Chapitre 1 #2

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Je souris en revoyant la tête de l'aîné des Bartholy, Nicolae, quand je lui ai appris que j'étais au courant. Je l'ai défié, en plantant mes yeux dans les siens. Drogo, le plus jeune des frères, a été pris d'un fou rire qui a duré tellement longtemps que j'ai fini par m'inquiéter. Avant de me rappeler qu'il ne pouvait plus mourir. Peter, le benjamin, m'a fixée longuement, un vague sourire aux lèvres. Plus tard, ce soir là, j'ai croisé Nicolae. Il s'est penché sur moi en me disant : "C'est bien que tu vives avec nous Leila. Toi aussi tu es spéciale." J'ai failli louper une marche ! Je ne sais pas si c'est à cause de la proximité inhabituelle de mon patron ou de sa remarque, mais j'étais soufflée. Il a tourné les talons avant que j'aie pu répondre. Mais depuis je me demande s'il a, lui aussi, découvert mon secret. Je serre les poings pour faire cesser ces picotements. Depuis que je suis petite, j'ai une particularité plutôt encombrante : un don de télékinésie. C'est un bien grand mot qui veut simplement dire que j'ai le pouvoir de faire bouger des objets. Une compétence pas facile à démontrer scientifiquement. Alors, quand on a un père médecin, comme moi, elle ne facilite pas vraiment la communication. C'est pour cette raison que je ne l'ai jamais dit à personne. Je ne suis pas très à l'aise avec ça. Tout le monde a décidé que j'étais simplement maladroite. Une sorte de catastrophe ambulante... Ce qui n'est pas entièrement faux! Je suis de nature plutôt méfiante. En plus, j'ai encore du mal à me contrôler. Donc je préfère garder pour moi. Évidemment ce don m'a causé quelques soucis, surtout au moment de l'adolescence. J'avais les hormones en ébullition ; alors pouvoir envoyer un objet à la tête de quelqu'un, juste par la pensée, n'arrangeait rien. Ce pouvoir m'amusait beaucoup, au début, mais je l'ai vite considéré comme un handicap. C'est pourquoi j'ai préféré prendre mes distances avec tout le monde, à ce moment là. C'est peut-être pour cela que j'ai le sentiment d'être en décalage avec les jeunes de mon âge. Ils boivent, font la fête... Moi j'aime lire, étudier, découvrir... C'est le meilleur moyen de limiter mes fréquentations. Les Bartoly et Sarah sont l'exception qui confirme la règle. Des vampires et une retardataire hyperactive... Pas de doute, je sais m'entourer ! Je ne regrette aucun des moments passés avec eux. Les Bartoly ont pris la place de ma famille, dans mon cœur. Et au moins je ne m'ennuie pas, avec ces énergumènes !
Même si j'ai envie d'étrangler Drogo qui passe son temps à me chercher. Même si je n'arrive pas à percer la carapace de Peter.
Même si Lorie est parfois plus flippante qu'un film d'horreur, et même si Nicolae me regarde parfois comme s'il pouvait lire dans mes pensées.
Je les aime comme ils sont, tout simplement. Et depuis que je suis au manoir, je suis un peu moins complexée par mes pouvoirs que je ne contrôle pas très bien. Tout à l'heure, quand j'ai bousculé le professeur Jones, j'ai senti que mes doigts me piquaient à nouveau, mais je n'ai pas paniqué. D'ailleurs, moi qui voulais me faire discrète avec lui, c'est loupé ! Et cela depuis le début de l'année. Je ne peux pas m'empêcher de participer pendant son cours. Son parcours m'impressionne et j'aimerais marcher sur ses traces. Moi aussi, je veux partir à la recherche d'artefacts magiques, perdu depuis la nuit des temps ! Qui sait, peut-être qu'un jour, au hasard de mes recherches, je trouverai la réponse à toutes mes questions ! Du coup, tout le cours, je garde le nez plongé dans mes notes, pendant que les étudiantes le dévorent des yeux. En même temps, même une plante verte le trouverait sexy ! À ce stade, ce n'est plus un compliment mais une simple constatation. La manière dont il anime ses cours est vraiment... électrisante. Mais c'est un professeur, et je n'ai franchement pas envie de mettre en péril mon cursus universitaire pour les beaux yeux d'un homme. J'ai clairement d'autres objectifs dans la vie que de me damner pour les beaux yeux du professeur Jones. Le premier étant de maîtriser ce pouvoir que je sens grandir en moi jour après jour, à tel point qu'il me fait peur. Finalement, c'est peut-être au professeur Jones que je devrais me confier. Je pourrais lui demander... Non, c'est trop risqué ! Et si mes questions lui donner des soupçons ? Je trouverai sûrement ce qu'il me faut à la bibliothèque... J'aviserai, sûrement la manière dont le cours se déroulera. Et puis une nuée de filles surexcitées se précipitent toujours à son bureau, à la fin du cours... Il faut avoir la carrure d'un rugbyman pour se frayer un chemin jusqu'au professeur. Et j'admet que, jusqu'à présent, je n'ai pas tenter ma chance.

Is it love Sebastian (le jeux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant