NDOSSI

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Je ne suis pas né comme on dirait au bon moment. Ma mère ne m'attendait pas. En fait, elle n'avait même pas oser esperer qu'un tel cadeau puisse lui être fait après avoir échappé de justesse à la mort. Elle était en réminiscence d'un cancer du colon.

De plus, elle avait la quarantaine, et dans nos sociétés africaines, c'était à un âge où on considérait qu'elle n'avait pas le droit de refaire sa vie après le départ de son mari qui l'avait quitté des années plutôt pour une minette, elle n'avait pas le droit de rencontrer quelqu'un et entamé une relation amoureuse et bien sûr, elle était trop vieille pour avoir un enfant.

Son médecin traitant s'était montré lui aussi sceptique à l'annonce de la nouvelle, il ne lui avait pas caché ses craintes, compte tenu de son état de santé, une grossesse n'était pas forcément la bienvenue.

---vous venez à peine de vous faire opérer Carine, je ne vous apprends rien en vous disant qu'il y'a un risque que la plaie s'ouvre à nouveau au moment de l'accouchement.

Pas de bol pour ma mère, la plaie s'était à nouveau ouverte lors de la césarienne pratiquer pour mettre fin à ses souffrances, car que je tardait à pointer le bout de mon nez par voie basse.

Un jour enfant, alors qu'elle se déshabillait devant le miroir, je pointais un doigt l'interrogeant du regard sur l'affreuse cicatrice verticale irrégulière d'au moins cinquante centimètres, on lui avait littérature scié le ventre en deux.

---c'est une blessure de guerre. Me répondit-elle fièrement.

C'était donc sans surprise qu'elle m'avait baptisé du prénom de "NDOSSI" qui signifie "Rêve" dans un patois du centre de l'Afrique.

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Je marche dans la nuit noire accompagné de trois hommes, en direction de la maison, minuit est à peine passé.

---c'est là où tu habites ?
Demande le plus âgé pointant du doigt l'habitation que je lui ai indiqué plutôt.

---Oui
Répondis-je tête baissé.

La peur au ventre, j'entends l'autre tambouriné à la porte. Je ne devrais pas être dehors à cette heure, ma mère ne sait pas que j'ai fugué, j'ai attendu qu'elle soit couché pour sauter par la fenêtre de ma chambre et aller retrouver des amis pour une virée en boîte.

Une soirée bien arrosée qui s'est terminée par une bagarre. La police à débarqué et j'ai été arrêté dans la foule des personnes qui n'ont pas eut le temps de s'échapper. Ça se voyait comme le nez au bout de la figure que je n'avais pas dix huit ans, une aubaine pour eux.

L'un d'eux me prennant fermemant par les épaules, en faisant un clin d'œil complice à son collègue.

---Celle là, on la racompagne chez ses parents, pas besoin de la conduire au commissariat.

C'était la façon d'agir des forces de l'ordre locale. Lorsqu'ils saisissaient quelqu'un pour des faits mineurs plutôt que de suivre la procédure établie dans ce cas de figure, ils choisissaient de tirer profit de la situation en extorquant de l'argent aux parents en échange de la libération de leurs enfants.

Quelques minutes plus tard, la porte s'est ouverte sur ma mère à moitié endormie qui a poussé un cri en me voyant menotté les mains derrières le dos.

Ils n'avaient pas besoin de le faire, je ne représentais pas un danger. Mais il fallait accrédité leur démarche et avoir un moyen de pression supplémentaire.

---Bonsoir Madame,
Montrant leurs insignes.
Police judiciaire.

Nous sommes maintenant tout les quatres assis au salon, l'effet de surprise passé, ma mère s'est ressaisit et nous a invité à nous y installer.

J'avais vu clair dans leur agissements depuis le début, ils avaient décidés de jouer au méchant et au gentil flic.

Le bon flic sortant la carte de la compassion après un bref résumé de la situation.

---Bon madame, c'est comme nous vennons de vous le dire,
Nous avons préféré l'emmener ici parce-que nous aussi nous sommes des pères de famille,
Nous ne voulons pas vous voir souffrir,
Pour cette fois-ci, nous acceptons de passer l'éponge sur son incartade,
Mais la prochaine fois nous ne serons pas si clément.

Ma mère hochant négativement la tête.

---Il n'y aura pas de prochaine fois, je peux vous l'assurer.

Le méchant flic prenant son rôle très au sérieux, le visage fermé d'un ton ménaçant.

---Vous même vous savez que si on l'emmène au poste...

---Oui, Oui, et je sais.

Ce que Corine sait c'est que bien qu'elle soit tenté de laisser enfermer sa fille pour lui donner une bonne correction, cette dernière risque de croupir plusieurs jours dans une cellule au poste avant même qu'on ouvre son dossier au moment il faudra le traiter.

---Je vous suis reconnaissante de l'avoir ramener,
Je n'étais même pas au courant qu'elle était dehors,
Vous même vous connaissez les enfants d'aujourd'hui,
Ils n'écoutent plus leurs parents,
Mais je peux vous promettre qu'elle sera sévèrement punit.

Elle avait aussi comprit qu'ils n'étaient pas là par gentillesse comme ils voulaient bien le faire croire, que c'étaient des agents corrompus et que seul l'appât du gain motivaient leurs démarches.

Mais, elle devait bien reconnaître que leurs attitudes bien que répréhensibles servaient ses intérêts et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle leurs ferait la morale, elle avait décidé de coopérer. Bien entendu, il fallait se montrer tactique et laisser croire que l'idée venait d'elle.

Elle s'éclipsa quelques minutes et revint avec plusieurs billets qu'elle leur présenta.

Elle continua ses propos.

---Vous avez étés si compréhensifs,
Permettez moi de vous donner au moins quelque chose pour le taxi.

---Non, nous ne pouvons accepter, nous faisons simplement notre travail.

---Je vous en prie,
Supplia t-elle

---Puisque vous insister

Elle leur tendit l'argent qu'ils prirent avidement, sourires aux lèvres après qu'ils eurent constatés avec satisfaction qu'elle avait été généreuse et que la somme allait bien au delà de leurs espérances.

Le méchant dont le visage s'était illuminé en se mirant devant la liasse de sous, et devenu gentil soudainement.

--Nous vous remercions Madame,

Brandissant sa matraque en ma direction d'un air méchant.

---Qu'on ne t'y reprenne plus petite,
Tâche de ne plus faire souffrir ta pauvre mère.

À leur départ ma mère s'affale sur le canapé.

--Je peux savoir ce qui t'est passé par là tête cette fois-ci?
Depuis quelques temps je ne te comprends plus,
Tu alignes bourdes sur bourdes, tu veux me tuer c'est ça?
Tu veux que je fasse une crise cardiaque à cause de tes conneries ?

Je n'ai pas envie de l'écouter, je bouillonne littéralement de colère, chaque fois c'est le même discours qu'elle me sort.

Elle tente une caresse sur ma joue avec délicatesse pour m'apaiser.

---Tu vaut tellement mieux que ça, ne gâche pas ta vie.

Je retire sa main avec rage,

---Fiche moi la paix maman.

Avant de regagner ma chambre en prenant soin de claquer la porte derrière moi pour montrer mon mécontentement en la laissant planquer là en larmes.

Carine s'est recroquevillé sur elle même, elle était choqué par le regard de fille et, c'était la première fois qu'elle lui parlait avec tant de violence.

---Ndossi, Ndossi, mon bébé, pourquoi ?

Elle croyait avoir tout vu jusqu'à aujourd'hui, si seulement elle savait ce qui se tramait en ce moment dans la chambre de sa fille, elle comprendrait qu'elle n'est qu'au début de sa peine...


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