1-Une chouette blanche

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L'hiver est là. Un matin, l'île aux Dragons se réveille sous la neige. Evan et Émilie se précipitent dans la cour avec des cris de joie. Leur père doit se fâcher pour qu'ils rentrent prendre leur petit déjeuner.
En finissant leurs tartines, ils demandent :

-Papa, quand on aura nourri les poules et les cochons, on pourra aller faire des glissades sur la colline ?
-Oh oui, papa ! S'il te plaît !

Au royaume d'Ombrune, la neige est rare ; il n'en tombé que sur les pentes des montagnes du Nord, et presque jamais sur l'île, située au large de la côte Sud. Antos se souvient que lui-même, lorsqu'il était gamin, adorait jouer dans cette belle et froide poudre blanche. Prenant un air faussement sévère, il objecte :

-Vous ne deviez pas travailler un peu le calcul et l'orthographe, ce matin ?
-Oh... euh..., bredouille Evan. On aura bien le temps en fin d'après-midi.
-C'est vrai, renchérit Emma, la nuit tombe si tôt, en ce moment !

L'éleveur de Dragons éclate de rire :
-Allons,je vous taquine ! Pour une fois, je vais même m'occuper de la basse-cour et de la porcherie à votre place. Habillez-vous chaudement et filez !

-Oui, papa !
-Merci, papa !

Emmitouflés dans leur pèlerine, des moufles aux main et une écharpe autour du cou, les enfants escaladent la colline. Ils tirent derrière eux une planche à laquelle ils ont attaché une corde. Sur cette luge improvisé, ils entament une folle partie de glissades. L'air est si claire que leurs éclats de rirent résonnent aux quatre coins de l'île.
Au bout d'un moment, ils sont hors d'haleine. Les joues rougies, les doigts picotés par le froid, ils se laissent tomber au pied d'un arbre dénudé.
Soudain, un bruissement d'ailes attire leur attention. Ils lèvent le nez.
Un gros oiseau blanc vient de se poser sur une branche basse. Inclinant sa tête carrée, il les observe de ses yeux ronds. Puis il lance un drôle de cri : «Hou, hou ! Hou, hou !»

-Qu'est-ce que c'est ? chuchote Émilie.

Ce ululement a fait courir un frison le long de sa nuque.

-Ça ressemble à une chouette, répond Evan. C'est bizarre, je n'en ai jamais vu, sur l'île.

-Une chouette ? Mais... Je croyais que ces bêtes ne chassaient que la nuit. C'est ce que j'ai lu dans notre livre sur les animaux.

-Oh, ça dépend des espèces...

«Hou, hou ! Hou, hou !» reprend l'oiseau.

Il agite un peut les ailes, cligne des paupières et s'immobilise, la tête penchée de l'autre côté.
Émilie se relève avec précaution, pour ne pas l'effrayer. La petite fille est intriguée : la chouette à l'air d'attendre quelque chose.

-Qu'est-ce que tu veux, toi ?

Émilie a parlé tout bas, comme pour elle même. Pourtant, le volatile semble avoir compris. Il répond doucement : «Hou, hou !»

Evan se met debout à son tour. Ce qui se passe là n'est pas naturel. Cette chouette sortie de nulle part , aussi blanche que la neige, aurait-elle traversé la mer pour voler jusqu'à l'île ? Cela paraît Impossible : la distance est bien trop grande. Les chouettes ne sont pas des alcyons voyageurs. Alors ?
De nouveau l'oiseau bat des ailes, il se secoue. Et un éclaire argenté s'allume sur son poitrail.

-Oh ! Fait Émilie.

La chouette porte autour du cou une mince chaîne , à demi dissimulée dans son plumage. Un petit cylindre de métal y est suspendu.

-Un message ! Devine la fillette.

Lentement, très lentement, elle tend la main . La chouette ne bouge pas. Les doigts d'Emilie touchent les plumes tièdes. Derrière elle, son frère ose à peine respirer.
Lentement, très lentement, Émilie saisit la chaîne. L'oiseau l'aide en baissant la tête.
L'instant d'après, la petite fille tient le cylindre entre ses doigts.

-Merci, belle messagère ! Murmure-t-elle.

«Hou, hou» répond la chouette.
Et, d'un coup d'ailes, elle s'envole. Les enfants la suivent du regard, jusqu'à ce qu'elle ait disparu, blanche contre le ciel blanc.

-Elle se dirige vers la mer, constate Evan, troublé.
Elle ne niche pas dans l'île.
D'où peut-elle bien venir ? Et qui l'a envoyée ?

Emilie a déjà ouvert le cylindre. Elle en tire un mince papier enroulé, qu'elle aplatit avec soin contre sa paume . Elle distingue alors des lettres minuscules et observe :

- C'est écrit à l'envers. Rentrons vite, Evan ! On va avoir besoin de mon miroir.

-J'espère que ce n'est pas encore une langue incompréhensible, grommelle le garçon.

Abandonnant dans la neige la planche qui leur a servi de luge , ils courent à toutes jambes vers la maison.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 21, 2020 ⏰

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