Tu as laissé ce vide.
Une frustration.
Je vois ton sourire. Tu en es fier. Et tu ne chercheras jamais à combler ce néant.
C'était il y a longtemps. Mais j'ai bonne mémoire.Tes boucles brunes qui tombaient sur ton front constellé de taches de rousseur. Mes étoiles à moi. Tes yeux émeraude qui me dévoraient, qui me caressaient. Tes petits bras qui ne me soulevaient jamais, et tes épaules qui supportaient mes attentes et mes craintes. À ta seule vue, mon cœur s'emballait, mes yeux brillaient et je souriais comme jamais je ne le faisais.
Tu écrivais mal, mais tu parlais bien. Tes paroles limpides, sincères, matures, qui ravissaient ma petite personne.
J'étais amoureuse de tout ton être. De tes pensées, de tes yeux, de tes lèvres, de tes mots, de ta voix.
De toi.Oh oui, comme je t'aimais! Tu me comblais, tu allais même au-delà.
Mon existence avait un visage. Le tien.Puis tu es parti. Une dernière étreinte, la plus ardente, la plus douce aussi. Une dernière parole, que j'écoutais avec autant de plaisir que le premier jour. Tu t'es éloigné avec nonchalance, je me disais que tu reviendrais. Tu t'es alors installé en moi. Mais je ne le savais pas. J'attendais que tu reviennes, je fermais les yeux et ignorais la petite voix qui me répétais la vérité.
Les mois ont passé. La flamme brûlait toujours autant. J'évitais leurs regards, je te savais près de moi.
Puis j'ai tenté de combler ce puits béant. Moi, la statue de pierre qui s'éffritait, une statue pleine de creux.
Je levais les yeux, gloussais, souriais et rougissais. Plus que des coups d'œil, c'était des paroles qui me faisaient oublier les tiennes.
Ton regard m'empêchait d'aller vers eux, mais pas de les laisser venir vers moi. Ta flamme se meurt, l'épée que tu tenais au-dessus de moi s'est brisée.La main que tu maintenait collée contre ma bouche s'est écartée, je répondais à leurs appels.
Puis tu as disparu. Je ne te voyais plus. J'avais oublié le son de ta voix, la couleur de tes yeux. Mon cœur endormi s'est réveillé, il avait soif. Soif d'amour, soif de vie. Je le laissais faire.
L'un d'eux a répondu à mes cris de détresse.Lui non plus ne la voit plus. Nous ne voyons que l'autre. Je ne vois que ces mèches blondes, lui que mes yeux bruns.
N'existe plus que sa voix, n'existe plus que mes rires.
Son étreinte est encore plus passionnée que la tienne, mon amour encore plus fort.
Je l'aime. Oh, comme je l'aime.
L'incendie qui me dévorait est mort. La tornade qui envoûtait ma tête s'est tue.
Tu n'est plus qu'un mirage. Oui, un mirage. Ils sont tenaces, mais finissent toujours par disparaître.
Cherry.