Reflets d'Obsidienne Tome 2

Chapitre 1

"-Maître...Maître...Répondez, Maître. Le vieillard fut tiré malgré lui de sa contemplation avant de mettre ses mains dans son dos.
-Qui y'a t-il Paron? Toujours le porte parole de tes frères? Sans se retourner pour regarder la statue de pierre représentant un homme figé debout, le vieil homme soupira. Dis moi ce qui t'ammène. Attendant un peu avant de reprendre la parole la statue se rapprocha comme pour regarder au loin elle aussi.

-Tout empire. Tout empire très vite. Le passé n'est pas sollicité, le présent maltraité et le futur incertain. Que faire? A travers la voix monotone de ce drôle de spécimen, on pouvait presque percevoir de l'inquiétude.

-Un peu plus et j'oserais dire que tu as peur Paron. A t'entendre c'est presque comme si je n'étais pas déjà au courant. Aurais tu oublié qui je suis? Regrettant ce qu'elle venait de dire la statue s'inclina comme elle le put, mais ne partit pas pour autant.

-Je m'excuse que vous pensiez ça, mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je venais vous demander, Maître, si vous alliez faire quelque chose... Parelthon m'a raconté et jamais ce n'était arrivé avant. Sans Gardienne pour maintenir les éléments en place...

-Inquiet à nouveau? Au moins ton frère a raison, ça n'est jamais arrivé avant. Mais ce n'est pas pour autant que tout va mal se passer. Et pour répondre à ta question, rien. Je ne vais rien faire. En tout cas, ce n'est pas à moi de faire quelque chose. Dans la grande corde du destin, je ne suis qu'un fil. Liberté de choix, rappelle toi Paron. Toujours. Sa réponse ne rassura pas son interlocuteur pour autant. Si ça peut apaiser ta conscience, sache que quelqu'un finira par venir. J'ai espéré qu'avec les années ça irait mieux, mais visiblement je m'étais trompé. Peu importe. Nous verrons bien comment ce mystère se résoudra à la fin. Retourne à ta place maintenant. Tu sais que tu ne peux pas en rester ici trop longtemps. La statue sembla frissonner et sans plus attendre prit congé, descendant de la tour où ils se trouvaient sans demander son reste. Satisfait, le vieil homme retourna à sa contemplation en fixant l'infini noir. Espérons simplement que c'est en seule morceau que je pourrai la recevoir.

L'Ydrios n'aimait pas marcher. Il aimait encore moins le fait qu'il avait été obligé de venir sur terre, sans compter que plus tôt une jeune fille étrange lui était rentré dedans. C'était aux humains qu'il venait demander des comptes. Car après tout qui à part eux pouvait modifier l'état des Océans. Ce n'était sûrement pas d'autres Ydrios L'état de l'eau n'aurait pas été le même de toute façon. Comme tout le monde il savait que la gardienne manquait à l'appel mais dans son élan de colère il préféra blâmer la cible la plus proche facile, les humains. Excédé par le nombre de personnes sur sa route, Skelio hésita de nombreuse fois à trancher dans la chair de ses deux sabres. Une envie qu'il tenta tant bien que mal de réfréner, car sans vendeurs il n'y avait pas de provisions. Il maudit une nouvelle fois le conseil de son village qui l'avait jugé le plus apte pour trouver des réponses comme le représentant de l'eau de la Gardienne n'avait pas pu les aider. "Incompétent stupide" cracha t-il sans aucune considération pour lui en oubliant tout ce qu'il avait pu faire pour sa race. Ayant finalement acheté ses fruits, l'Ydrios se mit en route pour la capitale. Cela allait lui prendre une éternité mais ce n'était pas une aventure pour rien. Avec un peu de chance des combats intéressants l'attendaient tout au long de son périple et sa soif d'en triompher lui donna des ailes.

Rohork, Ankê et Erieka dormirent à l'auberge cette nuit là. Malheureusement pour eux ils furent obligés de partager le lit unique de la seule chambre qui restait. Mais au moins penser à une chose agréable était cent fois plus efficace pour chasser des préoccupations que d'y penser pour trouver une solution. Les deux garçons en firent l'expérience quand ils se rendirent compte qu'ils étaient dos à dos. L'océan ne se calmait pas avec de belles paroles, en tout cas pas cette fois. La peur que ce qui se passait ne prenne encore plus d'ampleur rendait la tâche plus ardue. Là où ils devaient se rendre se trouvait non loin de l'entrée de la forêt des disparues, à l'intérieur de celle-ci. Rohork leur raconta comment il avait fait pour ne pas se faire attaquer. Il avait attendu que Solem soit haut dans le ciel pour sortir du tunnel et foncer pour retrouver sa lumière et empêcher les tueurs d'innocents de l'attraper. Cependant cette fois-ci allait être différente comme il fallait retrouver le tunnel pour l'ouvrir et y pénétrer tout en faisant attention de ne pas se faire attaquer pendant ce temps. Car même s'il était doué Rohork n'était pas non plus le meilleur et retrouver un trou en particulier sur une surface aussi vaste allait lui prendre du temps. Sans compter que dans sa précipitation il avait fait écrouler les bords. Peu rassurés ses deux amis essayèrent de s'imaginer ce qu'ils pourraient faire pour l'aider et l'idée de dresser une barrière leur sembla être la meilleure.