Chapitre 3

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Lynn était à la fois grisée et déçue. En effet, chaque fois qu'elle entendait un récit ou quoique ce soit sur l'objet de ses rêves, un soupçon d'espoir d'y aller s'allumait en elle, ainsi qu'une sensation très éphémère d'y être, à force de s'imaginer les lieus. Mais cette lueur s'éteignait rapidement, laissant la place à une déception qui la rongeait car elle savait qu'elle n'irait là-bas probablement jamais. Il ne fallait pas se faire d'illusions.

Ils avaient raconté que leur voilier, un grand bateau, le Tropique allait quitter le port dans 3 jours, au zénith,chargé à bloc et partir pour les Amériques en passant par Liverpool, le grand port anglais. Si seulement elle pouvait y aller...

De toute façon, quand elle les avait abordés, il lui avaient donné 2 pièces et un quignon de pain. Et c'était la seule chose qui comptait !

Lynn avait marre de cette vie de vagabondage, à errer comme une âme en peine dans les rues sales et sombre. A chaque fois que l'orpheline voulait embarquer sur un bateau en direction d'un pays étranger, elle se réfrénait d'elle-même car elle savait qu'elle n'aurait pas les moyens de partir. Et la jeune fille ne pourrait sûrement pas travailler pour payer son voyage : elle ne faisait pas parti de sexe fort.

N'empêche qu'elle avait besoin de changer d'air ...

« Changer d'air... changer de vie... manger mieux... s'habiller mieux... »
Ces mots trottaient dans sa tête depuis un bout de temps déjà, reflétant ses envies au long terme.

Elle avait toujours rêvé de faire partie de ces petites filles de la haute société, qu'elle abordait parfois dans la rue pour réclamer de quoi manger.
De ces petites filles qui changent cinq fois de tenues par jour et qui possèdent une garde-robe plus que complète composée de soires, de dentelles, de velours et d'hermine tous de haute qualité.
De ces petites filles qui se nourrissent des mets les plus raffinés au moins quatre fois par jour et qui se couchent le ventre plein.
De ces petites filles qui s'endorment sous un toit le soir et qui se réveillent le matin dans une chambre chauffée, enrobées de draps et de dentelles les plus fins les uns que les autres.
De ces petites filles qui ont toute une peloté de domestiques affairées et qui consolent le moindre de leurs caprices à leur ordre

Une chose était sûre : ça, Lynn n'y goûtera jamais ! Elle était née dans un cabanon cachée au fin fond d'une ruelle sombre. Sa mère était tombée gravement malade peu après et elle était morte alors que la petite était encore jeune. Elle n'avait hérité de sa mère que de sa haute taille fine, de ses pommettes hautes, de ses cheveux roux et de quelques habits trop grands.
Le cabanon avait été détruit après la mort de la génitrice et Lynn, n'existant pas officiellement, n'avait pas été prises en charge.

L'orpheline n'avait jamais quitté cette ville qu'elle connaissait sous tout les angles.
« Mendiante fille d'une pauvre fille... Voilà ce qui me résume. »

Lynn HelsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant