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À cette heure-ci le bar était plein a craquer. Une nuée d'étudiants puant l'alcool et d'autres substances toutes aussi charmantes, fit son entrée dans le bistro. Depuis le comptoir, j'observais les aléas de la foule tout en servant des bières à répétition à un vieil homme à l'allure pataude, qui prenait les chopes de bières dans ses grands doigts boudinés avant de les boires avec une rapidité qui en effrayait plus d'un. Mon regard s'arrêta sur une fille installée à une table. Je la suivais des yeux avec un léger sourire en coin. Plutôt mignonne. Les gens allaient et venaient, une chaleur douce et rassurante émanait de la pièce. Contrairement à ce que je croyais avant de postuler ici, ce travail n'était pas si désagréable. Dans tous les cas j'avais besoin de ce job pour payer le loyer de la coloc. J'ai emménagé dans un petit appart non loin de là avec mon meilleur ami, Paul. Un petit bout homme aux cheveux blonds toujours coiffés, habillé de vêtements complétement extravagants qui passe son temps à rire et qui vit avec la "positive attitude" comme il dit. Je me suis toujours demandé comment on a pu devenir amis Paul et moi. J'étais son parfait opposé. Le grand brun aux cheveux en bataille, la tête toujours remplie de pensées noires. Le style le plus ordinaire qui soit avec mes docs Martens et ma veste en jean. D'aussi loin que je me souvienne, il avait toujours été là. Il me connaissait , je le connaissais et on avait pas besoin de s'inonder de compliments pour savoir qu'on comptait l'un pour l'autre. En fait ,Paul et moi c'était un peu comme un accord factice passé au préalable. On s'envoyait chier toute la journée mais quand l'un est dans la merde ,l'autre est là pour lui. C'était comme ça que ça fonctionnait.
Un jeune femme m'interpella, me sortant de mes pensées. Je lui servis rapidement sa commande. Les gens continuaient de défiler, je jonglais entre les bières et les cocktails en passant par les cafés. Le bar fermait aux alentours de minuit. La salle se vidait petit à petit et vers onze heures moins le quart, le bistrot était complètement vide. Aujourd'hui je faisais la fermeture. Je nettoyais donc le comptoir, débarrassai les verres qui jonchaient sur les tables. Soudain, la cloche à l'entrée se mit à tintinnabuler, m'alertant de l'arrivé de quelqu'un. Je relevais la tête et tombais nez a nez avec un jeune homme blond, l'air un peu perdu. Je lâchais mon chiffon et lui souris aimablement.
- Bonsoir je peux vous aidez ?
Il me regarda longuement. J'avais la désagréable sensation que ses yeux transperçaient mon corps, comme s'il voulait a tout prix trouver quelque chose en ma personne. Ça en était déstabilisant. Je me raclais la gorge, embarrassé, attendant sa réponse. Il plongea sa main dans son sac pour en ressortir un carnet et un stylo. Intrigué, je le regardais faire, il griffonna quelques mots avant de me tendre le bloc note.
"Bonsoir. Je suis désolé je ne peux pas parler. Est ce qu'il est trop tard pour prendre un verre ?"
Je tiltais. Il était muet. Voilà pourquoi il ne disait pas un mot. Je secouais la tête pour chasser mes pensées.
- euh non non pas de soucis asseyez vous. Il me remercia d'un sourire et s'installa sur un tabouret, devant le comptoir.
"une bière s'il te plait. On peut se tutoyer ? j'ai l'impression d'être un vieux sénile quand on me vouvoie." il me tendit le carnet avec un sourire amusé comme pour illustrer ses mots. C'était à la fois surprenant et quelque part assez touchant... Je lui rendis son sourire et hochais la tête.
- ouais bien sûr t'inquiètes.
Je glissais doucement la bière devant lui et m'en servis une aussi avant de m'asseoir sur le bar. Il la sirota tranquillement. Un silence paisible et agréable emplit la pièce. J'en profitais pour observer le blond avec une curiosité à peine cachée. Il était beau. C'était simplement un fait. Chaque petits défauts semblait renforcer sa beauté dans sa parfaite imperfection. Il avait un visage ovale assez allongé et un petit nez parsemé de tâches de rousseur. Sa tête était surmenée de cheveux blonds légèrement en bataille qui tombaient devant ses yeux chocolats. Il pencha légèrement la tête, de manière à intercepter mon regard. À ce moment là je me sentis petit. Incroyablement petit. Ironique étant donnée que je le dépassais d'au moins une tête. Ce gars avait un regard foutrement déstabilisant et à cet instant précis j'aurais tout donné pour savoir ce qu'il y a dans sa tête. Il rompit le contact visuel en prenant son carnet pour y écrire quelque chose.
"Moi c'est Luka"
- Moi c'est Lorcan.
Il hocha la tête et sembla hésiter puis il s'installa à côté de moi sur le bar. J'ouvris de grands yeux, assez surpris mais ne fis rien. Bizarrement ça ne me dérangeais pas plus que ça. Je bus une gorgée de ma bière pour me donner contenance et passais nerveusement une main dans mes cheveux. Pourquoi j'étais aussi mal à l'aise ? C'était juste un gars qui buvait un coup dans un café et qui s'était assit à côté du serveur pour pas qu'il se retrouve seul comme un con. Oui c'est ça. Alors maintenant Lorcan tu te détends. Il posa sa bouteille sur la table et recommença a griffonner.
"Je te dois combien pour la bière ?"
- rien t'inquiète. Cadeau de la maison. Depuis quand j'offrais des bières au premier gars qui passait moi.
" Merci monsieur le barman"
Je ris et passais derrière le comptoir pour aller jeter les bouteilles, tandis que Luka se réinstallait sur son tabouret. Je me tournais ensuite vers lui en m'accoudant au bar. Il se leva, dans ce silence que lui seul maitrisait parfaitement et se pencha délicatement au dessus du bar pour arriver à ma hauteur, a quelques centimètres de mon visage. Qu'est ce qui ce passait bordel. Je sentais que je perdais mes moyens. Je ne contrôlais plus rien. Mes lèvres s'entrouvrirent d'elles même. Et avant que j'eus le temps de réaliser ce qui se passait, nos deux bouches étaient collées l'une à l'autre. Là, dans un putain de bar a minuit trente précise, j'étais en train d'embrasser un inconnu qui plus est un mec. Eh merde. Le pire c'était que ce n'étais pas désagréable. Pas du tout. C'était même beaucoup trop bon. J'aimais ça. Putain mais qu'est ce qui était en train de se passer. Mon cerveau hurlait de le repousser mais mon corps refusait de le faire. Tout était contradictoire. Après plusieurs minutes, il se décolla lentement de moi et passa doucement une main dans mes cheveux avant d'écrire avec un sourire.
"Au revoir Lorcan."
Son numéro était inscrit en dessous. Il me fit un léger sourire. Un sourire insupportablement adorable. Puis il s'en alla, me laissant là, les bras ballants, au milieu du bar avec mes pensées.

It's Time To Fall In Love Où les histoires vivent. Découvrez maintenant