Quel que soit la gravité de ce que l'on t'a dit à mon sujet, tu dois m'écouter. Le mensonge trouve peut-être ses fondements dans la vérité mais il est suffisamment vicieux pour se développer sans elle. Je ne suis en effet pas innocente, mais pas non plus la seule coupable, et c’est souvent ceux qui ignorent qui prétendent savoir.
Enfin, je te demande 5 minutes, je n'ai pas plus de temps, mais si quelqu'un peut me sauver c’est bien toi et a seulement 22 ans je dois encore espérer vivre. Alors écoute moi, pour le temps que tu le peux encore écoute les paroles suppliantes d'une condamnée. Je sais ta haine, je connais ta rancœur, je peux voir dans tes yeux malgré ce voile que tu leur impose que tu me hais, que tu m'en veux, que tu me tuerais de tes propres mains si cet acte ne te rendait pas si indigne de vivre que moi. Mais je sais aussi ton désir avide de vérité, celui qui te poussera à m’écouter, car je sais malgré ta haine que tu me crois et tu as encore espoir que je te réveille d’un mauvais rêve. Je vais donc commencer par-là, non, je ne suis pas innocente, ce n’est pas un cauchemar, j’ai tué ton frère, mais tu dois connaitre le début de l’histoire avant d’en écrire la fin.Mon histoire commence pourtant sur une calme mélodie, un joyeux air de piano qui fait valser les cœurs. Tu sais cette douce mélodie qui te fait sourire sans réelle raison et te fait penser que rien ne pourrait être mieux, et pourtant c’est de ce genre de mélodie qu’il faut se méfier. J’avais rencontré ce type en soirée et on s’est vite plu, je ne vais pas te le décrire, tu ne le connais que trop bien et je ne souhaite pas voir de larmes dans ton regard. On s’est revus plusieurs fois, finalement nous avons eu une relation, mais ça tu le sais déjà. On aurait pu croire que tout allait pour le mieux et que rien n’aurait pu briser ce lien entre nous, pourtant j’avais un secret, et il le savait. J’ai fait des conneries et il le savait. Je n’ai jamais su comment il l’avait appris. Il m’a laissé croire que je pouvais lui faire confiance, qu’il oublierait mon secret suffisamment vite pour ne jamais avoir à le révéler. Et moi, je l’ai cru. Du moins j’ai voulu le croire. Et pourtant sa parole n’aura eu qu’une faible valeur, il l’a en effet gardé pour lui, mais s’en est plus que servi…
Je ne sais pas si tu vas me croire, et tu ne pourras plus jamais voir le mal qui emplissait son regard, mais qu’importe ? tu as toujours été aveugle face à lui, tu n’as jamais vu son vrai visage. Alors comment réagirais-tu, si je te disais que tu ne le connaissais pas ? mal… tu me crierais probablement de me taire, de cesser ces mensonges et malgré tout je le comprends. C’était ton frère, et moi, je ne suis que son assassin, celle que tu dois détruire pour avoir la paix. Mais rien ne le fera revenir, et ma mort n’y changera rien et c’est mieux ainsi : je préfère me retrouver en prison à vie, ou même mourir que de le savoir libre ou vivant. Non ne me regarde pas comme ça, tu sais même sans l’admettre que j’ai raison.
Bref, je suppose que tu attends la suite. En réalité j’étais une voleuse, une grande et respectée voleuse. Je dirigeais une entreprise secrète, j’ai bien trop peu de temps pour t’en dire plus, retiens seulement que les gens venaient à moi chercher quelques objets de valeurs et moi je leur fournissais contre de l’argent ou des services. C’était secret et protégé, il n’aurait jamais dû l’apprendre. Quoi qu’il en soit il l’a su et utilisé. Puis tout s’est écroulé. Il a arrêté de travailler et vivait à mes dépends, si j’osais me plaindre il me menaçait, si je parlais de la quitter, il me rappelait à quel point j’avais besoin de lui. Et en réalité, je savais pertinemment que je ne pouvais pas le quitter. Il avait une arme contre moi ! Et je te passe les détails mais cette arme il n’a cessé de l’utiliser. Plus tard j’ai appris qu’il me trompait et à défaut de le quitter, je l’ai imité. Lorsqu’il l’a appris, sa réaction fut folle je ne l’avais jamais vu si énervé. Je l’ai vu attraper ce couteau. En un instant je me suis souvenue de tous ces moments de joie qu’on avait eu ensemble juste à la vue de cet objet qui était sur cette table depuis si longtemps. J’ai pensé que lui aussi en le voyant, se calmerait, tout comme j’avais instantanément perdu toute haine a son égard, mais je me trompais, ses yeux injectés de sang me crachait toute sa colère, j’ai compris qu’il me tuerait, il était fou ! je n’ai pas eu le choix, me débarrassant de son étreinte, et après l’avoir maitrisé, je me saisi de l’arme et l’enfonçai dans son cœur. Il tomba. Je vis son regard étonné lors de sa chute. Il ne me connaissait pas. J’avais toujours été plus forte que lui, mais je m’étais toujours tut et écrasée lorsqu’il me battait, je craignais bien trop qu’il ne parle. Essaye de comprendre : il avait ma liberté entre ses mains et j’aurais été prête à tout pour qu’il ne la brise pas. Son corps est tombé dans un bruit sourd. Puis, le silence. Jusqu’à ce que les sirènes de police que des voisins avaient prévenus après avaient entendu des cris, retentissent. Ils ne croyaient qu’à une simple dispute habituelle, comme il y en avait eu tant. Il ne s’attendais pas un corps inerte un couteau rougit par une haine trop longtemps refoulée et moi, debout, froide, presque aussi morte que lui. Ils furent surpris, je crois, peut-être même dégoutés. Je voyais dans leur regard leurs jugements, tous silencieusement me criaient à quel point j’étais un monstre. Mais personne ne connaissait l’enfer dans lequel je vivais, bien plus atroce que celui dans lequel je venais de l’envoyer. Et alors que je me sors enfin de son étreinte, me voilà condamnée à mon tour, suppliant son propre frère de m’accorder grâce.
Il m’aurait tué, tu le sais aussi bien que moi, si je ne l’avais pas fait il m’aurait tué. Ecoutes ! c’était lui ou moi. Qu’aurais tu fais toi ?
aujourd’hui tu as le pouvoir de me détruire, ou celui de me sauver. Je t’ai tout raconté sans n’omettre aucuns détails, j’ai été plus honnête avec toi qu’il ne l’a jamais été. Alors maintenant que tu connais mon histoire, je t’offre ma plume à toi d’en écrire le mot final : sauve ou condamne.

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sauve ou condamne
Historia Cortaraison ou sentiments ? pardonner ou condamner ? sauver ou détruire ? écoute les paroles suppliante d'une condamnée