DIMANCHE,4 MARS 2012
Liam Dunbar
Le bas du corps mouillé à cause de la neige, je tentais de courir malgré mes jambes gelées. J'évitais disgracieusement les pierres tombales sur mon chemin pour me rendre à la voiture, stressé et confus.
Je venais d'avoir la confirmation que Théo voyait les morts, mais ce qui me choquait le plus, c'était qu'il m'avait également vu. Étais-je en train de rêver? Tout ça me paraissait si irréel, tellement... absurde.
J'avais l'impression d'avoir un étau qui me serrait le crâne, je ne pouvais plus penser, je ne pouvais même plus respirer. Je venais de voir mon frère, Théo avait réalisé qu'il possédait un don, et tous les deux on avait aperçu une vieille madame morte.
Un petit son étouffé sortit de ma bouche tandis que j'essayais de remettre mes pensées dans l'ordre. Tout ça était tout bonnement impossible!
-Liam ! Cria Théo derrière moi, tentant de me rattraper. Tu...tu les vois aussi?
Il semblait hésitant et apeuré, ça paraissait même dans sa respiration prononcée dû à l'effort physique de sa course.
-Je ne sais pas de quoi tu parles, Théo ! M'écriais-je.
-Mais si! Dit-il en m'attrapant le bras et en me retournant. Regardes,tu les vois, n'est-ce pas?
Il pointa différentes directions, toutes dirigées vers des personnes mortes qui erraient tranquillement dans le cimetière. Celles-ci se retournèrent, observant la scène qui se déroulait sous leurs yeux, intrigués.
-Avoue, je ne suis pas fou! Hurla-t-il, désespéré.
Je ne savais pas trop comment réagir, mais le regard que me lançait ses yeux dorés me donnait envie de lui dire que oui, je les voyais, qu'il n'était pas fou, à moins que nous l'étions tous les deux.
Son regard alterna entre mon œil gauche et droit, essayant sûrement de deviner ce qui se cachait dans ma tête. Et c'est exactement ce qui se passa.
-Je le savais ! S'esclaffa-t-il,soulagé de savoir que – rien que par mes yeux d'ailleurs – je voyais les même choses que lui. Putain! On est tous les deux malades mentaux, je suis sûr!
Il rit pour plaisanter, mais je n'aimais pas regarder de ce côté. Peut-être était-ce le cas? Mais c'était un peu trop poussé à mon goût, je préférais me dire que j'étais bien saine d'esprit et que j'avais un don.
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LUNDI,9 AVRIL 2012
Liam Dunbar
Depuis la visite au cimetière, il y a un mois, Théo et moi étions devenus proche. Enfin, lui s'était rapproché. Il avait tellement changé en quelques semaines que s'en était incroyable. J'étais toujours autant surpris de recevoir son appel le soir, toujours pour me poser des questions sur son don ou me demander si j'allais bien,si j'étais en forme. On ne s'était pas reparlé de ce qui s'était passé au cimetière, le passage où on abordait le sujet délicat. Il gardait une certaine gêne sur ça et ne me posait pas de question, et je lui en remerciais.
Hier, lorsqu'il m'avait appelé vers dix heures du soir, je m'étais aperçu que son premier don n'était pas à pleine capacité. Il voyait des ombres et moi des gens, ce qui voulait dire qu'il y avait encore de la persévérance à faire pour être comme moi, mais il ne voulait pas. Il ne souhaitait pas voir des têtes découpés partout et appréciait le fait de ne voir que des ombres se mouvoir devant lui.Quant à son deuxième, il le détestait déjà. Savoir que s'il touchait une personne et qu'il verrait des souvenirs de son passé ne l'enchantait guère. Il ne pouvait pas savoir le moment où, s'il touche une personne, son don se dévoilerait et celle-ci verrait des traces de ce qu'il s'était passé dans sa vie.
