Léon

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Les yeux de Léon se fermaient d'eux-mêmes. Le chevalier n'avait plus dormi depuis que Merlin était parti avec Arthur. Mais sa fatigue psychologique était bien plus grave que sa fatigue physique. Qu'importe ses muscles qui criaient de douleur, ses jambes qui étaient prêtes à céder, son estomac qui gargouillait de faim ou sa gorge aussi sèche qu'un désert. Face à la trahison d'une femme qu'il connaissait depuis l'enfance, d'une amie qui torturait le peuple qu'il avait juré de protéger, cette douleur physique ne valait rien.

Les événements des derniers jours pesaient sur ses épaules, mais il savait qu'il devrait encore attendre avant de pouvoir se reposer. Léon avait déjà failli trébucher plus d'une fois sur ses propres pieds. Heureusement Lancelot, qui était juste derrière lui, avait réussi à l'aider à rester debout. Merlin, à l'avant du cortège, le regardait d'un air inquiet et aucun de ses sourires fatigués n'arrivaient à rassurer son amant. Pas après pas, le groupe hétéroclite avançait vers un vieux château en pierre dont la cour extérieure était à moitié détruite. Ils s'étaient arrêtés un moment pour trouver des torches avant de rentrer dans la bâtisse. Ils arrivaient à en allumer trois. Arthur en avait pris une et avait laissé les deux autres à Merlin. Son compagnon en avait donné une à Elyan puis avait fait un pas en arrière pour permettre aux autres de rentrer dans le bâtiment à la suite du prince. Lorsque Léon s'approchait de la porte, le dragonnier lui tendit la dernière torche. En tendant la main pour prendre la torche, les doigts du chevalier frôlaient ceux de Merlin. Une étincelle passait entre eux, les forçant à se regarder dans les yeux. Le moment ne durait qu'un instant, mais pour eux, une véritable conversation eut lieu.

Comment vas-tu? Je survivrais et toi, es-tu blessé? Un peu, mais rien de grave. Tu m'as manqué. J'ai eu peur pour toi. Je t'aime. Moi aussi.

Légèrement rassuré, le couple se dépêchait de rattraper les autres dans le bâtiment. Ils suivaient tous Arthur le long de vieux couloirs remplis de toiles d'araignées avant d'entrer dans une grande salle. Elle semblait dans un meilleur état que les autres pièces du château.

-Êtes-vous sûr que nous serons en sécurité Sire? demanda Gaius en avançant dans la chambre.

-Ce château appartenait aux anciens rois. Il faudra nous en contenter, répondit le prince tout en balayant la pièce avec sa torche.

-Ce ne sera pas pire que notre grotte, continua Elyan.

Léon en eut un sourire au coin de la bouche. Son vieux camarade de jeux n'avait donc pas changé, toujours obligé de faire un petit commentaire.

-Voyez ce qu'on peut trouver. Fouillez les lieux, ordonna Arthur.

Léon donna sa torche à Guenièvre et fit signe aux hommes de le suivre avant de quitter la pièce. Ils se séparèrent en deux groupes pour pouvoir découvrir les lieux le plus vites possible. Le chevalier dénicha de vieilles couvertures pendant que Perceval trouvait de la nourriture séchée et des tonneaux dans une des pièces les moins humides. À deux, ils amenèrent facilement leurs trouvailles dans la pièce principale. Ils furent les premiers à revenir et déposèrent tout sur une table dans un coin. Gwen leur apporta des chopes qu'ils rincèrent avant de les remplir. Perceval en apportait une à Gaïus pendant que Léon continuait à servir.

La fatigue rattrapait le noble de plus en plus. Léon prit une chope de bière avant de s'arrêter cinq minutes pour reprendre des forces. Il était encore en train de s'appuyer sur une colonne lorsque les trois autres arrivèrent avec des armes. Se forçant, le chevalier quitta son appui pour aller vérifier l'état des épées. Il eut juste le temps de poser sa chope sur le meuble avant que l'héritier du trône ne les appelle tous à s'asseoir autour d'une table gravée. Léon se retourna et avança vers la table. Les autres marchaient plus vite que lui et atteignirent la table avant lui. Mais cela ne le dérangeait pas. Il n'était pas du genre à s'inquiéter pour de telles absurdités telles que « les nobles d'abord » ou « aux nobles les meilleures places ». Et puis, cela lui laissait une place parfaite à côté de Merlin. Lentement, Léon fit le tour de la table pour venir s'asseoir entre Merlin et Gauvain. Il profita de son passage derrière le siège de son amant pour laisser trainer sa main sur le haut du dossier et caresser la nuque de Merlin.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 13, 2019 ⏰

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