Dans le ciel, pas un nuage.
Les rayons du soleil au zénith, semblait transpercer les eaux du Golfe Maliaque en cette fin du mois d'Hécatombeion*.
Etrangement en ce jour, on avait du mal à sentir l'odeur iodée de la mer. Celle-ci était remplacée par l'odeur âcre du sang.
Le claquement des vagues sur les rochers avait du mal à se frayer un chemin, inaudible, caché par le fracas des glaives et des lances sur les boucliers.
Le son venait du haut de la falaise, là où se trouvait l'étroit défilé des Thermopyles*.
À l'ouest se tenait une ombre, une ombre étendue sur des dizaines de kilomètres.
Cette ombre se mouvait, mais elle n'était pas silencieuse.
À y voir de plus près, ce n'était pas une ombre... Non, c'était des hommes.
Des milliers d'hommes, des dizaines de milliers d'hommes, des Perses précisément : l'Ombre de Xerxès.
Cette armée immense se dirigeait vers l'Est, là où se tenait un mur ; un mur teinté de sang.
Il semblait ébréché et on pouvait apercevoir quelques reflets dorés scintillants, ainsi que du rose pâle qui faisait penser à la couleur de la chair.
Ce n'était pas un mur comme les autres... Non, c'était l'Espoir Grec.
Cet Espoir Grec, teinté de sang, venait de subir de lourde perte, car le fourbe Éphialtès de Trachis avait trahi son camp en indiquant à Xerxès un sentier permettant de contourner le mur défensif grec : le sentier de l'Anopée.
Ils n'étaient plus très nombreux.
Trois cents hoplites spartiates, ainsi que sept cents soldats venus de la cité de Thespies formaient l'ultime bouclier de la Grèce.
Ces hommes, ces survivants, ces héros, étaient menés par un homme à la barbe grisonnante. Un homme que tous respectaient, un leader, un homme aux innombrables faits d'armes : Léonidas.
L'Espoir Grec restait immobile tandis que l'Ombre de Xerxès s'étendait toujours plus rapidement, la confrontation n'allait plus tarder.
Tharros, fidèle combattant spartiate et proche de Léonidas, jeta un coup d'œil vers son chef et sourit.
« Mon sang n'a jamais autant bouillonné ! Mon Roi, nos descendances seront fières ! »
« Une gloire éternelle nous attends mon ami » répondit Léonidas à son compagnon de toujours.
L'Ombre n'était plus très loin.
Léonidas pointa sa lance vers le ciel et comme s'il voulait que les Dieux eux-mêmes l'entendent, il s'écria comme jamais aucun homme avant lui :
« Aujourd'hui nous mourrons ! Nous mourrons pour défendre notre honneur, l'honneur de Sparte, l'honneur de Thespies, l'honneur de la Grèce toute entière !
Mais ces chiens de Perses mourront aussi ! Ils vont connaître la fureur des hommes les plus valeureux que Gaïa n'ait jamais porté ! »
Ces mots auraient pu faire trembler tout l'Olympe, et dans l'élan de leur chef, la poignée de soldat se mit à frapper leurs boucliers avec leurs lances, de plus en plus fort, de plus en plus rapidement.
Le vacarme était tel, que les oiseaux tombèrent du ciel, désorientés, comme si quelque chose de mystique accompagné cet élan de courage.
Aussi on avait pu observer, certes quelques secondes, l'Ombre de Xerxès s'immobilisait durant le discours de Léonidas.
C'était certains, la bataille des Thermopyles rentrerait dans l'Histoire.
YOU ARE READING
Spartan
RandomSur le flanc des montagnes Taygètes qui surplombe Sparte, vit un individu dont personne ne connaît le nom. Qui se cache derrière ce casque ? Nul ne le sait. Torturé par un obscur passé, ce "fantôme" va devoir suivre le fil de sa destinée afin de lib...