Bavure stylistique

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C'était une mission difficile. Une mission qui avait mal fini.

Pourtant, ce n'était pas difficile, sur le papier. Les patrouilleurs devaient protéger l'Ordre derrière la porte de la ville, travail de routine s'il en est, pour autant rien de simple. 


Surtout ce soir. Tout avait mal été.

Une horde de brigands, des mortels, des ennemis humains, trois centaines de guerriers armés, entraînés, organisés,  et pas de rituels.

Ni d'arbitre pour contourner la règle.

Honneur et Devoir, c'était la devise des feu prétoriens, souvent reprises par les plus éminents des Patrouilleurs.

Ce soir, ça s'était mal passé. Antanaclase.

Voilà l'erreur de la nuit, Antanaclase.

Dirigeante actuelle de la guilde,  elle avait paniqué sur cette soirée...Et ça avait fini sur un ordre d'annihilation totale. Kisure n'avait pas réagi, Kiwyz s'est faite discrète, trop surprise  pour réagir, et de toute façon trop timide de base pour s'opposer à la rescapée de l'augure. Alors, dans la panique, l'incompréhension, et l'ivresse du combat...Tout les brigands avaient été exterminés.

pas de grâce, pas de justice, rien que la mort s'abattant sur l'ordre cinglant d'une seule dame.


C'était fini...Et Juny n'avait pas dormi de la nuit suivante, elle se sentait vide, monstrueuse, hors de ses valeurs...


Marchant, perdue, elle se dirigea inconsciemment vers les thermes publiques...

A cette heure-ci, elle ne serait certainement pas dérangée, noyer sa tristesse dans la chaleur agréable d'un bon bain semblait une idée plaisante, qu'elle eut rapidement adoptée.

Entrant dans le bâtiment, la dame entreprit de choisir au hasard un casier. Elle retira alors d'abord sa longue veste d'usage, laissant apparaître un débardeur sombre moulant sa petite poitrine et sa musculature sèche mais bien présente, harmonieuse sur le corps d'une dame qu'on aurait dite belle même sans cette carrure de guerrière, qui ajoutait à son doux visage, souvent souriant à la peau claire, illuminé d'une paire d'yeux verts pétillants, aujourd'hui ternis par son crime.


Elle le voyait ainsi, plongeant dans l'eau chaude comme dans le bûcher qu'elle se disait mériter, elle se laissa glisser dans l'eau, dériver dans le grand bain de bois chauffé, décoré de quelque fantaisies inutiles indispensables à la loge, qui bâtissait évidemment ces thermes. 


Allongée là, la dame attendait, pleurant silencieusement, comme les guerriers font, discrètement, sans laisser ses joues rougir, ni ses yeux, qui gardaient un semblant d'éclat. Aucun bruit ne s'échappait d'elle, c'était des pleurs guerriers, discrets, solennels, un échec à ses valeurs...

A ces pleurs vinrent s'ajouter des bruits de pas, lents, mais forts, tout sauf discrets.

Une paire de botte marchait dans la direction de Juny, qui, honteuse, se retourna pour cacher son visage larmoyant, en plus de sa nudité. Les pas continuaient de se rapprocher, toujours lents, moins forts, on entendait clairement des pieds désormais nus marcher à travers le long couloir menant au bassin doucement éclairé par la lumière de quelque lampes à pétrole.


Dans cette ambiance tranquille, la silhouette continua de se dessiner dans le dos de l'apprentie blonde, se révélant au fur et à mesure, tandis que la demoiselle osa darder un regard rapide sur la personne qui venait d'arriver. 


 A son grand étonnement, c'est sa collègue et amie Aurora qui lui apparut. Nue, la guerrière avait pourtant la même carrure qu'une armure, bien bâtie, ses épaules carrées portaient une tête angélique. Sa peau était encore plus claire que celle de Juny, et ses joues rosies lui donnaient un air enfantin et rappelait sa jeunesse. Le tout était sublimée par deux beaux diamants rayonnants d'un bleu éthéré, et avec cela contrastait une chevelure noire mais pas sombre, lumineuse au possible qui donnait à la jeune membre l'air un peu plus vieille qu'on l'aurait supposé avec son doux visage de chérubin. Elle n'avait pas pleuré, elle, l'apprentie de la bouchère qui avait mené à cela n'aurait su pleurer, mais ce n'était pas les sentiments qui manquaient, elle était dévastée. 

De toute manière...Aucun des paladins en devenir que les deux jeunes membres étaient n'aurait pu, n'aurait du tolérer cela...

Aurora avait questionné, désespérée, sa mentore sur ce sujet, en quête d'une quelconque recherche de pardon, des regrets, au moins, l'aveu d'une erreur, d'un moment de faiblesse...

Au final, rien. Elle confirmait cet acte, n'en regrettait rien, et indiquait même le refaire si la situation venait à se reproduire.

Aurora se questionnait souvent sur sa mentore...Elle l'avait trouvé de nombreuses fois impressionnantes, elle admirait son courage et sa solidité, sa vaillance au combat...Mais son sens de la justice la détruisait. Et sa froideur, le peu d'égard et d'empathie dont elle faisait preuve...Elle ne l'avait jamais vu autrement qu'une dirigeante, la patronne difficile...Et ça lui pesait.


Aurora restait avant tout, contrairement à sa mentore, une jeune femme. Et elle avait besoin de se détendre...De réfléchir, de trouver ce qui lui remonterait le morale.


Que penser alors, quand on avance nue et qu'on est triste...De trouver un ange blond, d'or, tout aussi triste que nous déjà nue et qui n'attends rien d'autre que d'offrir et recevoir de l'amour...?


Juny se retourna alors, cachant sa petite poitrine de ses bras, souriant tristement à son amie, toujours pudique, n'osant pas observer plus que cela.

Aurora elle, était captivée par ce spectacle aussi beau qu'inattendu, au grand damn de sa mentore, elle s'était toujours trouvée plus attirée par les demoiselles...Elle glissa alors un pied dans l'eau, tressaillant à sa chaleur, avancant lentement vers la blonde...


Juny, elle, laissait Aurora s'approcher, outre la surprise et la pudeur dont elle avait fait preuve, elle ne se formalisa pas plus que ça, et avais pris place sur l'un des sièges inondés du bain, invitant sa consoeur et amie à ses côtés...

Détente méritéeWhere stories live. Discover now