Chapitre 6.

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Guillaume avait le regard fixé sur le plafond de la chambre d'Aurélien, ce dernier blottit contre lui et il caressait avec lenteur son bras. Il le sentait frissonner de temps à autre sous ses caresses et il se mordit la lèvre en y repensant. Il l'avait fait. Il avait couché avec Aurélien. Le plus jeune était complètement silencieux, comme s'il craignait que s'il parlait la magie du moment vienne à disparaître. Guillaume fut soudain pris d'une panique soudaine et se décala sur le lit afin de se lever, ce qui fit tressaillir le plus jeune :

« Reste avec moi... Ne pars pas, Guillaume. »

Guillaume s'immobilisa en entendant sa voix si vulnérable et se tourna vers le plus jeune, lui lançant un regard coupable. Celui-ci le regardait d'un air apeuré et il remarqua les larmes qui s'amoncelaient au coin de ses yeux.

« Ne pars pas, s'il-te-plaît... » dit le plus jeune d'une voix tremblante et Guillaume se retrouva incapable de sortir du lit à présent.

Il se rapprocha doucement d'Aurélien et l'attira à lui, le serrant contre son cœur.

« Je suis désolé, Orel... J'ai paniqué et...

— Reste avec moi ici. Ne me laisse pas seul, Guillaume... »

Guillaume fronça les sourcils au vocabulaire choisit par le plus jeune et le força à relever la tête. Il vit ses joues baignées de larmes et sa confusion augmenta.

« Qu'est-ce que tu veux dire par là, Orel ?

— Je veux plus... être tout seul. C'est trop dur, sanglota le plus jeune dans ses bras.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tes parents...

— Sont pas là, répéta Aurélien en éclatant en sanglots.

— Attends, attends, qu'est-ce que tu veux dire ? paniqua légèrement Guillaume. Ils sont bien venus avec toi d'Ukraine, non ? »

Aurélien hocha la tête dans son cou et Guillaume caressa avec douceur ses cheveux, ses yeux s'arrêtant sur sa cicatrice.

« Oui mais... ils sont majeurs alors on leur a interdit de rentrer sur le territoire. Ils sont encore dans un camp à attendre l'autorisation pour venir habiter ici. Ils m'ont forcé à... Je voulais pas mais ils m'ont forcé à y aller sans eux. Ils m'ont dit qu'ils me rejoindraient bientôt et que pour l'instant, il fallait tout faire pour que je ne gâche pas mes années dans un camp...

— Mais... Tu as des nouvelles d'eux de temps en temps ? s'inquiéta Guillaume en prodiguant de douces caresses sur le haut du dos du plus jeune.

— Oui, ici c'est un centre pour les enfants de demandeurs d'asile, expliqua Aurélien qui semblait se calmer légèrement contre lui. Ils sont en contact avec ceux qui s'occupent des camps là-bas... J'ai droit à un coup de téléphone par semaine. C'est eux qui se sont occupés de tout. Des papiers, de la rentrée, du logement... Il y a plein d'autres enfants comme moi ici. »

Guillaume sentit son cœur se briser en entendant le plus jeune expliquer sa situation. Il le serra contre son cœur et déposa un petit baiser sur son front brûlant.

« Chaton... »

Il entendit Aurélien renifler pour s'arrêter de pleurer tout à fait et Guillaume sourit tristement contre son cuir chevelu.

« Alors je ne pense pas qu'ils voient d'inconvénients pour que tu restes ici...

— Orel, ça marche pas comme ça. Je suis pas demandeur d'asile, moi...

— Mais ils peuvent bien t'aider aussi, non ? se remit à sangloter Aurélien. Je ne veux pas que tu me laisses seul...

— Eh, bébé chat, l'appela Guillaume en lui relevant le visage pour qu'il le regarde. J'ai bientôt 17 ans. Je vais trouver un moyen pour gagner de l'argent en plus des cours. Peut-être même que mon père m'en donnera pour que je parte de chez lui... L'état peut participer aussi, y a des tas d'aides financières... Je te jure qu'on va trouver des solutions, hein ? »

Aurélien lui lança un petit regard incrédule mais bientôt il le sentit enfouir son visage dans son cou et Guillaume sourit tristement en passant délicatement son pouce sur sa cicatrice. Il allait aller parler à son père, essayer d'apaiser les choses entre eux. Et si ça ne marchait pas, il y avait toujours des centres pour les jeunes comme lui, pour pas qu'il ne reste à la rue. Et au pire du pire, il resterait en cachette chez Aurélien. Des solutions étaient possibles, et il allait les trouver. Pour l'instant, il se contenta de bercer le garçon dans ses bras et ne se laissa aller qu'une fois celui-ci endormi contre lui.

Mini Fiction OrelxGringe - La guerre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant