Lumière

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Depuis le fond de ma cellule, je contemple le monde à travers le grillage à ma fenêtre. Je me sens juste fatiguée, oubliée, effacée. Je repense au temps où j'avais encore le contrôle sur ma vie, j'étais alors libre de penser, d'agir, de faire changer les choses. Je me sentais capable de modifier le monde rien que par le pouvoir de mes idées. J'étais pleine d'ambition, une force positive à l'état brut. Je ne savais pas encore qui j'étais. Puis je me suis heurtée à la cruauté de ce monde, ou il est interdit d'être différent. Je réfléchissais simplement plus que les autres, mais c'était une raison suffisante pour qu'on me mette à l'écart. Je voulais me révolter contre cette injustice, mais je me heurtais systématiquement à la haine de ceux qui étaient considérés comme normaux. J'ai fini par accepter d'être marginalisée, mais quelque part en moi, j'avais soif de vengeance. Moi, je ne voulais pas de cette idée, je préférais accepter mon sort, je refusais de devenir violente. J'ai donc résisté à cette force négative, jusqu'à ce qu'elle se détache de moi. J'étais restée celle que je voulais être, mais je devais maintenant cohabiter avec mon exact opposé. Cette entité mauvaise et rancunière a alors commencé à prendre le plus en plus le dessus sur moi. Je contrôlais de moins en moins mes propres actions, je voyais mon monde se rétrécir chaque jour un peu plus, sans pouvoir rien faire. Je perdais systématiquement tous les combats que je menais contre l'autre force. Petit à petit, je me suis retrouvée oubliée, enfermée dans cette prison, d'où je ne vois l'extérieur qu'à travers un grillage de haine.

rêves d'un instantWhere stories live. Discover now