Chapitre 7.

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Deux ans plus tard.

Guillaume entra dans l'appartement et sourit en voyant des cartons vides un peu partout. Il se dirigea vers le salon sans trop faire de bruit et remarqua le plus jeune endormi sur le canapé. Il s'approcha de lui et aperçut le téléphone portable qu'il tenait fermement dans sa main serrée. En jetant un œil par-dessus son épaule, il vit les cahiers d'Aurélien ouverts sur la table basse et il se dit qu'il s'était endormi en faisant ses devoirs.

« Orel... » l'appela-t-il d'une voix douce en s'accroupissant à ses côtés, afin de pouvoir être à sa hauteur.

Il glissa une main dans les cheveux ébènes d'Aurélien et caressa son cuir chevelu tendrement afin de le réveiller en douceur. Celui-ci fronça les sourcils et papillonna un instant des yeux avant de poser son regard sur lui :

« Guillaume, tu es rentré ?

— Oui, ma journée de travail est terminée, sourit-il en se reculant afin que le plus jeune puisse se redresser sur le canapé.

— Tu n'es pas trop fatigué ? Ça va ? » lui demanda d'un air soucieux le plus jeune en plongeant son regard dans le sien et il secoua la tête en lui souriant tendrement.

Il savait qu'Aurélien s'inquiétait de le laisser travailler pendant qu'il étudiait. Mais lui, il avait fini ses études et dès la fin de celles-ci il s'était mis à la recherche d'un travail fixe. Finalement, il avait été pris en CDD chez le mécanicien qui lui avait permis de se faire un petit peu d'argent depuis la Terminale après quelques petits boulots par-ci, par-là. Son père l'avait autorisé à rester à la maison parce qu'il savait qu'il s'en voulait de l'avoir frappé. Ce n'était pas quelqu'un de mauvais, seulement il ne lui faisait plus confiance et il ne lui avait jamais reparlé d'Aurélien. Son frère, Jules, avait essayé de se rattraper après quelques mois et il l'avait royalement ignoré jusqu'à ce qu'il déménage.

En fait, c'était grâce à Aurélien. Il avait tellement insisté auprès des employés de son centre, que ceux-ci avaient finalement cédé au bout d'un an. Ils avaient trouvé une vieille dame qui cherchait à louer pour pas cher l'appartement attenant au sien, qui lui appartenait aussi, et qui avait envie de venir en aide aux demandeurs d'asile. En échange, elle demandait seulement qu'on vienne l'aider quelques fois par semaines pour les choses du quotidien. Le centre avait accepté qu'Aurélien y emménage à partir du moment où Guillaume eut 18 ans révolus et en s'assurant qu'il accepte qu'ils viennent le voir quelques fois par mois. Aurélien avait tout de suite accepté et comme le feeling entre lui et Janine, la vieille dame, était bien passée, ils avaient emménagés le plus rapidement possible dans l'appartement.

Et en effet, entre le boulot de Guillaume et les aides financières de l'état, en plus des économies d'Aurélien qu'il s'était faite en travaillant les deux derniers étés les deux mois pleins, ils arrivaient à vivre. Il arrivait aussi quelques fois à son père de lui verser de l'argent sans qu'il ne sache pourquoi et Guillaume lui envoyait un texto bref pour le remercier.

« J'aurai bientôt fini les études et je pourrais travailler à mon tour pour t'aider, hein ? lui dit Aurélien en lui souriant et celui-ci passa une main sur sa nuque pour la caresser délicatement.

— T'en fais pas pour ça, Orel. J'aime travailler. Les études ce n'était pas fait pour moi de toute façon. »

Il se perdit dans le doux regard du plus jeune et lui vola un baiser de manière taquine.

« Tu vas me dire pourquoi tu gardes ton portable dans ta main depuis tout à l'heure, bébé chat ? »

Il vit Aurélien écarquiller les yeux avant de baisser ceux-ci sur le téléphone dans sa main et lorsque ce dernier releva le visage, il se sentit fondre en voyant le petit sourire qu'il lui adressait.

« C'est mes parents. Ils ont enfin reçu l'autorisation de venir. »

Les yeux de Guillaume s'écarquillèrent de surprise et il se leva afin d'aller s'asseoir à côté du plus jeune.

« Vraiment ? Mais c'est une superbe nouvelle. Je suis tellement content pour toi, mon chat ! s'écria-t-il en venant le prendre dans ses bras pour le serrer contre son cœur.

— Je pense que... ils vont rester quelques mois dans un centre comme moi pour apprendre le français et le temps de trouver un travail similaire à celui qu'ils avaient en Ukraine. On va les aider à trouver un logement aussi...

— Le plus dur est passé, Orel. »

Aurélien enfouit son visage dans son cou et il le sentit agripper son tee-shirt de ses doigts.

« Et puis... Ils sont déjà au courant pour toi. Ça fait longtemps que je leur parle de toi et ils savent qu'on a emménagé ensemble en septembre...

— Ils savent qu'on est ensemble ?

— Ils s'en doutent je pense... Je ne pense pas que ça les dérangera... Après tout ce qu'on a vécu... »

Guillaume caressa les cheveux du plus jeune et lui releva le menton avant d'embrasser la cicatrice sous son oreille. C'est vrai. Comment ils pourraient en vouloir à leur fils alors qu'ils avaient cru le perdre une première puis une seconde fois en si peu de temps ?

« Tu m'as... tellement apporté, Guillaume. Tellement aidé en te faisant passer en deuxième position.

— Dis pas n'importe quoi, mon chat. Toi aussi tu m'as apporté. Plus que tu ne pourras jamais le comprendre. »

Guillaume sourit dans les cheveux emmêlés de son petit copain et les fit basculer sur le canapé. Il tint Aurélien contre lui comme s'il ne voulait plus jamais être séparé de lui et fit des cercles réguliers sur son tee-shirt, par-dessus son dos. Il sentait son souffle régulier s'échouer sur son cou et inconsciemment, sa main vint caresser la petite cicatrice sous son oreille gauche. Tout était allé si vite entre eux deux. Jusqu'à emménager ensemble moins de deux ans après s'être rencontrés. Tellement de choses auraient pu foirer mais elles ne l'avaient pas fait. Et il ne regrettait pas une seule putain de décision qu'il avait prise pour l'avoir dans sa vie. Ils restèrent ainsi, éveillés mais silencieux et dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à l'heure du repas. Et quand Aurélien déposa un tendre baiser sur ses lèvres avant de se relever, Guillaume se sentit entier et se refit la réflexion qu'il ne regrettait pas une seule seconde toutes les emmerdes qu'il avait dû balayer sur sa route pour enfin pouvoir heureux avec Aurélien et pour accepter qu'il avait le droit de l'aimer.

Mini Fiction OrelxGringe - La guerre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant