" Tout a commencé il y a exactement 3 ans jour pour jour. C'est-à-dire, le jour de mon déménagement. Je vivais depuis toute petite dans mon petit village avec mes parents et ma petite sœur. Ce jour là nous avons déménagé pour aller en ville, car les efforts de mon père et de ma mère au travail ont payé: nous pouvions enfin nous acheter une vraie maison à nous en ville. Il s'agissait évidemment d'années et d'années d'économies. Nous avons fait beaucoup de sacrifices, mais arrivé ce jour-là nous étions heureux de changer d'air. Le nom de notre nouvelle ville était Benilord. Un nom assez étrange, mais nous allions devoir nous y faire. Ma petite sœur Pamila et moi-même allions découvrir la maison que nos parents avaient fait bâtir. Ils voulaient nous faire la surprise. C'est donc le cœur léger et plein de rêves dans la tête que nous avancions à petit train jusqu'à notre nouveau lieu d'habitation. - Fermez les yeux les filles! nous ont demandé nos parents. Nous les avons fermés ensemble tout en nous tenant fermement la main. Lorsque la voiture s'est arrêtée après plusieurs heures de trajet, j'ai senti mon cœur battre à mille à l'heure. Avec ma petite sœur, nous sommes descendues de la voiture, les yeux toujours bien clos. Nos parents nous ont dirigées et nous avancions à tâtons dans les cailloux. Lorsqu'ils nous ont dit de nous arrêter et d'ouvrir nos yeux, je n'ai pas eu le courage d'ouvrir immédiatement les miens, de peur de la déception. Mais ce ne fût pas long:
- Ouvre les yeux Mélanie ! Regarde, vite ! Je les ai ouvert lentement, très lentement. La lumière m'a ébloui un instant, et mes yeux se sont progressivement adaptés à la luminosité de la pièce. J'ai ainsi pu l'observer de fond en comble.Cette maison était magnifique! Elle était très grande comparée à ce que nous avions avant.Je me suis alors ruée dans les escaliers pour visiter cette dernière, pour découvrir le moindre recoin de notre nouveau lieu d'habitation. À l'étage se trouvait une pièce que je jugeais parfaite: grande mais pas trop, un cadre intime et rassurant, une petite fenêtre donnant sur un chemin de terre qui s'embrayait dans une forêt. Je me voyais bien y passer mes moments à moi, lorsque je serais de bonne humeur, ou lorsque je partirais à la dérive. Et après l'avoir désignée comme ma chambre à moi, j'ai annoncé sans demander son avis à ma sœur, que cette pièce au fond du couloir serait celle où je comptais "habiter". Par chance, elle en avait choisi une autre. - On continuera les bagarres de peluches? me demanda-t'elle - Bien sûr Pam, après toutes ces années de partage et de nuits dans la même chambre, même si on a à présent chacune la nôtre, on arrêtera pas nos petites habitudes!
- Tant mieux! Les déménageurs venaient d'arriver avec tous nos meubles dans leur énorme remorque. On installa mes affaires dans ma nouvelle chambre, bien plus grande que la précédente. "Je pourrais avoir enfin mon lit double pour moi toute seule!" Rien que ça, ça me rendait heureuse, comme quoi je n'étais pas difficile. J'avais décidé de déballer mes cartons plus tard. J'avais une folle envie de me promener, tout particulièrement sur le petit chemin qui m'appelle depuis notre arrivée. Mes parents m'y autorisèrent, et je partais joyeusement visiter les alentours. Je respirais tranquillement l'air pur, et je m'approchais de la forêt. J'étais silencieuse afin écouter le moindre bruissement de feuille, et entendre les petits oiseaux chanter. Je me souviens d'avoir entendu un son. Un son qui m'a donné des frissons. C'était une mélodie. Je me demandais d'où elle pouvait venir, et ma curiosité toujours bien présente, m'avait poussé à suivre les notes qui chatouillaient mes oreilles. Je m'approchais de plus en plus, car le son était plus fort. Et alors, j'ai aperçu quelque chose au loin. Assis quelque part dans l'herbe se trouvait quelqu'un. Un garçon, un instrument à la main. Un violon plus précisément. Et la musique qu'il jouait était celle que j'ai entendu aux abords de la forêt. C'était magnifique. Il semblait être en paix totale avec la nature. Il me tournait le dos, je n'avais donc pas vu son visage. Et ne voulant pas gâcher l'osmose qu'il formait avec son instrument, je l'ai écouté sans prononcer le moindre mot. Cette pré-rencontre fut celle qui changea mon destin. C'est à partir de ce jour là que j'ai décidé d'écrire chaque jour de ma vie. Il fallait que j'exprime mes sentiments.
Pour ceux qui souhaitent connaître les raisons de mes choix, pour ceux qui sont tentés de savoir ce qu'il m'est arrivé: tout se trouve dans ce cahier. Pour ceux que mon histoire interesse. L'histoire d'une promesse. " Elle plaça la lettre dans une enveloppe blanche, bordée de gravures dorées. Elle mit celle-ci sur le dessus d'un cahier gonflé par les souvenirs, et posa ce dernier en évidence sur son bureau. Après ça, elle quitta la chambre, ferma la porte doucement, et parti à jamais de sa maison.