Hyperia

Introduction : Le Débarquement

Il y a une infinité d'univers et de mondes, parallèles les uns aux autres. Des mondes où la conscience fait partie intégrante du corps et des mondes comme celui d'Hyperia où la conscience est une manifestation humaine, qui vit secrètement à nos côtés tout au long de notre vie. Il y a très longtemps, lorsque les consciences n'existaient pas encore, une anomalie est apparue. Cette altération portait un nom : Preston. 

C'était un être unique muni d'une conscience. Il était arrivé dans ce monde seul et tout le monde ignorait d'où il venait. Il passait inaperçu et il évitait de se faire remarquer. Il a longtemps observé les habitants de cette planète qui par exemple conduisaient les yeux fermés afin d'impressionner leurs amis, ou encore s'entre-tuaient sur le coup de la colère ou se suicidait juste parce qu'ils avaient ressenti de la tristesse. Les seuls qui survivaient à ce massacre étaient les plus costauds, comme si la nature avait repris ses droits sur l'humanité et avait décrété que pour survire il fallait tuer ou être tué. Jugeant leur comportement dangereux, il se dit qu'il fallait agir pour le bien du monde et de ses autochtones. 

Il travailla sans relâche pendant des centaines d'années, remarquant au passage que son métabolisme s'était ralentit lorsqu'il avait traversé le Mur. Il finit par mettre un point un système ingénieux, qui permettait aux gens démunis de consciences d'en posséder une. A chaque naissance, une conscience venait au monde. A chaque naissance, un protecteur s'allumait dans la forteresse du Cœur. Ces êtres mi-humains, mi- automates, vivaient en symbiose avec leur hôte jusqu'à la fin de la vie de ce dernier. La conscience ne ressent pas la douleur, ni la peur, encore moins la colère et n'ont en aucun droit de tomber amoureuse. Le Cœur vit pour son être sans jamais lui dévoiler sa nature, elle lui cache sous différents noms que les ignorants leurs donnent comme de terme de "meilleure amie" par exemple. Preston s'installa dans un château situé sur un pic au-dessus des nuages, afin qu'il soit protégé des yeux des humains, c'est là qu'il entraînerait ses protecteurs à servir les humains contre leur inconscient. 

Le système se mit en place rapidement, avec quelques ajustement, Preston arriva à dissimuler sa présence au monde et à masquer celle de ses consciences également. Les protecteurs se répandaient dans tout le monde à une vitesse fulgurante, une fois leur entraînement terminé, ils étaient projetés près de leur protégé pour les assister toute leur vie. Au bout de quelques années, le système avait évité de nombreuses morts. En effet, le taux de mortalité avait chuté de moitié. Les humains, conseillés par leur Cœur, agissaient toujours de leur plein gré mais avec certaines restrictions. 

En l'année 25 après que le système fut instauré, une conscience toute particulière venait de s'allumer. Elle portait le matricule BE0123. La jeune conscience avait de longs et épais cheveux noirs qui tombaient abondamment sur ses épaules. Elle portait un pull blanc couvert de fils argentés et un jeans noir cachait ses jambes frêles. A son arrivée à la forteresse, la pluie tombait sur ses épaules. Elle tremblait à cause du vent venant du nord. Ses fines jambes ne semblaient pas adaptées à supporter son corps. Ses bras tombaient, ballottant le long de son torse.

Au bout de deux heures, trempée jusqu'aux os,quelqu'un vint la chercher. Elle tendit le bras vers l'homme qui se dirigeait vers elle et se laissa emmener vers l'intérieur de la forteresse qui se dressait devant elle. L'homme qui la tirait portait un débardeur blanc qui montrait ses gros biceps tatoués. Son ventre dépassait sous son tee-shirt et sa ceinture laissait une marque rouge sur sa peau. Ses cheveux clairsemés et gras viraient vers le gris. Ses petits yeux de goret fixaient le vide sans expression si ce n'est celle de l'incrédulité ou de l'incompréhension. L'homme abandonna l'enfant dans le Grand Hall.

Elle était seule et de nombreuses voix résonnaient autour d'elle. Le vent s'engouffrait par la porte d'entrée qui claquait avec un bruit assourdissant. Les étendards accrochés sur les murs s'agitaient et s'entrechoquaient augmentant la résonance dans l'entrée. Au bout d'un instant des pas se firent entendre dans le Hall et une main se posa sur l'épaule du matricule BE0123. La chaleur de ce corps inconnu pénétra sous la peau de la gamine, ce qui la fit sourire. Mais surprise par cette présence elle se retourna et découvrit un jeune garçon. Il avait les cheveux noirs, comme elle et des yeux marrons qui sortaient presque de leur orbite. Il portait un pantalon jaune et un tee-shirt gris. Il fixait la jeune fille d'un œil inquiet.