⌞ MERCURY ⌝
⎯⎯ PROLOGUE ⎯⎯
Le temps maussade de l'Angleterre pesait une fois de plus sur les épaules de la jeune femme à travers la gare de Londres, un unique bagage à la main pour compagnon. Le sifflet du train cria sur le quai dans la brume matinale. Et elle attendue. Quelques minutes encore. Puis elle monta dans le train qui l'emmènerait loin de la crasse et de la fumée des usines ; cette ville ne se résumait plus que par douleur, comment refuser de s'en aller une bonne fois pour toute après les derniers événements ? L'être humain n'est pas destiné à lutter sans cesse contre le courant, la fuite est parfois la preuve d'une plus grande force et non d'une lâcheté.
Elle avait pris place à côté de la vitre, laissant son visage contre le verre sali et son regard fuyait. Le train prit de la vitesse et il ne resta plus que des formes abstraites devant elle. La jeune retira ses gants de cuir noir et fouilla dans son sac à main venu d'Italie et en sorti son passeport. « Katheline Mary Lawrence ». Elle s'arrêta un instant sur le dernier nom avec un goût amer, plus rien d'autre que ce nom ne la raccrocherait à sa précédente vie, non plus rien. Ses cheveux noirs étaient vulgairement attachée en un chignon et son maquillage noir avait coulé sous ses yeux bleus ; définitivement plus rien ne la raccrocherait à Londres.
Le trajet s'était finalement fait plus rapidement qu'elle ne l'aurait pensé, tant mieux dans un sens, elle ne voulait pas attendre plus longtemps. Le train s'arrêta dans un grincement et la jeune femme s'empressa de descendre et de quitter la gare pour appeler un taxi. Elle ne prononça que quelques mots, juste assez pour indiquer son adresse mais pas assez pour que le chauffeur ne comprenne son accent londonien, bien trop mal vu à Birmingham.
Plus que quelques minutes avant la réelle fuite.
La fuite.
La fin.
Et le renouveau.
La jeune femme bloqua un instant devant la porte de son nouveau quartier. L'odeur de la boue dans les narines et sur ses chaussures. Voilà où peut-être tout recommencer. Elle prit sa valise et finit les derniers mètres : clef dans l'autre main et lourdeur dans le cœur. La plaque dorée et lustrée faisait presque tache sur le mur gris et sale, on pouvait lire trois mots : « Dr. Lawrence. Médecine et chirurgie ». Elle caressa du bout des doigts les lettres gravées dans le métal et sourit doucement. La clef tourna dans l'astucieux mécanisme et elle entra. La résidence sentait la poussière et le renfermé mais elle était là, prête à prendre vie.
Le hall d'entrée était ouvert sur un espace plutôt grand pour le quartier, il y avait une porte de chaque coté du hall et un petit escalier de métal permettait d'accéder à l'étage. L'espace était beaucoup plus grand qu'il ne laissait penser de l'extérieur, astucieux pensa t-elle. Elle fit quelques pas en avant et déposa sa valise sur la desserte pour en observer les détails, la jeune femme esquissa un sourire et pouffa.
« Toujours dans l'excès, impossible de se mettre à place du peuple. »
L'espace intérieur suintait l'architecture allemande, étonnant. Elle en avait entendu parler ; et bien que la guerre l'ai obligé à rejoindre les forces armées onze plus tôt, elle n'en avait jamais rien eu à faire du tampon nationaliste qu'il était inscrit sur un passeport : anglais, allemand ou français, peu importe, nous ne sommes que chair et os après tout. La jeune femme retira ses gants, les posa sur sa valise puis elle enleva son manteau long et noir et l'accrocha. Sa démarche était loin d'être confiante dans cet nouvel environnement, comment l'être ? Elle ouvrit la première porte sur sa gauche : elle donnait sur un petit corridor ouvert sur une petite salle rempli de chaises épurées et d'affiches médicales. La jeune femme retourna dans le couloir et avança pour ouvrir la porte du fond, et comme elle si attendait, elle y trouva son cabinet. Il était complet, il semblait exact à ses propres plans puisqu'on fond, une énième porte menait à un espace de recherches, elle remarqua les produits et les fioles sur les étagères ainsi que sa bibliothèque médical, et pensa à ce qu'elle avait laissé derrière elle et juste ce petit espace en faisait partie.
Elle essuya la larme au coin de ses yeux.
Et elle quitta la pièce, un goût amer dans la bouche.
Une fois revenu dans le hall d'entrée, elle ne prit pas la peine d'aller découvrir la pièce de vie en face de son cabinet médicale, elle était trop fatiguée pour en faire le tour. Une fois sa valise en main, elle monta à l'étage via l'escalier de métal. Un couloir ouvert sur l'escalier donnait accès à plusieurs portes, elle ouvrit la porte la plus éloignée et reconnu tout de suite sa propre chambre : des valises et des cartons étaient éparpillées partout sur le sol.
« Père, tu croyais peut-être que je ne survivrai pas sans tout ça ? Ou peut-être croyait-tu que je pourrais encore vous créer des ennuis ? Hélas.. »
Elle n'y pouvait plus rien après tout, il était temps de tout reprendre à zéro. La jeune femme ne prit pas la peine de se déshabiller, se démaquiller ou quoi que ce soit, elle tomba de fatigue sur le lit et s'endormit tout de suite, Hypnos au dessus de sa tête.
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mercury ; ᵖᵉᵃᵏʸ ᵇˡⁱⁿᵈᵉʳˢ'ᵃᵘ
Fanfiction﹥La nuit au dessus de ses épaules, elle continuait encore de travailler sur son projet. Et puis elle soupira et un instant plus tard, il la rejoint dans son habituel démarche féline, elle comprit tout de suite. Lutte des classes, lutte des pouvoirs...