il s'était endormi et il s'était fait réveillé par la voix de son père qui l'avait appelé du bas des escaliers. Il avait senti une boule grandir dans sa gorge, se demandant ce que Jules avait bien pu lui raconter, et avait été étonné de voir son frère au côté de son père en bas des escaliers. Son père lui avait demandé ce que c'était que cette histoire d'Ukrainien qu'il avait commencé à voir. Alors il s'était énervé, ne supportant plus de se faire engueuler pour rien.
« Putain, mais tu veux pas te renseigner un peu avant de m'engueuler ?! s'emporta-t-il soudain. Tu lui as dit Jules que tu lui as fracassé le crâne contre un casier ? Pourquoi c'est moi que tu engueules alors que c'est ton autre fils qui a frappé quelqu'un ?
— Guillaume, j'en ai rien à faire. Il le méritait sûrement si Jules l'a frappé !
— Non mais tu t'entends ? s'énerva Guillaume. Rien ne mérite que l'on casse la gueule à une autre personne. Et il n'y a rien entre nous deux ! Absolument rien ! Si on a même pas le droit de proposer son aide, maintenant !
— Proposer son aide ? C'est ça aussi que tu disais la dernière fois par rapport à Luc ?
— On s'est embrassés une seule fois putain ! Avant que tu menaces ses parents quand tu l'as découvert ! Mais t'es vraiment un malade...!
— Ne me parle pas comme ça ! »
Guillaume sentit la gifle atterrir sur sa joue et le brûler intensément. Il porta une main sur celle-ci et osa relever le visage pour défier son père.
« Tu n'aurais jamais dû lever la main sur moi.
— Guillaume...
— Qui est-ce qui s'est occupé de Jules toutes les fois où tu étais absent ? Tout ça pour qu'il devienne ce gamin irrespectueux ? Violent ? cracha Guillaume en se tournant vers son frère. Tu as eu ce que tu voulais, Jules ? Et bien profitez-en tous les deux, parce que je me casse. »
Il n'attendit pas la réponse de son père et monta les marches de l'escalier quatre à quatre afin de s'enfermer dans sa chambre. Il s'efforça de reprendre sa respiration avant de se ruer vers sa commode et de prendre quelques affaires au hasard qu'il jeta dans un sac à dos. Il attrapa son portable et composa le numéro d'Aurélien sans même s'en rendre compte et sortit en trombe de sa chambre. Il faillit rentrer dans son père qui était venu le chercher et lui échappa de peu, lui crachant un Me touche pas, avant de descendre les escaliers sans se retourner. Il vit son frère du coin de l'œil, toujours dans le salon, et lui jeta un regard noir avant de claquer la porte de chez lui avec force. C'est à ce moment-là que le plus jeune lui répondit, alors que la pluie se mit à s'abattre avec violence sur sa peau.
« Orel, j'ai besoin de toi. Je peux venir ? »
Il entendit l'autre garçon bafouiller avant d'acquiescer et lui donner son adresse. Guillaume poussa un soupire de soulagement et se mit en marche vers l'appartement du plus jeune.
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Mini Fiction OrelxGringe - La guerre.
FanfictionGuillaume rencontre un camarade de classe de son frère au début de l'année scolaire. Et à partir de ce moment-là, il en devient comme obsédé.